Comment expliquer que les femmes allaitent si peu aujourd’hui alors même que les bénéfices du lait maternel pour la santé ne sont plus à démontrer ? Dans le monde, seuls 48 % des bébés sont nourris exclusivement au sein jusqu’à l’âge de six mois, pourtant une recommandation de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Sylvie Burnouf : « Pendant des décennies, l’industrie des laits infantiles commerciaux a eu recours à des stratégies de marketing sournoises, conçues pour tirer parti des inquiétudes des parents dans une période où ils sont vulnérables, afin de faire de l’alimentation des jeunes enfants un business très lucratif. Les ventes sont passées de 1,5 milliard de dollars en 1978 à 55 milliards en 2019. Ils influencent tout le monde, parents, soignants et responsables politiques malgré l’adoption en 1981 d’un code international de commercialisation des substituts du lait maternel qui visait pourtant à mettre un terme à leurs « techniques agressives et inappropriées » de marketing. La raison en est simple : ce code n’est pas juridiquement contraignant !
Qu’en est-il de la situation en France ? Selon les dernières données de l’enquête nationale de 2021, seules 56 % des femmes avaient recours à l’allaitement maternel exclusif à leur sortie de la maternité. Ce taux chute à 34 % à deux mois, il ne serait que de l’ordre de 10 % à six mois. Pourtant, les vertus de l’allaitement maternel sont connues de longue date, avec des bénéfices pour l’enfant (meilleure croissance, protection contre les maladies infectieuses, risque réduit mort subite du nourrisson…) et pour la mère (protection contre certains cancers, notamment). Mais l’image de l’allaitement ne fait plus partie du naturel dans nos sociétés… »
Le point de vue des écologistes nourris au sein maternel
Voyageuse : Insupportable ! Laissez les femmes décider, chacune a ses raisons d’allaiter ou de ne pas le faire. Sans avoir à supporter les jugements extérieurs.
Lopau @ Voyageuse : L’article et les experts ne jugent pas les femmes qui ne veulent pas allaiter Ce sont les entreprises et leurs stratégies marketing qui sont dénoncées, stratégies qui relativisent, reconnaissez le, la liberté des femmes. Dans les années 70, Nestlé avait déjà été condamné pour avoir incité les mères des pays en développement à utiliser ses laits « maternisés » avec la perspective d’avoir ainsi de beaux enfants, comme en occident. Ceci eut pour résultat que les nourrissons furent plus denutris car les mères ne pouvaient acheter les quantités suffisantes.Et une fois l’allaitement maternel interrompu, c’était évidemment trop tard pour le reprendre
Jpg63 : En Afrique le marketing industriel encourageait cette pratique à grande échelle. Résultats catastrophiques. De nombreux bébés mouraient soit d’infections (préparation des biberons avec de l’eau non stérilisée), soit de malnutrition (pour économiser la poudre de lait, les mères diminuaient les doses). Ces pratiques de marketing ont été fortement dénoncées, dans ces pays il n’y avait aucune raison de substituer l’allaitement maternel par du lait maternisé (autres que générer du profit)
vlouise : au Cameroun dans les années 70 la publicité pour les laits en poudre poussait de nombreuses femmes à renoncer à l’allaitement. Mais très vite elles manquaient d’argent, et délayaient de moins en moins de poudre dans l’eau. Tant que c’était couleur de lait, elles pensaient que ça allait…
WesternDuck : On pourrait écrire le même genre d’article sur beaucoup d’autres produits/secteurs d’activité. La question qui se pose en filigrane est la limite entre la promotion d’un produit et la manipulation. On pourrait également questionner la pertinence du modèle de l’offre et de la demande face aux notions d’utilité et de nécessité. Difficile de poser les bonnes limites sur ces aspects sans toucher à la liberté individuelle et celle d’entreprendre, et pourtant elles sont nécessaires dans un monde où l’impact de la production sur l’environnement et le vivant en général est de plus en plus important.
Josphine : « Tu ne dois pas allaiter, tu seras fatiguée et tu ne pourras pas t’occuper du bb »… »N’allaite pas, c’est chiant, fais comme moi »…. »Arrête de l’allaiter, tu n’arrives plus à maigrir « … »Bon, passe au biberon, tu vas reprendre le boulot. Tu ne vas quand même pas tirer ton lait ? »… « Bon, arrête maintenant, ça fait 6 mois. Tu comptes l’allaiter jusqu’à ses 18 ans ? C’est incestueux « … »Ouhla on n’allaite pas en public «
Le Canard enchaîné (avril 2018) : Le lait pour bébé, c’est de la dynamite commerciale, un marché de 600 millions d’euros par an sur le milliard que génère l’ensemble de la baby food. Mais le lait bio de vache ne contient pas assez de graisses polyinsaturées, de fer et de vitamines pour les besoins d’un enfant en bas âge ; par ailleurs il est trop riche en protéines et en phosphore. Quant aux laits végétaux, ils peuvent être dangereux, risques d’anémies et de déficiences neurologiques. De quoi revigorer ceux qui rêvent d’imposer l’allaitement maternel jusqu’à six mois.
Sur notre site en 2010 : La voie de la décroissance commence par les actes les plus simples. On élevait les enfants au sein dans les années 1950, les femmes d’aujourd’hui en sont toujours capables. Dans les pays développés une femme allaite pourtant seulement pendant trois mois en moyenne, dans le Tiers-monde cette durée est de deux ans. En effet les firmes transnationales poussent la classe globale au lait maternisé dont on connaît pourtant les insuffisances. Le déclin actuel de la durée de l’allaitement se traduit par une élévation de l’indice du cancer du sein ; l’allaitement artificiel avant l’âge de quatre mois constitue un facteur significatif de manifestation d’asthme ou d’allergie ; les laits industriels ont une trop grande richesse en protéines qui prédispose non seulement à l’obésité, mais s’accompagnent aussi d’une carence en lactose et en acides gras insaturés indispensables au développement cérébral de l’enfant. Redonnez à la Nature la part qui est la votre, allaitez le plus longtemps possible.
-« L’article et les experts ne jugent pas les femmes qui ne veulent pas allaiter. Ce sont les entreprises et leurs stratégies marketing qui sont dénoncées […] » (Lopau @ Voyageuse)
Pour une fois qu’on a l’occasion de dénoncer le Système (le Business, le Pognon, les requins de la finance etc.) je trouve bizarre que cet article ne suscite aucune réaction.
Serait-ce encore le Surnombre, qui pousse les entreprises à user et abuser de ces stratégies marketing aussi pourries que catastrophiques ?
WesternDuck met le doigt sur le vrai problème. Il faut être d’une naïveté ou d’une mauvaise foi incroyables pour refuser d’admettre que le sacro-saint modèle de l’Offre et de la Demande est totalement pipé. Ne serait-ce qu’à cause de la Publicité. Le con-sot-mateur est malheureusement trop con, c’est vrai, mais la faute à qui ? Ou à quoi ? Comme avec la Poule et L’Œuf, bon courage pour démontrer quoi que ce soit.
En attendant, d’un côté nous avons la sacro-sainte liberté d’entreprendre, c’est à dire d’innover, de produire, n’importe quoi, même de la merde (l’argent n’a pas d’odeur)… assortie de celle de nous vendre des salades (Omo lave plus blanc que blanc ; Le Pass c’est la liberté ; La réforme est nécessaire et juste ; Le Poumon vous dis-je ! etc. etc.) … et de l’autre celle de travailler, consommer et fermer sa gueule.
La seule chose qui soit équitable, et ce quel que soit le côté où on se place, c’est le toujours plus.
Produire, polluer, engranger, travailler, consommer, déconner, toujours plus, jusqu’à ce que mort s’en suive. Et cause toujours tu m’intéresses !