Un parti écolo devrait mettre en avant cette formulation : l’impact démographique et l’impact économique sur les écosystèmes sont en interrelations. Ce n’esr pas une évidence pour tous, d’où cet échange entre un écosocialiste (Benoît) et un malthusien (Biosphere) :
Benoît : la population de l’Afrique subsaharienne connaît les plus forts taux de fertilité, mais l’Afrique ne représente que 2,73% des émissions annuelles de CO2 »
Biosphere : ces deux constats montre que niveau de vie et composante démographique sont les deux facette d’une même problématique. Cela veut dire en simplifiant que les pays du Sud doivent surtout apprendre à maîtriser leur fécondité et que les pays du Nord doivent surtout apprendre la sobriété partagée.
Benoît : « Les pressions sur les ressources sont extrêmement différentes selon les sociétés ».
Biosphere : Si on rentre dans des considérations spécifiquement françaises, cela veut dire que la France doit éliminer ses politiques de soutien indifférencié au pouvoir d’achat et ses politiques natalistes à usage interne pour être un exemple de ce qu’il faudrait faire avant de vouloir donner des leçons aux autres.
Benoît : « Nous sommes tous d’accord sur le constat de la surconsommation des ressources offertes par notre planète, des écocides causés par les activités humaines destructrices de la nature et de l’impossibilité d’une croissance illimitée dans un monde fini. Mais je ne suis absolument pas convaincu par le fait que nous soyons sur une planète « saturée » d’humains ».
Biosphere : Pourtant toutes les études scientifiques confirment le fait de dépassement. Cela va du GIEC et de son constat du réchauffement climatique à la mesure de l’empreinte écologique qui montre qui nous puisons dans le capital naturel et que nous vivons pas simplement des intérêts de ce capital. Sans parler de l’extinction des espèces qui est aussi bien documentée, de la déplétion pétrolière qui est inéluctable, du stress hydrique qui ne fait que croître et de la famine dans le monde dont s’inquiète le PAM (programme alimentaire mondial des nations unies). Nous pourrions ajouter bien d’autres signes de saturation de la planète vu le poids des humains en nombre ET en impacts économiques.
Benoît : « c’est à mon sens une erreur manifeste de lier surexploitation de la planète à un problème démographique ».
Biosphere : Jamais sur ce blog nous avons fait l’erreur de lier la surexploitation de la planète au seul problème démographique. Nous avons toujours rappelé (entre autres) les équations IPAT et Kaya qui montrent que la démographie n’est qu’un multiplicateur des menaces. Par contre d’autres personnes, nombreuses dans ce qu’on appelle l’écosocialisme, font l’erreur manifeste de lier la surexploitation de la planète au seul problème économique.
Benoît : « Un parti écolo doit débattre dans le cadre d’un certain nombre de valeurs. »
Biosphere : L’ensemble des coopérateurs/ trices et des adhérent/es d‘EELV déclare constitutive de leur engagement l’adhésion aux valeurs et aux principes suivants de la Charte des Verts mondiaux adoptée à Canberra en 2001 : « 1) La responsabilité de l’ensemble de la communauté humaine dans la sauvegarde de son environnement et des écosystèmes pour les générations futures… » Ce principe porte donc à réflexion sur la capacité de charge de chaque pays ainsi que de la planète entière dans la perspective d’une gestion du long terme. Comme tout n’est pas possible (il y a toujours des limites), le social est surdéterminé par nos possibilités socio-économiques locales ou nationales (ressources énergétiques et minières, potentiel agricole, niveau du chômage, vieillissement de la population, etc.), en clair par les conditions matérielles d’existence. En d’autres termes, nous en revenons à l’obligation pour ceux qui se disent écolos de définir quelles sont les limites (c’est l’écologique) tout en faisant attention à l’acceptabilité des mesures prises (c’est le social).
Benoît : « Je suis personnellement assez perturbé par les échanges suscités par la question démographique ».
Biosphere : C’est normal, quand on entend un point de vue qui remet en question ses habitudes mentales, on hésite entre l’indifférence au problème, le déni, la critique et l’acceptation. Cela cause un trouble, une contradiction interne, mais c’est à chacun de résoudre ce qu’on appelle une dissonance cognitive.
Conseil de lecture : « Arrêtons de faire des gosses (comment la surpopulation nous mène à notre ruine) » de Michel Sourrouille aux éditions Kiwi (collection lanceurs d’alerte)
Il ne faut jamais oublier que la seule décroissance économique conduirait tout simplement à rendre tout le monde pauvres, les riches le deviendraient et les pauvres le resteraient.
Au contraire, la décroissance démographique permettrait tout à la fois :
– de donner plus à chacun et de lutter contre la pauvreté
– de respecter les espaces naturels et donc les habitats de toutes les autres espèces vivant sur la Terre.
Non non, la seule décroissance économique ne rendrait pas tout le monde pauvre, ça ce n’est pas vrai. Et d’abord c’est quoi la pauvreté ? C’est vivre avec avoir moins de 3 euros ou dollars par jour ? C’est ne pas avoir de quoi se payer une Rolex à 50 ans ?
La décroissance économique conduirait tout simplement à rendre une bonne partie de la population (dont vous et mois faisons partie) moins consommatrice, moins énergivore, donc moins destructrice.
Quant au problème de la pauvreté, regardons seulement les chiffres. Regardons comment les richesses sont partagées, qui sont ceux qui se goinfrent et ceux qui se serrent la ceinture, toujours plus.
En France 10% des ménages détiennent la moitié du patrimoine total, 85% des richesses globales sont détenues par 10% des gens dans le monde, plus de 80% de la richesse mondiale va au 1% les plus riches, les dépenses publicitaires mondiales s’élèvent à 600 milliards de dollars etc. etc.
Bonjour D. Barthes ,
« Au contraire, la décroissance démographique permettrait tout à la fois : – de donner plus à chacun et de lutter contre la pauvreté »
Si je comprends bien, on décroit démographiquement pour que certains (lesquels ?) puissent continuer à mener grand train (et même plus, dites-vous) tout en tentant de lutter contre la pauvreté (pour se donner bonne conscience ??) … Mais « donner toujours plus à chacun », n’est-ce pas justement ce qui nous a conduits dans le mur avec un coût écologique qui sera de plus en plus lourd ? Ne s’agit -il pas plutôt d’apprendre à consommer de moins en moins de tout, d’accepter l’idée que le temps est venu pour chacun, de la pauvreté et de la frugalité matérielles ?
Même si cette « décroissance volontaire » est vouée à l’échec car un tel programme est invendable sur le plan politique. Ne reste alors que la « décroissance involontaire « , certainement très pénible ….
Bonjour Joie de vivre
Mais je ne comprends pas votre réponse puisque justement je prétends qu’il faut donner plus à chacun et non pas à ceux qui mènent grand train.
Il y a en particulier dans les pays pauvres des gens à qui il faudrait donner plus, mais pour pouvoir le faire sans détruire la planète (la biosphère), il faut effectivement s’engager vers une diminution de nos effectifs en abaissant peu à peu la fécondité moyenne.
Bonsoir Didier Barthès
Ce matin j’ai mis en commentaire (Bon Pote) deux liens vers deux articles fort intéressants, très argumentés etc. Seulement sur Biosphère, lorsqu’on met des liens le commentaire est «en attente de modération ». Je vous donne donc là les infos pour les trouver :
– La démographie : sujet tabou de l’écologie ? (site bonpote.com)
– Démographie et climat. Pour “sauver la planète” faut-il d’abord réduire la population ? (d’Emmanuel Pont sur medium.com)
La démographie : sujet tabou de l’écologie ?
– «Ce débat est tellement un tabou qu’il revient quasi systématiquement quand on parle d’écologie … »
https://bonpote.com/la-demographie-sujet-tabou-de-lecologie/
Pour “sauver la planète” faut-il d’abord réduire la population ?
https://medium.com/enquetes-ecosophiques/d%C3%A9mographie-et-climat-5a6ef5be37ed
Biosphère laisse entendre que les interrelations, les liens, ne seraient pas évidents pour tous. Je veux bien le croire. Personnellement quand je dis que tout est lié, le «tout» auquel je pense ne se résume pas seulement à «économie ET démographie». Ni à cette équation simpliste, celle de Kaya. Pour moi il y a bien plus de paramètres qui entrent en jeu dans ce casse-tête.
– « Biosphère : Jamais sur ce blog nous avons fait l’erreur de lier la surexploitation de la planète au seul problème démographique. »
Certes. Mais chacun peut mesurer l’énergie, le temps, le nombre d’articles, de caractères etc. que Biosphère consacre à ce seul problème démographique. Et puis comparer avec les autres problèmes. La connerie humaine par exemple. Disons la Bêtise, dont la pire forme à mes yeux sera toujours la haine, grave problème ça aussi. Tiens au fait, où faut-il mettre la Bêtise dans l’équation?
Benoît se dit «personnellement assez perturbé par les échanges suscités par la question démographique». Personnellement perturbé peut-être pas, mais gêné oui certainement. Quant à l’explication qu’en fait Biosphère, elle me fait tout simplement sourire.
Tout autant que me font bien rigoler (façon de dire) les fumeuses chartes des uns et des autres. Comme le logo, comme le joli papier et le ruban pour emballer le cadeau de Noël, la charte éthique est devenue incontournable. Celle des Verts je ne sais pas, mais celle de Monsanto (par exemple) vaut le détour. Et en même temps son pesant de cacahuètes. Faut vraiment être naïf pour croire que ces torchons sont des garde-fous, des garanties à toute épreuves, il suffit de lire la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et regarder à côté la façon dont on s’en torche.