Il est amusant de constater que certaines propositions, jusqu’ici sèchement écartées sous prétexte d’extrémisme gauchiste ou d’écologie extrême, font leur bonhomme de chemin. Nous pouvons citer le contrôle du secteur de la finance (taxe Tobin) ou la sécurité alimentaire. Les biocarburants ont perdu de leur superbe ; ils sont devenus agrocarburants, puis nécrocarburants, et maintenant des organismes que personne ne connaît les dénigrent comme c’est pas possible. Ainsi le CSA (Comité de la sécurité alimentaire mondiale) *, qui en est à sa 37e session, révèle ce qu’on savait déjà : les agrocarburants sont méchants.
Le CSA découvre que les politiques de soutien des nécrocarburants sont largement coupables de la flambée des prix internationaux des produits alimentaires en 2007-2008. Notre soif de carburant vient concurrencer les cultures vivrières et accélère la course aux terres arables. Les investissements à grande échelle nuisent à la sécurité alimentaire… Le CSA demande donc aux gouvernements la suppression des objectifs de consommation de biocarburants ; le SCA suggère la fin des subventions et des tarifs douaniers relatifs à leur production et à leur transformation ; le CSA propose une dose de coordination internationale. Le CSA fait des rapports, mais nous savons bien que cela ne sera pas suivi d’effets. D’ailleurs, ni Aubry ni Hollande n’ont parlé en France des agrocarburants !
Si nous avons été si lents à mesurer collectivement la nocivité des agrocarburants, c’est aussi à cause de la complicité des médias. Si nous relisons nos billets sur ce blog réalisés en 2008, on s’aperçoit que les journalistes du MONDE avaient préféré soutenir l’industrie des agrocarburants plutôt que d’en faire une analyse objective, pression de la publicité exige…
11 septembre 2008, agrocarburants ou culture vivrière ?
11 juin 2008, abengoa bioenergy
28 février 2008, le cycle de la vie et de la mort
* LE MONDE du 18 octobre 2011, Les biocarburants dans le collimateur du Conseil de sécurité alimentaire