Un article dithyrambique, « Au cœur du chantier ITER, qui va tenter de maîtriser la fusion nucléaire à l’œuvre dans les étoiles ». LE MONDE du 2 juillet verse dans la technolâtrie : « L’aimant supraconducteur circulaire dit « de champ poloïdal », en provenance de Chine, de 10 m de diamètre et d’une masse de 400 tonne, arrive à Cadarache… Le coût total de ce projet international est estimé à 18 milliards d’euros… L’enjeu d’ITER (acronyme anglais de Réacteur thermonucléaire expérimental international et qui signifie « le chemin » en latin) : « Démontrer, dans la machine expérimentale que nous fabriquons, notre capacité scientifique et technologique à maîtriser la fusion des noyaux d’hydrogène, la même qui est à l’œuvre dans le Soleil et les étoiles. »… Température du plasma : 150 millions de °C, soit dix fois plus qu’au centre du Soleil… Les aimants supraconducteurs devront être refroidis à la température proche du vide interstellaire, soit – 269 °C… Un gramme d’hydrogène libère autant d’énergie que huit tonnes de pétrole… Pas de risque d’accident majeur, pas de déchets de haute activité à vie longue.. Ce serait une source d’énergie non carbonée et respectueuse de l’environnement… Dans le contexte de réchauffement climatique, de demande énergétique croissante et de recours de moins en moins viable aux ressources fossiles, la maîtrise de l’énergie des étoiles serait une très bonne nouvelle pour le devenir de la planète et de ses habitants. »
Les commentaires sur lemonde.fr ne font pas dans la dentelle :
VincentB : Très beau publi-reportage. Mais j’ai lu des articles bien moins élogieux sur ITER. Désengagements financiers qui conduisent à un allongement des délais de construction, choix d’autres pistes technologiques aux Etats-Unis… Cela fait des décennies que les promesses de la fusion sont reportées à la prochaine génération. La question est de savoir si la terre aura pris feu avant la production du premier kwh « fusionné ».
Archisauvage : Il est dommage que cet article du MONDE ne donne la parole aux nombreux scientifiques qui considèrent que cette voie est une impasse. Contrairement à ce qui est avancé, cette technologie n’est pas dans danger quand on sait que 2 kg de tritium vont être utilisés. Les dizaines de milliards injectés dans ce laboratoire (ITER ne produira jamais d’électricité) pourraient être mis à profit pour d’autres types de recherche, notamment en vue du stockage de l’électricité renouvelable.
Toto le Rigolo : C’est formidable, le génie humain n’a pas de limites ! Merci à tous ces scientifiques qui travaillent pour le bien de l’humanité
Piérick : Euh… On fait comment pour neutraliser les flux de… neutrons ?! Et, aussi, on fait comment avec la fameuse instabilité MHD de Velikov… ?! Pour info, aucun prototype en amont n’a été en mesure de résoudre ces deux « problèmes » cruciaux…
Invisio : Toujours plus gros, toujours plus cher, toujours plus compliqués, toujours plus longs à construirs. Générations après générations, les takomaks ont vu leur coût décupler, aujourd’hui il faut 35 pays très riches pour en financer un seul, et 25 ans pour le construire. Sachant qu’il ne seront opérationnels que dans minimum 2 générations, comment pourra t’on en construire un peu partout dans le monde pour répondre à la demande énergétique? C’est une très belle machine pour la recherche, mais l’équation de rentabilité semble impossible à résoudre.
Corentin : Sinon il y a un truc qui fait la même chose mais avec de quoi fournir en une heure de temps la puissance nécessaire à alimenter toute la planète pour une année, le tout sans aucun risque ni matériaux contaminés et pour un prix bien moins élevé : le soleil 🙂
Petit Pierre : La maîtrise de la fusion nucléaire de l’hydrogène pose des problèmes techniques considérables, résistance des matériaux, extraction de l’énergie etc.. L’ancien directeur d’ITER montrait l’évolution du projet jusqu’en 2100.. où peut-être on pourra avoir une production d’énergie supérieure à l’énergie que l’on met dans le tokamak pour qu’il fonctionne. Entre temps le réchauffement climatique aura fait son chemin, et ITER sera toujours un projet d’avenir, alors que l’énergie solaire qui vient de la fusion nucléaire du soleil est déjà là, disponible.
Tartifliste : Peut être est-ce séduisant pour la planète de générer de l’énergie en quantité, sans risque et sans pollution… Sauf que si la technologie tient ses promesses et est économiquement viable et concurrentielle, alors on produira plus d’énergie, donc on consommera plus d’énergie… pour faire des tas de choses qui n’iront probablement pas améliorer le triste sort de la planète !
Michel SOURROUILLE : On oublie trop souvent de dire que la vocation d’ITER n’est pas de produire de l’électricité, mais d’établir la faisabilité scientifique et technique de la fusion thermonucléaire. C’est un message biblique, demain le paradis sera notre destin. La technoscience et ses technophiles veulent nous faire croire qu’il n’y a pas d’inquiétude à avoir, après-demain l’innovation trouvera la pierre philosophale : la preuve, elle cherche ! Entre 2025 et 2035 pourrait être construit un prototype électrogène. Et ce n’est pas avant 2050, avec la première génération de réacteurs industriels qui n’est encore qu’une promesse, que l’on saura si le rêve n’était pas un cauchemar !! La Biosphère n’a pas besoin qu’on tripatouille ses atomes. L’espèce homo sapiens (homo demens) ferait mieux de lancer une grande campagne de méditation sur la vanité de la société thermo-industrielle.
Nos articles antérieurs sur ce blog biosphere :
2 mai 2007, la technique est le problème, pas la solution
4 mai 2016, ITER, Sarkozy ne sait même pas ce que c’est
17 mars 2019, Nucléaire, des risques sans alternative nucléaire
Oui on a du mal à imaginer un symbole plus parfait de l’Ubris
Puissance, complexité, magie d’un pouvoir absolu, haute technologie : tout y est.
Tout sauf bien sûr que ça ne marche pas, qu’on ne sait pas entretenir la réaction et qu’on ne saurait pas en extraire l’énergie si jamais on savait entretenir la réaction.
Sauf aussi, et c’est la limite ultime, que si l’humanité avait à sa disposition une source parfaite (illimité peu polluante, sans déchet etc…) alors s’en serait fini de la nature nous coloniserions tout. Encore une fois les inconvénients (même la pollution) sont peut-être ce qui protège le monde.
Laissons la fusion aux étoiles pas de pb de radioactivité (il n’y a personne, pas de nécessité de transformation en électricité et Newton se charge du confinement par gravité !
En complément ce que disait la revue « Pour la science » en 2010, les données n’ont pas vraiment changé :
http://economiedurable.over-blog.com/article-revue-de-presse-de-juin-2010-la-fusion-nucleaire-51400046.html
@ Didier Barthes
Et encore, ton article n’est qu’un bref résumé, bien d’autres problèmes sur Iter, notamment les disruptions qui ne sont pas évoquées dans l’article.
Voir les 5 vidéos de Jean Pierre Petit sur Youtube intitulées « Iter mythes et réalités ».
Tout est détaillé sur ce monstre…
En plus d’être un symbole de la religion du Progrès (qui progresse pour des siècles et des siècles amen), ITER est aussi le symbole d’un super fiasco. Son coût est maintenant évalué à 20 milliards d’euros, soit 4 fois le montant initial.
20 milliards ça va ça vient, c’est ce qu’on vient de mettre dans le sauvetage des grandes entreprises «stratégiques», comme Air France ou Renault. Avec 20 milliards d’euros on pourrait aussi démanteler une vingtaine de réacteurs nucléaires. Même si les milliards coulent à flot je pense qu’on ferait bien d’arrêter de les balancer par les fenêtres. On ferait mieux d’économiser et de profiter du calme avant la Tempête pour démanteler toutes ces merdes, ITER avec. En attendant on verra bien combien coûtera le démantèlement de celle de Fessenheim. Et combien ça prendra de temps, si on y arrive…
Une fois de plus, si nous n’ étions pas aussi nombreux et voraces en énergie, nous n’ aurions pas besoin de cette course folle à la technocul la plus performante .
Homo demens , comme l’ appelle Michel Sourrouille , a encore frappé mais avec Iter , la messe pourrait être rapidement dite vu l’ extrême difficulté de la maîtrise de la fusion nucléaire ===> ITER MISSA EST !😃
La cause de cette Course Folle, ici dans le domaine de l’énergie, n’est pas notre nombre. Rien à voir ! La cause c’est cette foi dans la Science (Progrès), autrement dit le scientisme. Une croyance d’ordre religieux (qui n’a donc rien de rationnel) qui pousse d’autres professeurs Foldingue à croire qu’un jour l’homme pourra dépasser la vitesse de la lumière, ou vaincre la mort.
Je ne crois pas que la panne soit le problème, parce qu’il y aura assez de réacteurs dans toute l’Europe pour faire des échanges d’électricité. Mais la technologie du plasma semble très complexe à maîtriser, quand au flux de neutrons, je ne sais pas…
Ce qui m’étonne, c’est la faiblesse des investissements : 20 milliards € en 20 ans, par toute l’Europe. 1 milliard par an ! Petit rappel, les énergies fossiles génèrent 7 milliards de $ PAR JOUR (100 millions de barils de pétrole à 40 $ = 4 milliards, plus 1 milliard de charbon et 2 milliards de gaz). Alors je crois qu’on se fout de nous… Visiblement, ils ne VEULENT PAS que le projet aboutisse, sinon ils investiraient 10 fois plus
La panne pas un problème ? Lol ! Déjà une seule machine dévore en ressources humaines les ingénieurs de plusieurs dizaines de pays ! Et encore là c’est en laboratoire, mais une machine se doit de fonctionner 24/24 h sur 365/365 jours, autrement les 3×8 = 24 h, bref de base 3 fois plus de personnel pour assurer 1 jour de fonctionnement, et si on prend en considération les congés payés, les jours de repos, les 35 h, les arrêts maladie, ben il faut 5 individus minimum pour occuper 1 seul poste ! Et ça pour chaque maillon du personnel. Alors quand on sait qu’il n’existe aucun ingénieur qui connaisse entièrement ma machine, car le temps de comprendre ne serait ce le quart de la machine ça prend toute une vie, et que le temps de former un ingénieur il est presque déjà arrivé à l’âge de retraite (des ingénieurs du projet sont déjà mort de vieillesse)… Alors il n’y aura jamais assez de cerveaux pour s’occuper de plusieurs machines Iter
Moi non plus je ne crois pas que la panne soit le problème. D’abord il faudrait que ça fonctionne. En attendant ITER est un prototype, il est donc normal qu’il soit un gouffre en terme de temps. Crois-tu que chaque ingénieur qui bosse sur une centrale nucléaire, ou sur une quelconque usine à gaz connaisse entièrement la machine ?
Mais bon, comme tu as décidé que le problème d’ITER c’était l’impossibilité de le réparer vu qu’elle est «trop grosse pour être durable» (elle est bien bonne celle-là !) tu peux donc continuer à le penser, ça ne changera rien à rien.
PS : Au lieu d’en rajouter ici met plutôt tes lumières au service des ingénieurs d’ITER, qui galèrent un max, les pauvres. Propose leur d’en faire un plus petit et plus léger, plus durable quoi. 🙂 🙂 🙂
Si la réparation sera un problème, ce n’est pas comme changer un fusible à la maison. Sache que les pièces sont fabriquées aux 4 coins du monde, il faut plusieurs années pour fabriquer 1 pièce, et voir plusieurs mois pour la transporter d’Asie jusqu’en France. En outre, ces pièces sont sur mesure et il est déjà arrivé que des pièces aient été ratées sur Iter juste pour 1 millimètre (de trop ou de moins), et il a fallu refaire la pièce et attendre 3 ans supplémentaire.. Ce n’est pas de l’imagination, ça s’est réellement produit sur ce projet. Et regarde le chantier, et le nombre de grues et autres engins de levage pour déplacer et placer une pièce en vidéo… Je le redis, ce n’est pas comme changé un fusible en 30 secondes à la maison… Alors si suite à une panne il y a une pièce à changer, c’est le caca, car on ne saura qu’à la dernière minute si la pièce est réussie ou non !
@ JEAN RC : 20 milliards € certes ça ne pèse pas lourd (je le disais précédemment). Mais je ne crois pas qu’en y mettant 10 ou 100 fois plus, ça marcherait pour autant. Le Pognon ne peut pas tout, par exemple il ne peut pas faire de miracles. On aurait tout intérêt à admettre qu’il existe des limites à tout, sauf à notre bêtise bien entendu. Pour l’univers je dirais comme Einstein, «je n’en ai pas encore acquis la certitude absolue». 😉
Iter c’est de la bêtise, ce que j’appelle une machine trop grosse pour être durable. Imaginons qu’ils parviennent à produire de l’électricité avec Iter, MAIS que la machine tombe en panne. Vous avez vu la la logistique juste pour déplacer une seule pièce qui pèse plusieurs tonnes ? (il faut plusieurs grues) En sachant que s’il y a une pièce à changer pour réparer la machine il faudra déplacer plusieurs pièces de plusieurs tonnes, voir aussi faire sauter plusieurs tonnes de béton. Bref, réparer la machine demanderait plusieurs mois voir années ! (en effet ça demande plusieurs années juste pour fabriquer 1 seule pièce sur mesure). Or si la machine tombe en panne on se retrouve sans électricité pendant plusieurs mois ou années.
Donc, ils mentent lorsqu’ils disent que la fusion remplacera la fission ! Ben oui, dans l’éventualité d’une panne, pour ne pas se retrouver sans électricité le temps qu’ils réparent Iter, on sera contraint de garder les centrales à fission en parallèle, histoire d’avoir un moyen productif d’électricité de relais dans l’éventualité d’une panne…