La nouvelle animation du MNHN, intitulée « Revivre » est consacrée aux espèces disparues. Ici, une rhytine de Steller, sorte d’immense lamantin de 8 mètres de long massacré au XVIIIe siècle. Là, un dodo qui paraît surpris de se promener en paix parmi ces Homo sapiens qui l’ont éradiqué. Aucune mesure susceptible de protéger notre environnement ne sera efficace s’il n’y a pas au départ une interrogation sur les limites de l’expansion de l’homme sur notre planète. Homo sapiens est une espèce biologique, née de la sélection naturelle, qui ne peut être dissociée du contexte naturel qui l’entoure. Or la surpopulation a confisqué les zones les plus riches au détriment du reste du vivant.
L’homme est un être hétérotrophe. Son métabolisme est incapable de synthétiser les sucres comme le font les plantes par photosynthèse. Il n’a pas non plus la possibilité, comme les ruminants, de synthétiser certains acides aminés à partir des sucres fournis par les végétaux. Il a donc besoin de tuer pour se nourrir. Il a exterminé les mammifères de grande taille, il a épuisé les rivières, les fleuves et les mers, il a exterminé tous les carnassiers situés au sommet de la chaîne alimentaire… il écarte tout ce qui le gêne. Il n’y a jamais eu de pause dans la croissance de la population humaine. Il est partout. Dans son roman Temps futurs paru en 1948, Aldous Huxley se demande à quoi se sont occupés les humains. « A polluer les rivières, à tuer tous les animaux sauvages, au point de les faire disparaître, à détruire les forêts, à délaver la couche superficielle du sol et à la déverser dans la mer, à consumer un océan de pétrole, à gaspiller les minéraux qu’il avait fallu la totalité des époques géologiques pour déposer. Une orgie d’imbécillité criminelle. Et ils ont appelé cela le Progrès. »
En 2017, le prix du « Wildlife Photographer of the Year » est décerné pour la photo d’un animal mort, tué par un humain. Un rhinocéros est abandonné près d’un trou d’eau, avec sur le nez un trou sanglant à l’endroit où autrefois se dressait sa corne. Le photographe Brent Stirton a encore en mémoire la violence de la scène : « Le rhinocéros a été tué avec une arme de gros calibre, munie d’un silencieux. Les braconniers lui ont enlevé la corne alors qu’il était encore vivant, ce qui engendre des souffrances terribles. C’était horrible, il y avait du sang partout. » Le rhinocéros est mort sans raison si ce n’est les pouvoirs imaginaires de guérison que les hommes attribuent à sa corne en kératine. Mais elle vaut 50 000 dollars le kilo, soit plus que l’or. Une véritable fortune au Mozambique, un des pays les plus pauvres de la planète. L‘Afrique est peuplée, surpeuplée d’humains pauvres, toujours plus pauvres, cercle vicieux de la surper-fécondité des pauvres qui empêchent tout développement économique, et rend nécessaire d’abattre un rhinocéros de temps en temps. Lorsqu’une ressource alimentaire s’épuise, l’être humain s’efforce de lui trouver une substitution, une nouvelle niche écologique à conquérir pour la détruire, une nouvelle source d’enrichissement.
L’expansion démographique mal contrôlée rend aléatoire toute mesure conservatoire du milieu naturel.
Tout cela est tellement évident que le silence de nombre d’écologistes et leur incapacité à répondre à l’objection est absolument désespérant, à 8 milliards nous détruirons tout, quel que soit notre comportement individuel.