Les limites de la croissance ou rapport au club de ROME (1972) : La croissance de la population humaine obéit à une loi exponentielle. En 1650, la population s’élevait à quelque 500 millions d’habitants et augmentait d’environ 0,3 % par an, ce qui correspond à un temps de doublement de 250 ans. En 1970, la population du globe atteint 3,6 milliards et le taux de croissance 2,1 % ; le temps de doublement n’est plus que de 23 ans. Nous pouvons nous attendre à un chiffre global de l’ordre de 7 milliards d’humains aux environs de l’an 2005. La population a mis plus d’un siècle pour passer de un à deux milliards, trente ans plus tard nous avons dépassé le troisième milliard et nous disposons d’à peine vingt ans pour accueillir le quatrième milliard (ndlr : il y a désormais 1 milliard de plus d’habitants tous les douze ans en moyenne). La rapidité des progrès techniques nous a permis jusqu’ici de faire face à cette démographie galopante, mais l’humanité n’a pratiquement rien inventé sur le plan politique, éthique et culturel qui lui permette de gérer une évolution sociale aussi rapide.
Que faudrait-il pour maintenir la croissance de la population ? La première condition concerne les moyens matériels indispensables à la satisfaction des besoins physiologiques. Les terres les plus riches sont effectivement cultivées de nos jours. Le prix d’un aménagement de nouvelles superficies serait si élevé que l’on a jugé plus économique d’intensifier le rendement des zones actuellement cultivées. Le manque de terres cultivables se fera désespérément sentir avant même l’an 2000. Les conséquences d’une multiplication par deux ou par quatre de la productivité des terres se traduisent respectivement par un ajournement de la crise à 30 ans et à 60 ans, ce qui correspond à chaque fois à un délai inférieur au temps de doublement de la population. Toute duplication du rendement de la terre coûtera plus cher que la précédente. Chaque crise successive sera plus dure à surmonter. Ce phénomène pourrait s’appeler la loi des coûts croissants. Pour augmenter de 34 % la production mondiale de denrées alimentaires entre 1951 et 1966, les dépenses se sont accrues de 63 % pour les tracteurs et de 146 % pour les engrais azotés. Parallèlement, la consommation annuelle de pesticides a triplé. La seconde condition comprend les nécessités sociales comme la paix et la stabilité sociale, l’éducation, le progrès technique. Notre rapport ne peut traiter explicitement de ces données socio-économiques.
Combien d’hommes notre planète peut-elle nourrir ? La réponse est liée au choix que la société fait entre diverses possibilités. Il existe une incompatibilité entre l’accroissement de la production alimentaire et celui de la production d’autres biens et services. Il apparaît actuellement que le monde se soit donné pour objectif d’accroître à la fois la population et le niveau de vie matériel de chaque individu. Aussi la société ne manquera pas d’atteindre l’une ou l’autre des nombreuses limites critiques inhérentes à notre écosystème, que ce soit les ressources non renouvelables ou la pollution par exemple. Une population croissant dans un environnement limité peut même tendre à dépasser le seuil d’intolérance du milieu au point de provoquer un abaissement notable de ce seuil critique, par suite par exemple de surconsommation de quelque ressource naturelle non renouvelable. Une colonie de chèvres ne rencontrant plus d’ennemis naturels épuise sa zone de pacage jusqu’à l’érosion des terres ou la destruction de la végétation. Pendant un certain temps, la situation est extrêmement dramatique car la population humaine, compte tenu du temps de réponse relativement long du système, continue à croître. Un réajustement à un niveau démographique plus bas ne pourra se produire qu’après une période de recrudescence de la mortalité par suite de carence alimentaire et de détérioration des conditions d’hygiène.
Le processus de croissance économique, tel qu’il se présente aujourd’hui, élargit inexorablement le fossé absolu qui sépare les pays riches des pays pauvres. Le plus grand de tous les obstacles à une répartition plus équitable des ressources mondiales est l’accroissement de la population. C’est un fait partout observé, lorsque le nombre de personnes entres lesquelles une quantité donnée de produits doit être distribuée augmente, la répartition devient de plus en plus inégale. Une répartition équitable devient en effet un suicide social si la ration individuelle disponible n’est plus suffisante pour entretenir la vie. Les familles les plus nombreuses, et en particulier leurs enfants, sont statistiquement ceux qui auront le plus à souffrir de la malnutrition.
Réponse à Rapporterre .
Je sais très bien tout ce que vous me dites là. J’invite seulement à lire les articles d’Ugo Bardi au sujet de ce problème de (sur)population, juste pour entendre un autre son de cloche. Hier j’ai cité 2 articles d’Ugo Bardi.
Dans «Problème de surpopulation ? Quel problème de surpopulation ?» Bardi annonce la couleur dès le début : «La surpopulation est un problème qui se résoudra assez rapidement, bien que, malheureusement, non sans douleur. » C’est ce que j’ai toujours dit moi aussi.
Dans «La surpopulation : Êtes-vous sûr que c’est un problème ignoré ?» il commence par expliquer les raisons qui font qu’on n’en parle pas, du moins pas trop (le politiquement correct etc.), ce qui passe alors pour un tabou. Ensuite il évoque «un petit problème»… la sempiternelle question «comment réduire la population ?»
(suite) C’est sûr qu’il est plus facile de dire qu’il faut (yaca-faucon) la réduire (pas qu’un peu) que de tracer un plan sérieux à la hauteur du problème.
Toutefois il essaie : «Mais dans cet article, laissez-moi essayer l’impossible et affronter l’infaisable […] Commençons par dire que tout le débat sur la population, tel qu’il se déroule aujourd’hui, n’est que de la poudre aux yeux, comme la plupart des débats publics. [etc.]»
La première phrase suffit à comprendre l’ampleur du problème, impossible, infaisable («s’il n’y a pas de solution c’est qu’il n’y a pas de problème»). La seconde ne fait qu’en rajouter, débat impossible. Autant dire que nous sommes bel et bien plantés. Le reste nous permet de nous faire une idée de ce qui nous pend au nez (La Picouze etc.) Bardi conclue sur une note d’humour : «Profitez de la balade : elle est gratuite !»
Sérieusement… que pourrions-nous rajouter de plus ? Et faire de plus, hein ?
Michel C, nous ne comprenons pas votre utilisation d’Ugo Bardi. Le World 3 utilisé en 1972 dans le livre Limits to Growth prédit effondrement économique et sociétal d’ici le milieu du XXIe siècle. 30 ans après, la version de 2004, Limits to Growth : the 30-year update, a conformé que les prédictions initiales sont toujours en très bon accord avec la réalité. Ugo Bardi en a fait « la Falaise de Sénèque » avec un schéma simple avec seulement deux variables : ressources et capital. Le capital ne diminue pas graduellement à mesure que les ressources s’épuisent, il s’effondre !La situation de l’Empire romain ressemble à s’y méprendre à la nôtre. Nous souffrons également d’une diminution de nos ressources naturelles, d’une bureaucratie excessive et de toutes sortes de pollutions. Or nous mettons tout en œuvre pour que les choses restent telles qu’elles sont.
Pour modéliser l’effondrement, on peut s’appuyer sur cette citation de Sénèque : « Ce serait une sorte de consolation pour notre fragilité comme pour celle des choses qui nous touchent, si tout était aussi lent à périr qu’à croître ; mais le progrès veut du temps pour se développer : la chute vient au pas de course. » D’où l’image de « la falaise de Sénèque ». Quand il y a effondrement, obligatoirement la taille de la population est partie prenante et suit l’effondrement généralisé.
Dans « Le plan d’urgence climatique du Club de Rome » (17 mars 2019) dont Ugo Bardi fait partie, il est bien indiqué de limiter la croissance de la population, notamment en favorisant l’éducation et l’accès à la santé des femmes, ET de remplacer le GDP (Gross Domestic Product ou PIB en français) comme but de la société, par d’autres indicateurs de richesse et de bien-être.
https://blogs.letemps.ch/dorota-retelska/2019/03/17/le-plan-durgence-climatique-du-club-de-rome/
– « Il est clair que la réduction des taux de natalité ne suffirait pas : à elle seule, elle ne peut pas être assez rapide pour contrer les scénarios désastreux auxquels nous sommes confrontés en termes de perturbation des écosystèmes. [etc.]»
(Ugo Bardi- La surpopulation : Êtes-vous sûr que c’est un problème ignoré ?)
En attendant, on peut toujours se faire croire qu’on fait ce qu’il faut. Et pendant ce temps on fait l’autruche sur le reste.
Fondé en 1968 Le Club de Rome acquiert une notoriété mondiale avec la publication en 1972 de «Les limites de la croissance» (rapport Meadows). Avec le temps les choses et les idées évoluent.
Ugo Bardi est membre du Club de Rome. La question démographique en 2018 et aujourd’hui :
– « Il est curieux de voir comment la question revient. Elle avait disparu des médias après avoir été populaire dans les années 1970, à l’époque de la première étude sur «Les limites de la croissance». […] Puis, d’une certaine manière, il est devenu démodé de mentionner la surpopulation, tout comme il est devenu démodé de prendre en considération «Les limites de la croissance» comme n’importe quoi de plus qu’une étude complètement fausse écrite par des gens pas plus intelligents que des poulets. […] »
( Ugo Bardi – Le 2 juillet 2018 dans Problème de surpopulation ? Quel problème de surpopulation ? )
– « Récemment, j’ai publié un article dans le Journal of Population and Sustainability où j’ai cherché des exemples historiques de la façon dont les populations (pas seulement humaines) se sont effondrées dans le passé. J’ai trouvé plus d’une raison qui peut mener à un effondrement abrupt. [etc.]»
( Ugo Bardi. Problème de surpopulation ? Quel problème de surpopulation ? )
– « Le Club de Rome, qui, en 1972, postulait les « limites de la croissance » et suscitait de puissantes critiques, a proposé une vision du monde un peu moins pessimiste. Sa nouvelle devise est « croissance organique » et le slogan optimiste pour son dernier congrès à Philadelphie était « De nouveaux horizons pour l’Humanité ». […] la plus grande erreur commise par les futurologues a été leurs projections de la croissance démographique. [etc.]»
( Le Club de Rome a-t-il déjà désavoué Les limites de la croissance ? Par Ugo Bardi le 23 septembre 2018 )
Michel C, nous ne comprenons pas votre utilisation d’Ugo Bardi. Le World 3 utilisé en 1972 dans le livre Limits to Growth prédit effondrement économique et sociétal d’ici le milieu du XXIe siècle. 30 ans après, la version de 2004, Limits to Growth : the 30-year update, a conformé que les prédictions initiales sont toujours en très bon accord avec la réalité. Ugo Bardi en a fait « la Falaise de Sénèque » avec un schéma simple avec seulement deux variables : ressources et capital. Le capital ne diminue pas graduellement à mesure que les ressources s’épuisent, il s’effondre !
La situation de l’Empire romain ressemble à s’y méprendre à la nôtre. Nous souffrons également d’une diminution de nos ressources naturelles, d’une bureaucratie excessive et de toutes sortes de pollutions. Or nous mettons tout en œuvre pour que les choses restent telles qu’elles sont.