Pour ne pas manquer d’eau l’été, certaines nappes phréatiques peuvent être rechargées artificiellement. Une technique simpl(ist)e pour faire face au réchauffement climatique, stocker l’eau qu’il y a l’hiver en abondance pour l’utiliser l’été quand le temps est plus sec. C’est là un des points du plan B en video du MONDE, les commentateurs rétorquent que ce n’est pas si simple :
Raymond : « certaines nappes phréatiques peuvent être rechargées artificiellement » : Tout à fait, mécaniser le plus de processus naturels possibles, la planète fonctionnera mieux sous notre contrôle.
ChrisL : Pour faire cette recharge de nappe, il faut un cours d’eau qui n’a de problème de débit. Or il y a de plus en plus de cours d’eau qui connaissent des étiages sévères, notamment à l’amont de la Seine (ou du Rhône et de la Loire), d’ailleurs il y a des arrêtés sécheresse dans ces régions. Sans parler que la Seine étant un fleuve navigable, elle doit garder un certain niveau et qu’une rivière naît généralement de la résurgence d’une nappe et que les nappes sableuses à proximité des cours d’eau sont généralement les nappes d’accompagnement de ces cours d’eau et donc ont des échanges avec (en hiver la rivière recharge la nappe, en été c’est l’inverse).
PPF : A 45 km. au sud de Toulouse, à 40° au moment où je rédige ces lignes, je suis entouré de champs de maïs arrosés pendant la journée. L’eau ruisselle et les fossés sont pleins. Tout ça pour faire de la barbaque. Mais chuuuut, ne dites rien, les « agris » sont des gens très susceptibles. Les « barbaqueux « aussi.
Michel SOURROUILLE : On retrouve là les errements de nos sociétés thermo-industrielles, s’adapter pour ne rien changer à nos habitudes de combustion des énergies fossiles. Or pour inverser l’ordre naturel de circulation des eaux, il faut de l’énergie, et l’énergie en abondance, il n’y en aura plus quand les poches pétrolières et gazières s’épuiseront, sans compter la fermeture prochaine des centrales nucléaires. On préfère faire confiance aux mirages de la technique qui sauve plutôt que de prendre réellement les choses en main et pratiquer la sobriété énergétique. Mais chuuuuuut il ne faut pas le dire, les politiciens n’attendent qu’une chose, le moment de leur réélection. Ils ne pratiquent ni la taxe carbone, encore moins la carte carbone, seules solutions pour faire face à l’urgence écologique. Nos générations futures auront donc la canicule extrême et l’impuissance de se procurer de l’eau, ce qui commence d’ailleurs à arriver ici et là sur cette planète à bout de souffle.
Alain Hervé : L’écologie n’est pas un luxe, le souci des petits oiseaux… c’est la gestion globale du monde vivant dont nous faisons partie. Difficile à admettre. Mais nous allons y être aidés par la nature elle-même qui va prendre des décisions pour nous. Elles seront sans appel. Elles seront dramatiques. Le réchauffement climatique, l’effondrement des nappes phréatiques, l’avancée des déserts… ne sont pas des données négociables. Ce n’est pas la planète qui est en danger. C’est l’animal humain qui s’agite à la surface qui se suicide.
Pour en savoir plus sur les nappes phréatiques grâce à notre blog biosphere :
22 mars 2019, Journée mondiale de l’eau, un constat de pénurie
29 juillet 2018, Un futur sans eau potable, très probable
11 mai 2018, Mourir de faim ou de soif, le résultat est le même
21 février 2018, On interdit l’avortement, donc nous manquons d’eau
23 mars 2014, Eau et énergie, nous croyons l’impossible réalisable
24 janvier 2008, eau virtuelle à Almeira
En période de fortes pluies, on parle bien sûr des inondations. Et en période de sécheresse faut bien parler du manque d’eau. Blablabla.
Le manque d’eau c’est embêtant, déjà parce que ça mord pas. Je sais de quoi je parle je pêche à la ligne. Avec le manque d’eau c’est le jaune qui domine, et le jaune c’est pas beau, c’est même anti-écolo. En période de sécheresse faut aller à 40 bornes au sud de Toulouse pour trouver un peu de vert. Cette variété de vert qui n’aime pas les «agris» et les «barbaqueux» aussi. Le manque d’eau c’est embêtant parce qu’on rabâche toujours les mêmes choses, faut dire que c’est pareil avec le reste. Trop froid, trop chaud, c’est le climat. Trop d’eau, c’est le climat. Manque d’eau, c’est le climat te dis-je ! Blablabla et patati et patata.
Le manque d’eau, ou de n’importe quoi, c’est surtout embêtant pour ceux qui sont en manque. Ici 150 litres par jour et par têtes de pipes ! Ailleurs c’est plus, et là bas c’est moins. Beaucoup plus ou beaucoup moins, les chiffres parlent d’eux-mêmes, mais ça chuuuut faut pas le dire. Faut pas déranger les braves gens qui dorment, faut pas parler du «petit» confort des petits-bourgeois !
– Ici 2 millions des piscines individuelles ! Une croissance exponentielle, comme on dit.
– Le climat, te dis-je !
– Le climat, c’est c’là oui !
– Toute façon, le climat c’est parce qu’on est trop ! Mais ça chuuut faut pas le dire.
– Tu l’as dit Bouffi, le Problème c’est le trop. Trop de «barbaqueux» et beaucoup trop de n’importe quoi aussi. 😉
Tout hydrogéologue sérieux confirmera que la recharge artificielle des nappes souterraines est difficilement envisageable, sauf cas très localisés (j’en connais quelques exemples). Notamment les solutions imaginées avec captage en rivière ou fleuve et injection dans un autre bassin versant supposé souffrir de sécheresse : les kilomètres de canalisations, les innombrables puits d’injection, le coût de l’énergie de pompage et l’entretien des puits d’injection se colmatant rapidement, la dégradation de la qualité de l’eau dans l’aquifère rechargé, tous ces points négatifs concourent à rejeter cette technique. Par ailleurs, les aspects réglementaires (Loi sur l’eau) ne permettraient vraisemblablement pas à ce type de projet d’aboutir.
Alors ne nous laissons pas abuser par les ardents promoteurs de ce genre de shadockerie, issus d’X-Mines et œuvrant à la tête de bureaux d’études ou d’agences spécialisées dans la gestion du sous-sol.