Jean-Pierre Chevènement nous présente un point essentiel de son programme pour 2012 :
« Sortir du nucléaire, c’est casser une infrastructure très rentable et la remplacer par une autre, plus polluante, émettrice de CO2. C’est vouloir une augmentation du prix de l’électricité. Le coût du MW/h du parc nucléaire français est de 42 euros seulement, le solaire photovoltaïque à 250 euros/MWh ! L’image d’un monde éclairé par la seule grâce du soleil et du vent que nous présentent les partis écologistes est un leurre, une erreur dramatique. L’éolien et le solaire sont non seulement chers, mais ils produisent trop peu : ce sont des énergies intermittentes, le vent s’arrête, la nuit tombe.
« Sortir du nucléaire serait obéir à la dictature de l’émotion. N’ayons pas peur, Fukushima n’a pas été « l’apocalypse » annoncée dans la panique des premiers jours, ni même un accident nucléaire très grave. L’industrie charbonnière fait 2 500 à 3 000 morts par an en moyenne, Fukushima deux seulement. Ne nous laissons pas imposer par les écolos un choix purement idéologique et contraire aux intérêts de notre beau pays. En octroyant un groupe parlementaire aux Khmers verts, le Parti socialiste s’éloigne de ses racines républicaines ainsi que des valeurs des Lumières héritées du rationalisme cartésien (croyance en la Raison, liberté de la recherche, volonté de progrès, etc.).
« Sortir du nucléaire serait un tournant culturel grave pour la France et pour l’Europe car le triomphe de cette « idéologie de la peur » sur notre continent contraste avec la confiance en eux des pays émergents tournés vers la science et la technologie. Ne succombons pas au mythe du déclinisme de la France, notre nation chérie. Continuons d’être fier de notre chant guerrier, la Marseillaise. Que tous les élèves du primaire reprennent en coeur nos fondamentaux. Soyons prêt, s’il arrive un Tchernobyl en France, à se sacrifier pour notre mère patrie. Construisons des centrales nucléaires, exportons nos EPR.
La sortie du nucléaire, c’est finalement le triomphe du dogmatisme, le triomphe de « l’idéologie de la peur » à la sauce Hans Jonas (« l’heuristique de la peur ») ou Ulrich Beck (« la société du risque »). Cette idéologie a déjà contaminé notre Constitution avec un « principe de précaution » qui n’a rien de scientifique. Car, sachons-le, la Constitution française est d’ordre scientifique ; avec moi, la politique et la science travailleront la main dans la main. Mon camarade François Hollande a succombé au chantage d’Europe Ecologie-Les Verts. C’est un mou, incapable de gouverner… Votez pour moi aux présidentielles, vive Areva, vive la France. »
NB : Pour consulter le texte intégral de Chevènement,
LE MONDE du 22 novembre 2011, Nucléaire : non à l’idéologie de la peur !
Cela confirme ce que je pensais depuis un moment déjà (mais j’avais des doutes): le nuage de Tchernobyl ne s’est pas arrêté à la frontière mais a bien survolé la Franche-Comté.
Ce texte de Chevènement est une application du procédé dit de sur-identification : on se moule dans la logique d’une personnalité politique, on adopte son discours sur un mode extrême afin de mieux faire apparaître sa face négative.
Ce procédé de sur-identification est un des mécanismes de contestation décrit par le « Manuel de communication guérilla » (La Découverte, 2011), un guide d’interventions militantes non conventionnelles. Ouvrage initialement parue en 1997 en Allemagne.