Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne : « Pouvons-nous, êtres humains, continuer à vivre bien et en toute sécurité sur cette planète ? L’humanité est confrontée à une menace existentielle dont tout le monde commence à voir les effets. Les forêts brûlent, les déserts progressent, l’élévation du niveau de la mer menace des villes… Avec ce pacte vert européen, nous voulons investir dans les énergies propres … De nombreuses entreprises européennes développent des technologies propres… En mars 2020, nous proposerons la toute première loi européenne sur le climat… » Une propreté qui s’apparente à du greenwashing (écoblanchiment) !
Côme Billard et Christian de Perthuis, économistes : « Sept degrés de réchauffement global à la fin du siècle : c’est, dans le pire scénario, ce qu’indiquent les premières simulations des modèles climatiques français dans le cadre de la préparation du prochain rapport d’évaluation du GIEC. A quoi ressemblerait un monde à + 7 °C ? Difficile à anticiper. Ce qui est sûr, c’est qu’il deviendrait vite invivable. La solution ne viendra pas de l’épuisement de réserves géologiques, bien trop abondantes pour que l’on puisse stabiliser le stock de CO2. Les prélèvements ou dégradation du stock de capital renouvelable ne doivent pas dépasser certaines frontières au-delà desquelles le capital renouvelable deviendrait non renouvelable, entraînant un effondrement de la ressource. La croissance économique de demain doit donc se construire par l’intermédiaire d’une régulation réfléchie de l’accès au capital naturel d’aujourd’hui. Si les dégâts anthropiques sur le capital naturel étaient intégrés dans le calcul des richesses nationales, le niveau de gaz à effet de serre ne serait pas celui que nous connaissons. Nous devons donc imputer la dégradation de la richesse potentielle produite par ce capital dans les coûts de nos économies. » Le mot est dit, « croissance », SI on trouve un jour qqch pour rendre cette croissance durable… Les économistes qui ne sont pas écologistes sont des rigolos, sinon ils parleraient de décroissance !
Karl Eychenne, analyste financier : « Notre modèle de croissance doit connaître une mutation profonde. L’équation de Kaya décompose les émissions en CO2 en produit de quatre composantes : le PIB par habitant ; la population ; l’intensité énergétique (l’énergie consommée pour produire une unité de ce PIB) ; le mix énergétique (la part respective des énergies émettrices et non émettrices). Nous ne pouvons pas trop compter sur les deux premiers pour réduire les émissions, ils font preuve d’une trop grande inertie pour qu’ils soient réduits suffisamment à l’horizon requis. Quant à l’intensité énergétique, elle a commencé à ralentir à un rythme bien trop faible pour assurer une réduction suffisante des gaz à effets de serre aux horizons requis. Tout le travail devra donc être fait par le mix énergétique, qui devra être de plus en plus propre : la viabilité d’un tel scénario dépendra à la fois des progrès techniques et de la volonté des Etats d’imposer des règles plus contraignantes, par exemple la taxe carbone. » Il ne faut donc rien faire pour une décroissance du niveau de vie et de la fécondité, on trouvera bien qqch au niveau technique et au niveau acceptabilité de la taxe carbone, faut bien rêver !
Bruno Roche, économiste : « L’entreprise ne doit plus se focaliser, de manière exclusive et dans une optique de court terme, sur la seule rémunération du capital financier. Une nouvelle école de pensée replace la finance au service de l’entreprise, l’entreprise au service de l’économie, et l’économie au service de la société et de l’environnement. » Enfin on reconnaît (presque) que les finances doivent être soumises aux réalité économiques et que l’économique est au service du social. Il reste à montrer que le social est déterminé par l’état de nos ressources naturelles ! Difficile d’aller jusque là, car il ne faudrait plus parler de croissance économique ni de profit privé, ni même de retraite avantageuse…
Source, LE MONDE du 12 décembre 2019, COP25 à Madrid : « Notre modèle de croissance doit connaître une mutation profonde »
Il n’y a pas de réveil du côté de nos élites, qui d’ailleurs n’en ont que le nom. Elles sont tout simplement comme la majorité des pékins-moyens et autres petits-bourgeois, elles roupillent.
Et les roupilleurs rêvent. Quand leur sommeil n’est pas trop perturbé par les tracas courants de la vie (douleurs, maladie, chagrin…), quand il ne l’est pas non plus pour d’autres raisons (la vilaine rayure sur la sacro-Bagnole, la côte de popularité qui dégringole…), ils rêvent de leur prochain SUV, de leur prochain voyage, de leur future promotion, certains rêvent de présidence. Tous rêvent de gloire, de réussite, d’éternité, de toujours plus, d’innovations (à la con), de voitures et d’avions propres, de pompes à CO2 et de Cosmogol 999 etc. etc. Bien évidemment tout ce « joli » monde en est encore à croire au dieu Progrès, ainsi qu’au dieu des dieux, le Dieu Pognon.
Et en marge, comme toujours, nous trouvons toutes sortes de gens qui ne rêvent pas pareil. Et que la bien-pensance qualifie de tous les noms : rabat-joie, pessimiste, catastrophiste, utopiste, doux-rêveur… quand ce n’est pas terroriste.