Les risques de catastrophes « naturelles » dues, de près ou de loin, à l’industrie humaine sont devenus une menace incomparable de ce temps. La liste de ces catastrophes et de leurs victimes, pour les vingt dernières années, serait longue. Je ne veux pas être un prophète de malheur, mais je crains que dans le futur, si rien n’est fait, l’état de l’environnement, tel que nous l’avons façonné nous-mêmes, n’appelle d’autres graves désillusions. Il conviendrait de regarder enfin en face la situation de notre Terre et celle de la France, pour ne pas arriver toujours, et de plus en plus souvent, trop tard, après les catastrophes.
Le titre que nous avons choisi pour ce livre est amplement justifié : Combien de catastrophes avant d’agir ? C’est-à-dire avant que les politiques prennent leurs responsabilités et donnent enfin à la politique de l’environnement la place qui doit lui revenir. Et avant que nous-mêmes, citoyens, électeurs et consommateurs, sortions de notre insouciance pour conjurer les périls qui sont déjà en la demeure et qui préparent immanquablement, à nous et à nos descendants, une forte dégradation de nos conditions de vie
La politique est le lieu des décisions pour l’avenir. Dans la gestion gouvernementale, l’environnement n’a pas encore la place centrale qu’il devrait avoir. Dans les domaines sensibles, où l’urgence devient pourtant extrême (biodiversité, transports – routiers notamment -, océans et littoraux, pollution des sols et de l’eau douce par l’agriculture et l’élevage intensifs), la frilosité et le manque de courage politique sont évidents. Ceux qui sont aux affaires n’osent pas s’opposer aux divers lobbies : ils sont souvent incapables de faire respecter tout simplement la loi. C’est cela qui doit changer durant la présidence et la législature qui vient.
Nicolas Hulot, texte écrit en 2002
(résumé de l’introduction et de la conclusion par Nicolas Hulot du livre élaboré par son Comité de veille écologique, Combien de catastrophes avant d’agir ?)