Si la conscience environnementale progresse, la pression financière reste pour l’instant un facteur déterminant*. La Commission de régulation de l’énergie (CRE) a approuvé la hausse des tarifs du gaz naturel de 5,2 % en moyenne au 1er avril, ce qui porte l’augmentation des prix à 21 % sur un an**. Parfait ! Puisque les politiques et les citoyens ont refusé la taxe carbone, autant que les prix des ressources fossiles en voie de disparition puissent augmenter. Faisons payer toutes les ressources rares, « la consommation d’eau diminuant d’environ 20 % lorsque la facture dépend du volume consommé »*. Vive la sobriété forcée !
Mais ce n’est qu’une petite partie de l’enjeu socio-économique, encore faut-il une acceptation sociale de la sobriété : « 44 % des clients dans un hôtel acceptent de garder leur serviette de toilette pendant plusieurs jours quand l’incitation précisait que 75 % des personnes ayant déjà occupé la chambre avaient adopté ce comportement »*. L’information mentionnant le comportement d’autrui est une norme sociale bien plus efficace que les appels traditionnels à la préservation de l’environnement. Il s’agit de faire jouer l’interaction spéculaire, tu fais parce que je fais ainsi parce que nous devrions tous faire de même. Cette explication sociologique nous permet d’enterrer le vieux débat épistémologique sur l’antériorité de l’individu ou de la société. L’un et l’autre se renforcent mutuellement car je me représente la manière dont les autres se représentent les choses et moi-même. « Je donne le bon exemple » est un message positif. Encore faut-il qu’il y ait égalisation des revenus car les plus riches qui n’ont pas à se priver donnent un détestable exemple.
Pour faire passer la purge des économies d’énergie, non seulement les politiques devraient-ils imposer un revenu maximum admissible (3 fois le salaire minimum par exemple), mais ils devraient rendre obligatoire la lecture à l’école de livres comme No Impact man. On ne peut mesurer influence chacun de nous est susceptible d’exercer sur les autres. On ne sait jamais quand s’amorce une réaction en chaîne. Mais n’oublions pas que notre société n’est que la somme de toutes nos actions individuelles de producteurs, de clients, d’amis, de parents. Cessons d’attendre que le système change. L’action qui déclenche l’effet domino a besoin que chacun de nous commence à pratique la sobriété volontaire pour que la réaction en chaîne se produise.
* LeMonde du 30 mars 2011, Environnement : changer les comportements a un prix (Rémi Barroux)
** LEMONDE.FR avec AFP | 28.03.11 | Nouvelle hausse du prix du gaz
Je viens de découvrir votre blogue. Je sens sens qu’il va me plaire. C’est le pic pétrolier qui m’y a conduit. Aussi, j’y découvre des grands noms comme Kaczinski et d’autres défenseur de l’écologie radicale…
Mon autre blog est « Journal d’un végétarien ».
Bon vent! 😀
Sur la hausse des tarifs du gaz, un communiqué de Martine Aubry (28 mars 2011) : « La décision d’augmenter les prix du gaz est incompréhensible économiquement et inacceptable socialement… Le Parti Socialiste demande l’annulation de cette hausse. »
– Le PS n’a pas compris que si les cours mondiaux du gaz se sont littéralement effondrés depuis 2008, c’est à cause des gaz de schistes en Amérique du Nord. Or par un communiqué de presse du bureau national (29 mars 2011), le Parti socialiste « demande l’interdiction de l’exploration et de l’exploitation des gaz de schiste » !
– Le PS n’a pas compris que la hausse doit peser inéluctablement sur la vie quotidienne des millions de Français. C’est la seule manière de sortir d’un civilisation des énergies fossiles qui n’a plus lieu d’être. Les modes actuels de production et de consommation nous mènent droit dans le mur.