Décroissant sous le sapin. Pour en finir avec le mythe de la croissance, Noël est un bon indicateur de notre aptitude réelle à changer. Car qui est vraiment prêt à dire à ses proches le jour J : « Je ne vous ai rien acheté, car on va crever de surconsommation, et je préfère favoriser la vie » ? Combien sommes-nous à regarder en face ceux qu’on aime… sans rien leur offrir ? Combien sommes-nous à fabriquer nous-mêmes nos cadeaux ? Très peu, trop peu. (édito du Kaizen, novembre-décembre 2019)
La meilleure démarche pour un Noël sans cadeau, c’est de nier au cadeau toute valeur pour cette fête. Trop d’enfants n’ont plus accès à cette joie que procure des choses simples. Ils sont blasés devant l’excès et ont perdu la saveur de l’attente et de la patience devant la rareté. Un rituel comme celui de Noël ne devrait être là que pour nous ramener à l’essentiel, contribuer à la fraternisation et à la cohésion de nos groupes sociaux. Que dire à nos enfants ? A ma petite fille de 4 ans à qui je voulais faire prendre conscience des réalités, j’avais posé la question de l’origine des cadeaux : qui les fabriquait ? Elle me répondit du tac au tac que ce n’était pas un problème, les lutins dans le ciel s’en chargeaient… Comment faire ressentir l’exploitation des enfants dans les pays pauvres qui triment pour presque rien en fabriquant les cadeaux qui arrivent soi disant dans nos cheminées ? Que peuvent penser les enfants quand ils prendront conscience de l’énorme mensonge quand ils s’apercevront que le Père Noël n’est qu’affabulation ? Il faut dire et redire à quel point cette fête sainte est devenue un extraordinaire business. C’est important de sensiblerie les enfants à l’aspect mercantile et commercial de cet événement.
Rappelons que la nuit du 24 au 25 décembre, les parents déploient des trésors d’imagination pour faire croire aux enfants que les cadeaux tombent littéralement du ciel. La figure du Père Noël est intimement liée à la société de consommation avec la frénésie d’achat de cadeaux. On cultive la toute puissance de l’enfant qui aura l’idée de « ce que je demande, toujours je l’obtiens ». Et ensuite on se plaindra qu’ils deviennent des enfants gâtés qui réclament toujours plus de cadeaux, ne se rendent pas compte de leur valeur, manque pour finir de reconnaissance envers ceux qui leur offrent. Et si Le Père Noël devient un moyen de chantage « Sois sage, sinon le Père Noël ne passera pas », c’est aussi néfaste car l’enfant peut intégrer qu’il faut faire pour plaire, et si on ne le fais pas on n’est pas digne d’amour. Maria Montessori écrivait à propos du Père Noël : « Mais comment ce qui est le fruit de notre imagination d’adultes pourrait-elle développer l’imagination des enfants ? Nous seuls imaginons et non eux : ils croient, ils n’imaginent pas. » Il ne faut pas mentir à nos enfants et jouer avec leur crédulité. (Faire croire au Père Noël, mensonge ou magie ? in Kaizen, novembre-décembre 2019)
Rappelons aux adultes que le Père Noël est une invention récente qui apparaît seulement en 1823 dans un poème du pasteur américain Clarke Moore : un bonhomme à barbe blanche, assis dans un traîneau tiré par des rennes, apporte des cadeaux aux enfants le soir de Noël. Les couleurs rouges et blanches de son vêtement sont le fait de Coca-Cola en 1931. La marque s’est emparé d’un mythe devenu populaire et habille le vieillard à ses couleurs en le faisant boire la célèbre boisson pour qu’il reprenne des forces pendant la distribution de jouets. Ah Ah Ah, Noël glouglou !
Oui mais … comment faire ? Que dire aux enfants ? etc.
Pas besoin en effet de couvrir les enfants de jouets en plastoc pour leur montrer qu’on les aime. Et pour les grands idem, il suffit juste de leur dire. Oui mais… le dire c’est une chose, le montrer c’en est une autre. Et là encore nous retombons dans le cercle vicieux.
On le sait, Noël est devenu une débauche de consommation, le Père Noël est une ordure, on le sait mais c’est comme ça. Et puis qu’il n’y a pas que le Père Noël qui est pourri, Le Système a tout récupéré, tout pourri, ou presque. Et c’est comme ça.
Que penseront les enfants quand ils prendront conscience de l’énorme mensonge quand ils s’apercevront que le Père Noël n’est qu’affabulation ? Eh bien je pense tout simplement qu’ils prendront conscience que les adultes sont des MENTEURS !
Par conséquent, peut-on penser que ça puisse être là une bonne expérience pour eux ? Hélas même pas !
C’est Pierre Desproges qui l’a dit : «Par ailleurs, la naïveté grotesque des enfants fait peine à voir, surtout si l’on veut bien la comparer à la maturité sereine qui caractérise les adultes. Par exemple, l’enfant croit au Père Noël. L’adulte non. L’adulte ne croit pas au Père Noël. Il vote.»
En attendant… joyeux Noël à toutes et à tous.