Les attendus de la campagne présidentielle de René Dumont en 1974 :
« Une fois la nourriture et le logement assurés, aucun problème n’est plus important pour l’avenir de la France que l’environnement. Voilà pourquoi le mouvement écologique devient politique. Voilà pourquoi, pour la première fois dans l’histoire des sociétés, un homme présente sa candidature à la direction d’un Etat avec pour programme la préservation de la vie. Il est grand temps que réagissent tous ceux qui se préoccupent de la société que nous laisserons à nos descendants. Une croissance démographique insensée vient empirer la situation. Depuis 1650, la population du globe a augmenté à un rythme exponentiel. Nous sommes près de 4 milliards, nous serons 7 milliards en l’an 2000 ; même avec une réduction importante des taux de fécondité, on ne serait pas loin de 6 milliards. C’est la FIN du monde ou la FAIM du monde. Nous sommes les premiers à avoir dit que la croissance démographique doit être arrêtée d’abord dans les pays riches, parce que c’est dans les pays riches que le pillage du Tiers-Monde, par le gaspillage des matières sous-payées, aboutit aux plus grandes destructions de richesse.
L’homme attaque la nature depuis 100 000 ans par le feu, le déboisement, le défrichage, etc. Nourrir plus d’homme implique la destruction du milieu naturel. Du reste, si nous nous multiplions inconsidérément, le phosphore nécessaire à l’agriculture manquerait bientôt. Il faut réagir contre la surpopulation. En Inde surpeuplée certes, mais surtout chez les riches : 500 fois plus d’énergie consommée par tête à new York que chez le paysan indien. Ce qui remet en cause toutes les formes d’encouragement à la natalité, chez nous en France. La « France de 100 millions de Français » chère à M.Debré est une absurdité. Les propositions du mouvement écologique : la limitation des naissances ; la liberté de la contraception et de l’avortement. Nous luttons pour le droit absolu de toutes les femmes de régler à leur seule convenance les problèmes de contraception et d’avortement.
L’espace disponible se rétrécit : les 100 000 hectares des meilleures terres disparaissent sous le béton, un cinquième de département français. Il faut abolir le système de subventions agricoles qui revient à donner une Mercedes de plus à ceux qui en ont déjà une. L’agriculture intensive, quand elle néglige la fumure organique et n’utilise que des engrais minéraux accompagnés de pesticides divers, menace gravement sa propre pérennité. La récupération de tous les déchets organiques est une exigence absolue. Pour produire 1000 calories de bifteck, on dépense 2500 calories de pétrole. Une laitue de serre demande un litre de pétrole. L’emploi des engrais artificiels, qui se développe à la suite des travaux de Liebig, repose sur une méconnaissance des règles de la nutrition végétale. Il ne tient pas compte de la vie du sol, ni de l’association mycorhizale, c’est-à-dire de ce pont que forment des champignons vivants entre le sol et les racines. Le résultat, c’est que l’agriculture surindustrielle stérilise les sols, déséquilibre les plantes cultivées et leur ôte toute résistance, ce qui rend nécessaire l’emploi d’une quantité de pesticides. D’ailleurs les marchands d’insecticides et d’engrais, comme par hasard, sont les mêmes. »
L’écologie ou la mort (à vous de choisir) la campagne de René Dumont, les objectifs de l’écologie politique (1974)
Notre article biosphèrique du 1er février 2005
L’ONU a envoyé 1306 savants prendre la température du globe. Le diagnostic est tel qu’on le redoutait : « Environ 60 % des écosystèmes permettant la vie sur Terre ont été dégradés par l’activité humaine, principalement au cours des 50 dernières années ». Cette dégradation entraîne un accroissement des inégalités entre les peuples et constitue une cause majeure de la pauvreté dans les zones rurales.
Mais il apparaît aussi qu’il n’existe pas en la matière de problème géostratégique jugé suffisamment important pour qu’on en tienne compte : il n’y a pas d’enjeu économique à court terme, donc pas de formations de groupes d’intérêt, donc pas de gens qui se battent contre cette dégradation.
Les générations futures géreront les ruines de la civilisation thermo-industrielle… comme elles le peuvent, bien obligé !
Les générations futures vont non seulement gérer la ruine, mais aussi s’éradiquer entre bouches en trop ! Et pour cause, rien qu’avec l’eau ou plus exactement le manque d’eau, ça sera déjà suffisant pour générer des conflits quasiment partout sur le globe. Quand j’écoute les bêtises d’Aurélien Barreau qui croit qu’on partage de l’eau comme on coupe un gâteau et en distribuant les parts avec une pelle autour de la table, autant dire qu’on n’est pas sorti de l’auberge. Il faudra lui expliquer que l’eau est difficilement transportable surtout pour en consommer en moyenne 150 litres par jour et par personne comme en occident. Alors je vous laisse imaginer le nombre de citernes et de pétrole qu’il nous faudrait pour en partager autant de litre d’eau à plus d’1 milliards d’africains, et même 2,3 ou 4 milliards d’africains d’ici 2100… Parce qu’Aurélien Barreau parle tout le temps de partage de l’eau comme si c’était évident
Les maladies liées à l’eau (diarrhée, choléra, typhoïde, polio, hépatites etc.) sont parmi les principales causes de mortalité dans le monde. Le problème de l’eau en Afrique n’est pas, comme on a tendance à le croire, seulement lié au climat. L’Afrique est certes un grand continent, mais n’allons pas croire qu’il n’y aurait pas assez d’eau en Afrique. Ses ressources en eau renouvelables sont de 5.400 milliards de m3 par an. Bien sûr il y a le nombre, mais regardons le nombre de litres d’eau dont les Africains ont besoin. Et comparons. Le problème n’est donc pas tant la rareté que celui de l’accès, du partage. Et de l’assainissement, stations d’épuration etc. L’occasion de regarder du côté des multinationales de l’eau en Afrique (SAUR, Véolia etc.) Le Système est ainsi, d’un côté l’ONU fait de l’eau un droit humain fondamental… et de l’autre les multinationales se l’approprient pour la vendre au meilleur prix.
L’occasion, hélas, de voir que les écologistes avaient tout compris il y a 50 ans et que depuis, cette compréhension a plutôt régressé, au moins dans le principal mouvement français.
Seul petit bémol par rapport à René Dumont, réduire la natalité dans les pays en voie de développement est aussi important que dans les pays riches: à cause des effectifs concernés et à cause de l’aspiration au développement justement.
Bonjour Didier Barthès. L’occasion, et en même temps, de voir que Pierre Dac et Francis Blanche avaient tout compris bien avant. C’est en février 1965 que Pierre Dac fonde le Mouvement ondulatoire unifié (MOU), en vue de l’élection présidentielle de 1965. Souvenez-vous du slogan «Les temps sont durs, votez MOU !» Pour ce qui est de voter mou, on peut dire que les français se sont appliqués, en 1965, en 1969, en 1974, et en suivant. Hi-han !
Je me souviens de René Dumont en 1974… ah ce qu’on rigolait dans les chaumières ! Celui-là faisait bien plus rire que Pierre Dac. Faut comprendre aussi, c’est pas évident de comprendre le MOU. Aujourd’hui les héritiers, je dirais même tous les héritiers, moi le premier, de Dumont sont des rigolos ! Mais encore faut-il être membre du Parti d’en Rire pour nous voir comme nous sommes. 🙂