Les manifestations de masse vont plutôt à la protection des avantages acquis, nous ne serons jamais plusieurs millions dans les rues pour exiger la sobriété partagée. La volonté de combattre le 5 décembre la énième réforme des retraites en était un exemple parmi d’autres. Les limites planétaires, on s’en fout quand on est cheminot ou enseignant, policier ou avocat, on est d’abord au service de sa propre catégorie professionnelle. La COP25, on s’en fout, mieux vaut manifester contre Macron. Pourtant le CO2 émis sur le territoire national représente 4,9 t/hab ; le dépassement est encore plus frappant quand on inclut les émissions liées aux importations, 7,9 t/hab. Pour espérer limiter le réchauffement de la planète à + 2 °C par rapport à l’ère préindustrielle, il faudrait limiter les émissions de CO2 entre 1,6 et 2,8 tonnes par an et par habitant sur la période 2018-2100. Cela veut dire en termes clairs chauffer sa maison à 17°C maximum, diviser par quatre ou cinq l’usage de la voiture individuelle, ne jamais faire du tourisme par avion interposé, ne manger de la viande rouge qu’une fois pas semaine, ne plus se nourrir avec des préparations industrielles, etc. Nos émissions de gaz à effet de serre se trouvent en effet à la maison, dans nos déplacements et même dans notre assiette. Des études de plus en plus nombreuses constatent que nous sommes dans le rouge et que nos générations futures n’auront que des miettes au milieu de nos poubelles, y compris nucléaires. L’artificialisation des sols ne cesse jamais. Nos eaux souterraines sont infiltrées par des nitrates, des pesticides et des médicaments. Mais on aime manifester contre l’inéluctable réforme des retraites. Que dire de plus ?
Neuf limites planétaires et la France n’est pas la dernière pour les franchir. Pour la première fois un rapport officiel du ministère de la transition écologique l’affirme, mais qui va lire les 220 pages du rapport ? Qui va changer son mode de vie et faire preuve de sobriété ? Pourtant l’urgence est là, et pas seulement climatique. Une équipe de chercheurs internationaux avait forgé en 2009 cette notion de « limite planétaire ». Leurs travaux identifiaient les seuils-limite à ne pas franchir pour éviter que « le système-Terre ne bascule dans un état bien défavorable au développement des sociétés humaines ». En 2015 la même équipe identifiait quatre limites déjà franchies ou en cours de dépassement.
– Sur le front du climat, les auteurs estiment que la concentration atmosphérique de dioxyde de carbone (CO2) ne doit pas dépasser une valeur située quelque part entre 350 parties par million (ppm) et 450 ppm. La teneur moyenne actuelle est d’environ 400 ppm, soit au beau milieu de la ligne rouge. L’objectif des deux degrés de réchauffement, fixé par la communauté internationale comme limite à ne pas dépasser, représenterait déjà des risques significatifs pour les sociétés humaines partout sur Terre.
– La diversité du vivant pourrait s’éroder à un rythme de 10 espèces par an sur un capital d’un million sans impacts majeurs pour les société humaines. Cette limite est largement dépassée par le taux d’érosion actuel, 10 à 100 fois supérieur.
– Le changement rapide d’usage des sols est, lui aussi, globalement hors limite. Les chercheurs estiment ainsi qu’il faudrait conserver 75 % de couvert forestier dans les zones auparavant forestières ; au niveau mondial, le taux moyen actuel est estimé à tout juste un peu plus de 60 %.
– La quatrième limite franchie est la perturbation des cycles de l’azote et du phosphore qui assurent la fertilité des sols agricoles. Ces perturbations sont principalement causées par l’utilisation excessive d’engrais et la mauvaise gestion des effluents des exploitations animales. Les phosphates naturels, qui servent à produire les engrais phosphatés, ont été recensés en 2014 par la Commission européenne comme faisant partie des 20 matières premières critiques, et c’est la seule qui concerne directement les questions de sécurité alimentaire.
Manifester aujourd’hui, c’est tenter de protéger bien plus que des « avantages acquis ».
C’est protester contre la privatisation des services publics, la rentabilisation de l’existence, la fascisation de la politique, la dérèglementation du commerce, la dégradation de l’environnement et des modes de vie, la crétinisation lente des esprits (Black Frid…)
Je comprends que certains préféreraient que les Français soient, au moins, aussi mobilisés pour sauver le climat qu’ils le sont pour sauver leur système de retraite. Toutefois, ce n’est pas parce qu’on défend le système de retraite, qu’on combat les injustices et les inégalités sociales etc. qu’on se fout des limites planétaires et patati et patata. Quant à la COP25, ça par contre c’est vrai, tout le monde s’en fout du Barnum 25, même Macron. Alors un minimum de sérieux, SVP !
Quand on n’a pas de problèmes de fins de mois on est théoriquement mieux disposé pour se préoccuper de la fin du monde. Sauf que, ne pas avoir de problèmes de fins de mois et défiler-signer-chanter-blablater-déconner pour «sauver » la planète ne veut pas dire qu’on se soucie sérieusement du Problème.
La planète chauffe et pas seulement à cause du CO2 dans l’atmosphère. Ça chauffe du Chili au Liban en passant par Hong Kong, l’Irak, la Bolivie, le Venezuela etc. Faisons au moins l’effort d’écouter et d’essayer de comprendre ces colères et ces révoltes.
« L’effondrement a commencé. Il est politique » (article de l’anthropologue Alain Bertho).
Le jour où les terriens étoufferont de chaleur avec de l’eau jusqu’au cou, il y a belle lurette que leur civilisation aura disparue. Et dans mille ou dix milles ans, les historiens, les anthropologues et autres penseurs, s’il y en a encore, passeront leur temps à essayer de voir La Cause de l’effondrement de cette civilisation. Les uns soutiendront que c’est le trop nombreux, les autres que c’est le trop gourmand, d’autres la fatigue etc. etc. Et parions qu’ils se boufferont le nez juste pour passer le temps.
En attendant, là encore il faut être dans le déni pour refuser d’admettre que tant que les êtres humains (le social) seront autant méprisés partout dans le monde, nous ne pourrons jamais aborder sérieusement les problèmes environnementaux.
Et bien non, Les limites planétaires, la COP 25 on ne s’en fout pas quand on est enseignant !! Il ne faut pas généraliser !! Je n’ai pas manifesté contre Macron en exigeant de garder les avantages de « ma propre catégorie sociale » … Et nous sommes quand même de nombreux enseignants à ne pas avoir rejoint le mouvement et à avoir conscience d’aller dans le mur !
D’ accord pour une sobriété accrue mais aussi pour la limitation de la population en France
en augmentation constante par le fait d’ une immigration (il)légale délirante encouragée par les immigrationnistes libertariens ou gauchistes en vue de servir en futurs consommateurs voraces leurs maîtres oligarchiques .
Un chiffre de 15 à 20 millions d’ habitants maximum me semblerait raisonnable .
Déjà je doute que ce soit la raison qui aboutisse à ces chiffres de 15 ou 20 millions, je crois plutôt qu’il faut chercher ailleurs la source d’autant de fantaisie (en restant gentil). En attendant une chose est certaine, cela nous ferait donc quelques 45 à 50 millions de français en trop. Eh ben, ça nous en fait du monde !
Bien sûr, il n’y aurait pas seulement ces gens venus d’ailleurs qui seraient en trop, j’imagine qu’il faudrait aussi éliminer les gauchos, les écolos radicaux, les bobos, les aristos, les intellos, les oligos et Jean Passe, afin d’arriver au compte bon. Et encore je ne suis pas certain qu’on y arriverait, mais admettons. Ainsi la population française reviendrait à ce qu’elle était au Moyen-Age, c’est à dire l’idéal, le top !
Bien sûr le top ce n’est pas de vivre comme au Moyen-Age, le top c’est de continuer à vivre comme on vit aujourd’hui, en bon petit-bourgeois. Et surtout entre-soi.