Un jour de réveillon en 2050, la galère

En ce jour de réveillon de 2050, Léa confectionne un repas 100 % local, ce qui réduit considérablement la variété des mets possibles. Elle se souvient comme d’un rêve des papayes que ses parents lui achetaient à la fin du XXe siècle, sans se soucier du fait qu’il avait fallu dépenser pour cela plusieurs litres de pétrole. De toute façon elle est bien seule, il ne lui reste plus qu’un dernier descendant. Ses deux autres petits-enfants sont décédés il y a trois ans, ils ont succombé à l’une de ces nouvelles maladies à côté desquelles l’épidémie de grippe aviaire, qui avait frappé la France en 2010, n’avait été qu’une discrète entrée en matière. Ils avaient été victimes d’un virus apparu en Sibérie du Nord, là où le permafrost a cédé la place à des marais à partir de l’année 2025. Léa a renoncé depuis longtemps à l’idée d’acheter une automobile ; en 2035, l’Union européenne avait réservé l’usage des biocarburants aux véhicules utilitaires. Même l’utilisation du charbon liquéfié a été proscrite car les sols et surtout les océans qui séquestraient le carbone depuis toujours, ne jouaient plus leur rôle, renforçant ainsi très brutalement l’effet de serre anthropique et les dérèglements du climat. Cet été, Léa avait appris par une amie que le thermomètre était monté jusqu’à 45°C à Caen. Maintenant des millions de personnes sont au chômage. Le gouvernement français vient d’interdire toute manifestation et même les rassemblements de protestation. Le ministre de l’Intérieur vient de prendre un de ces décrets maudits, c’est l’armée qui réprimera d’éventuels troubles de l’ordre public.

Deux caractéristiques du changement en cours rendent plus difficiles notre perception du phénomène et notre aptitude à agir : l’inertie et l’irréversibilité. L’inertie renvoie au temps long de réponse de la biosphère aux dégradations que nous lui infligeons. Une fois que nous aurons réchauffé les océans, ce réchauffement perdurera durant des millénaires, et nous n’aurons aucun moyen de les refroidir ; c’est l’irréversibilité. Nous nourrissons de grandes illusions quant à la résistance de nos sociétés. En effet, la sophistication des technologies modernes a deux conséquences : une intensification de la division sociale du travail ; des infrastructures et des équipements de plus en plus nombreux et coûteux. L’une comme l’autre ont accru la vulnérabilité de nos sociétés. Au XIVe siècle, la peste noire avait emporté un Européen sur deux sans entraîner un effondrement total. Les trois quarts de la population se composaient en effet de paysans qui, pour la plupart, se nourrissaient eux-mêmes. Qui en revanche nous nourrirait si la moitié des quelques centaines de milliers d’agriculteurs qui nous alimentent venaient à disparaître ? Quelle entreprise résisterait à la disparition d’un salarié sur deux ? Quelle société contemporaine pourrait faire face aux coûts financiers induits par des ouragans, des sécheresses et des inondations extrêmes à répétition ? (Extraits du livre « Le développement durable, maintenant ou jamais » de D.Bourg et G.Rayssac)

La Biosphère vous souhaite un bon réveillon 2019, coloré de sobriété joyeuse.

7 réflexions sur “Un jour de réveillon en 2050, la galère”

  1. Bon aujourd’hui je ne participe pas au débat, je veux juste BONNE ANNEE à vous tous
    BGA80, Biosphère, Marcel, Michel C avec qui j’ai plaisir à échanger sur ce site, qui finalement, parle de l’essentiel

  2. Quand je lis ça sur l’article «  »Même l’utilisation du charbon liquéfié a été proscrite car les sols et surtout les océans qui séquestraient le carbone depuis toujours, ne jouaient plus leur rôle, renforçant ainsi très brutalement l’effet de serre anthropique et les dérèglements du climat. «  »
    Et ben je peux vous dire que ça rêve beaucoup trop sur Biosphère ! Un article publié il y a deux jours, intitulé «  »2020 sera l’année des énergies fossiles » » sur le site : letemps.ch

    L’article poursuit : «  »Jamais le monde ne brûlera autant de pétrole, de gaz et de charbon que l’an prochain. En dépit du fait que les émissions de gaz à effet de serre de ces trois combustibles sont particulièrement néfastes pour l’environnement «  »

    D’ailleurs on apprend qu’actuelle on brûle 60% de charbon de plus que l’année 2002 !!! Alors oui le charbon est en croissance de consommation ! MAIS ce n’est pas tout, un autre article nous apprend que l’Allemagne va mettre en service une toute nouvelle centrale à charbon pour 2020 !!! La messe est dite ! Voir sur Bfm Tv intitulé «  »L’Allemagne mettra en service une toute nouvelle centrale à charbon en 2020 «  »

    Alors le charbon proscrit ? Avec cette Allemagne et son armée d’Excavateur pour trucider l’environnement !

    Ce système délirant ira jusqu’au bout de sa logique, ils iront racler, tel un cuisinier avec une maryse, le fond de la terre s’il le faut pour aller chercher la dernière goutte de pétrole ou granulé de charbon, tout ira dans l’atmosphère, absolument tout ! Sur ce site, on se fatigue à rien avec toutes nos incantations, la majorité de la population à commencer par nos dirigeants et industriels, n’en ont rien à péter de l’environnement !

    Donc, si changement climatique il doit y avoir, et peu importe son ampleur et sa gravité, et ben on ne pourra pas l’empêcher ! Il ne nous restera plus qu’à nous adapter à vivre en milieu hostile et puis c’est tout ! Il faut être lucide, lutter contre la dégradation de l’environnement impliquerait de se radicaliser, que la majorité de la population se radicalise, mais il n’y aura jamais de majorité… et si une minorité agit et ben elle finira comme Theodore John Kaczynski…. Fin de l’histoire !

    1. Michel C, l’actualité chaque semaine confirme notre analyse commune, nous allons au désastre en toute conscience, à désespérer de l’intelligence humaine. Exemple : Des feux sans précédent ravagent l’Australie depuis septembre mais depuis le 23 décembre, une hausse des températures et des vents forts les ont attisés. En Australie-Méridionale, le 19, le thermomètre a flirté avec les 50 °C à Nullarbor et dépassé les 48 °C à Port Augusta. Sur l’ensemble du pays, plus de 5 millions d’hectares ont brûlé. De plus en plus de voix s’élèvent pour appeler l’Etat à adopter une politique climatique afin que l’Australie – l’un des pires pollueurs au monde per capita – puisse, au minimum, honorer le modeste engagement pris lors de la COP21 : réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 26 % à 28 % en 2030 par rapport à 2005.
      Mais le premier ministre Scott Morrison, qui offre régulièrement ses « pensées et prières » aux victimes, se pose avant tout en défenseur de l’industrie minière. En avril, il a même approuvé un projet de mine géante de charbon à proximité de la Grande Barrière de corail. Malgré les incendies, il a réaffirmé qu’« il serait irresponsable » de tourner le dos à l’industrie du charbon.
      Nous n’avons pas la même conception de l’irresponsabilité, mais peut-on raisonner avec un climato-sceptique qui a le pouvoir qu’on lui a donné ?

    2. Cette fois je suis assez d’accord avec vous. Sauf que là, ce n’est pas Biosphère qui «rêve beaucoup trop» mais D.Bourg et G.Rayssac. Ceci dit cette histoire reste une fiction, autrement dit un scénario parmi tant d’autres de ce que sera le monde en 2050.
      Mais en attendant, la croissance va en effet se poursuivre. Et non seulement du fait que nous sommes de plus en plus nombreux, mais parce que nous ne savons pas dire «assez». Au contraire nous avons «besoin» de toujours plus. Ce sera donc toujours plus de charbon, mais aussi de pétrole, de gaz, d’uranium, de terres dites rares etc. etc. Les émissions de GES vont dont continuer à croître, la Terre va continuer à chauffer etc. Quant à dire jusqu’à quand, il suffit de regarder les réserves.
      Et 2050 c’est demain. Jusque là on peut donc imaginer que le monde va continuer à tourner, à «peu de choses près» comme il tourne actuellement. Avec bien sûr toujours plus de cafouillages, de ratés, de pannes, de conflits, de désastres etc. Et bien sûr ce ne sont pas les marches gentilles, les pétitions à la con, les appels, les Greta et autres comédiens et figurants du Grand Barnum qui changeront quoi que ce soit.
      Et puis un jour, finalement très proche à l’échelle d’une civilisation, la machine s’arrêtera. Faute de carburant ou faute de bras motivés pour alimenter et réparer la chaudière, peu importe, elle s’arrêtera. Et là en effet, et quelle que soit la situation, la priorité des priorités sera de maintenir un minimum d’ordre. Dans l’intérêt évidemment des dominants. De ce côté là, ce sera finalement comme d’habitude.
      Sauf que ces dominants ne règneront pas forcément comme aujourd’hui sur la totalité la planète, ils se contenteront peut-être d’une île relativement préservée. Mais comme d’habitude ils auront de «bons» gros toutous bien nourris, qui veilleront sur eux. Et ailleurs ce sera là encore, la loi du plus fort.

      1. Bah tu sais Macron n’a pas d’enfant, donc il n’en a rien à cirer de l’environnement dans l’avenir, il veut s’enrichir et se goinfrer, alors pour en revenir à ton histoire d’île pour les riches, ben Macron retournera en Guadeloupe avec un yacht pour poursuivre sa fête du slip…

        1. La Guadeloupe c’est sympa mais géographiquement cette île n’est pas assez isolée. Et puis elle est bien trop près des US, autrement dit de ses centrales nucléaires. Je pense que lorsque le parc nucléaire mondial sera en ruines et/ou à l’abandon, il vaudra mieux se tenir le plus loin possible d’un de ses sites (je vous laisse jeter un œil à la carte du monde des réacteurs nucléaires).
          Je verrais plutôt l’Australie, certes il peut y faire chaud mais en tous cas il y a de la place. Sinon pas très loin il y a la Nouvelle-Zélande qui a l’air encore plus sympa. Tellement sympa que bon nombre de milliardaires lorgnent justement de ce côté là (là aussi, je vous laisse vérifier). Marrant, non ?

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