En résumé : « Ce scénario qui reste le plus abouti jamais réalisé pour une réelle transition énergétique. Mais il est nécessaire de remettre certains paramètres dans le contexte actuel. Dans le scénario nW, la sobriété ne représente qu’un quart de la réduction des consommations d’énergie. Environ 75% seraient obtenus grâce à l’efficacité énergétique, c’est-à-dire au renouvellement des équipements. Quelle aubaine, pour les grosses industries, de voir un scénario qui ne peut fonctionner que grâce à leur technologie de pointe ; cela implique une économie de croissance, impossible croissance. Que deviendront ces grosses industries après le pic pétrolier, avec une économie en crise et des états sur-endettés ? Il s’agit d’une réalité physique non prise en compte dans ce scénario. J’ajoute que l’hypothèse de prix du pétrole, pour le scénario, a été fixée à 80$/baril. Cette hypothèse, à l’avenir, ne tiendra qu’en période de récession, c’est-à-dire lorsque la consommation et les investissements diminueront. La sobriété doit prendre une place beaucoup plus importante
Cette démonstration technique est vraiment rassurante pour une population qui rechigne à modifier ses comportements. Pour moi, c’est une erreur de miser autant sur l’efficacité énergétique et aussi peu sur la sobriété. Cette dernière demande surtout du bon sens et de l’organisation intelligente et collective. Ce qui ne veut pas dire que c’est simple. Par exemple, je n’imagine pas qu’en 2050, la voiture individuelle puisse avoir une place presque aussi importante qu’aujourd’hui. C’est pourtant ce que propose ce scénario.
Si ce scénario est une très bonne ligne de conduite pour l’Etat, il laisse le citoyen dans son rôle habituel de consommateur attentiste au lieu de l’inviter à une émancipation indispensable pour repenser son mode de vie. Si nous misons tout sur un scénario basé sur de la production industrielle, qu’il s’agisse de bien de consommation ou d’équipements énergétiques, nous prenons le risque de voir tous les efforts anéantis au premier crash boursier ou à la première pénurie d’énergie ou de matériaux. C’est d’ailleurs pour cela que j’invite plutôt à s’orienter vers une stratégie de résilience dans laquelle ces ruptures, bien qu’imprévisibles, sont assumées et anticipées. »
Source : http://www.avenir-sans-petrole.org/article-regard-sur-le-scenario-negawatt-2eme-partie-86002743.html
Bonjour,
Lorsque vous regardez le graphique des déplacements de personnes en France (http://www.negawatt.org/telechargement/UnW2011//6-UnW11-Transports.pdf), vous constatez que le nombre de km.voyageur total parcourus en voiture diminue de 17,5% d’ici 2050. Certes c’est une diminution, mais très (trop?) faible par rapport aux enjeux.
Quand on regarde les ordres de grandeur de ce qui va nous manquer comme énergie d’ici 2050 (pic de gaz dépassé depuis 2030, production de pétrole réduite de 75% par rapport à aujourd’hui et pic de charbon imminent) on se rend bien compte que les coûts de production d’une voiture hybride, à gaz ou électrique ne seront plus du tout le même. Quel % de la population pourra encore se payer ces moyens de transport individuels ? Peut-on imaginer que le nombre de km.voyageurs en voiture ne baisse QUE de 17,5% d’ici là ?
Alors pour préciser mon propos, je reconnais volontiers qu’il y a une diminution de l’utilisation de la voiture dans ce scénario, mais par rapport aux enjeux réels, cette diminution est bien trop faible. C’est pour cela que je parle d’une place « presque aussi importante » car elle repose sur un renouvellement complet du parc automobile, des réseaux de transport et de distribution de l’énergie, ce qui, de mon point de vue, est hors délais !
Merci Benoit pour cette remarque sur le ratio sobriété/efficacité qui m’avait échappé.
Par contre dire que ce scénario propose que la voiture individuelle puisse avoir une place presque aussi importante qu’aujourd’hui me parait abusif.
On trouve dans le document de synthèse :
« Il nous faut conserver une liberté de déplacement tout en sortant de notre dépendance presque totale au transport automobile, du moins sous sa forme actuelle. »
« …excluant à terme totalement le véhicule automobile tel que nous le connaissons aujourd’hui ».
As-tu des données qui n’apparaissent pas dans le document de synthèse ?