Montebourg ou Strauss-Kahn ? Le combat semble gagné d’avance, un gros bœuf charolais contre un minuscule souriceau ! Mais qui a raison, au fond ? En février 2009, Dominique Strauss-Kahn, s’alarmait : « Le protectionnisme peut revenir par la porte de derrière ». Il est vrai que le directeur général du Fonds monétaire international (FMI) ne peut jurer que par la mondialisation libérale, hier et demain. De son côté Arnaud Montebourg* se veut l’apôtre d’une démondialisation.
Sur cette question et bien d’autres, entre la droite et DSK, il n’y a même pas l’épaisseur d’un cheveu : le libre-échange resterait notre maître. Le FMI, l’OMC et les transnationales continueraient de marcher main dans la main. Pour quel résultat ? Comme l’exprime Arnaud dans son livre**, « le bilan de la dernière décennie de mondialisation est un désastre » : délocalisation en série, destruction d’emplois et d’outils de travail, diminution des revenus du travail par la pression à la baisse. Si l’on voulait résumer les quinze années écoulées, il ne serait pas excessif de dire que la mondialisation a fabriqué des chômeurs au Nord et augmenté le nombre de quasi-esclaves au Sud. Cette ouverture aux marchandises et aux capitaux est l’ennemi déclaré de l’économie locale, y compris au niveau alimentaire.
Le PS se situe à mi-chemin de DSK et Arnaud, pour le « juste échange », c’est-à-dire » un système commercial régulé, loyal et équitable, respectueux des hommes et de l’environnement.». Blabla et langue de bois, la dernière mouture du programme socialiste ne jure que par la relance économique et la compétitivité internationale. Heureusement que le candidat socialiste aux primaires pourra n’en faire qu’à sa tête quant aux idées posées par Martine Aubry ! Arnaud ne veut plus être un des infirmiers de la mondialisation, le cogérant d’un système moribond qui s’écroule. Arnaud Montebourg sera peut-être le futur Jaurès de l’écologie, de toute façon DSK et les autres charolais du PS ne représentent plus que notre passé. Arnaud propose un concept dont The Economist lui attribue la paternité, la démondialisation. Une démondialisation concertée est le seul espoir de bâtir des communautés de résilience pour surmonter choc pétrolier, réchauffement climatique, etc. Cette relocalisation paisible sera notre avenir, sinon les guerres ordinaires prolongeront les guerres commerciales… comme cela s’est toujours fait !
* LeMonde du 3-4 avril 2011, La primaire socialiste ne peut pas se réduire à un concours de bœufs charolais.
** Des idées et des rêves d’Arnaud Montebourg (Flammarion, 2010)
PS : Attention, comme nous l’a fait remarquer un commentateur, The Economist a attribué la paternité du terme « démondialisation » à Walden Bello et non à Arnaud Montebourg.
petite erreur déjà corrigée ici :
http://biosphere.ouvaton.org/index.php?option=com_content&view=article&id=1242:2010-des-idees-et-des-reves-darnaud-montebourg-&catid=77:annee-2010&Itemid=92
The Economist a attribué la paternité du terme « démondialisation » à Walden Bello.
et est cité par Montebourg dans son livre.
le point de vue de Montebourg sur le PS :
« Le socialisme français a eu le tort de faire sous-traiter ses rêves par d’autres et s’est laissé contaminer par des idées qui n’étaient pas les siennes. Le socialisme français a délégué le social aux communistes, la laïcité aux radicaux, l’écologie aux Verts, l’ordre public aux républicains et l’économie aux marchés, devenant ainsi une sorte d’objet non identifié. »