Dans un avis de novembre 2011, l’IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire) estimait qu’« il n’est pas possible d’évaluer avec un degré de confiance suffisant » la robustesse des réacteurs pour des niveaux d’aléas supérieurs à ceux pris en compte lors de leur conception. Pourtant, selon le ministre de l’industrie et de l’énergie Eric Besson, « l’équilibre de la filière nucléaire n’est pas menacé par le prix à payer de la robustesse supplémentaire ». Qui croire, un établissement public sous tutelle des ministres ou un ministre sous tutelle des lobbies énergétiques ? Nous dirions de l’EPIC-IRSN qu’il n’est pas complètement autonome, nous dirions d’un politique qu’il veut seulement rassurer les peureux que nous sommes : donc leurs fonctions sont complémentaires, le mensonge n’est pas exclu.
Pourquoi mentir ? Henri Proglio est le PDG d’EDF, sa fonction est donc de nous mentir pour assurer la pérennité de son entreprise. S’appuyant sur la conclusion du rapport de l’ASN (Autorité de sûreté nucléaire), il juge qu’il n’y a aucune raison objective de fermer Fessenheim, ni aucune autre centrale. Ce n’est pas lui qui paiera les investissements exigés par l’ASN, ce sont les consommateurs ! La responsable d’un syndicat catégoriel en est encore à jouer l’argument usé de l’électricité « sans production de CO2 ». Tout et n’importe quoi pourvu qu’on préserve son gagne-pain. La ministre de l’écologie Nathalie Kosciusko-Morizet veut nous faire croire que la sûreté nucléaire se tiendra à distance de toute considération idéologique et économique, de tout débat partisan, de tout acte de foi. Mais NKM se retranche derrière l’avis de l’ASN, « pas de fermeture immédiate d’un réacteur ». NKM se retranche derrière la décision d’EDF, « un exploitant peut choisir de fermer une installation ». La ministre NKM ménage la chèvre et le chou, elle a simplement oublié qu’un gouvernement national est là pour trancher dans l’intérêt public !
Quel calcul avantage/coût ? François Brotte, le M.Energie de François Hollande, juge que « la sécurité n’a pas de prix ». Nathalie Kosciusko-Morizet affirme qu’on prendra toute mesure nécessaire pour augmenter la sûreté, « quel qu’en soit le coût ». Droite-gauche, même combat. Mais une telle exigence de sécurité illimitée devrait entraîner ipso facto l’arrêt du nucléaire, car le coût de la sécurité serait incommensurable. La commande du gouvernement à l’ASN se limitait aux risques de séismes et d’inondations. Le débat sur le coût réel du maintien du choix nucléaire n’est pas ouvert et ne le sera pas : EDF a déjà minimisé la somme nécessaire pour les travaux demandés par l’ASN. Le passé ne plaide pas en faveur d’EDF. Jusqu’à présent le coût de retraitement des déchets n’a jamais été pris en compte. Un rapport de la Cour des Comptes sur le financement du cycle de vie de la filière nucléaire est attendu pour fin janvier 2012. Pas trop tôt ! C’est en 1973 qu’un Conseil des ministres avalisera la construction d’une première tranche de 13 réacteurs nucléaires sans savoir ce qu’on ferait des déchets nucléaires. Inconscience ! Il faut donc sortir du nucléaire.
Quel est le risque du nucléaire ? Les autorités chargées de contrôler le nucléaire ont jusqu’à présent adopté des raisonnements de type probabiliste. Quand un événement avait peu de chances de se produire, on ne le prenait pas en compte sur le plan des contraintes de sécurité. Pourtant quatre accidents majeurs de réacteurs se sont produits au cours des 30 dernières années sur un parc mondial de 450 réacteurs. Le calcul des probabilités officiel n’en imaginait que 0,014 sur la même période ! Même Henri Proglio (EDF) a décidé aujourd’hui d’écarter la notion de probabilité et d’intégrer l’improbable dans les scénarios. Mais alors il n’y a pas de nucléaire sûr, il n’y a que des centrales moins vulnérables que d’autres. Et l’improbable, c’est aussi l’erreur humaine ou l’action de terroristes. Risque maximum ! Il faut donc sortir du nucléaire.
Quel avenir pour le nucléaire ? Rémy Prud’homme s’appuie sur une vague étude de 2010 de l’AIE (200 études de cas dans une vingtaine de pays) pour estimer le coût du MWh nucléaire à 42 euros. Selon Proglio, le prix du MWh passerait de 46 euros avant Fukushima à peut-être 50 euros après. Calcul approximatif. Il faut renforcer le radier (le socle de béton) de Fessenheim, mis en service en 1978. Proglio se garde bien d’en chiffrer le coût. Selon les écologistes, 600 à 800 millions d’euros sont nécessaires pour la remise à niveau de Fessenheim. Proglio se contente de dire que le surcoût global des mesures prises après Fukushima sera de 10 milliards d’euros. Il est impossible de débattre du coût du nucléaire car la « vérité » des prix relève de l’idéologie. Par contre on sait que la suppression d’une centrale nucléaire ne coûterait que 3000 emplois directs en moyenne. On peut donc sortir du nucléaire. Il suffit de consommer moins d’électricité…
Source d’information : LE MONDE du 5 janvier 2012
– éditorial du MONDE : du culte de l’atome au principe de réalité
– Henri Proglio : « La capacité d’investissement d’EDF sera au rendez-vous »
– Nathalie Kosciusko-Morizet : « Je ne veux pas entrer dans une logique de marchandage »
– Greenpeace déplore un travail incomplet de l’ASN
– En finir avec l’atome d’ici à 2030, c’est possible ! (Benjamin Dessus, Bernard Laponche)
– Les écologistes estiment que débattre du coût du nucléaire n’est plus « tabou » (Anne-Sophie Mercier)
– La CGT soutient à fond la filière
– Une protection renforcée des fonctions vitale en cas d’accident (Pierre Le Hir)
– L’arrêt du nucléaire coûterait cher aux Français en emplois (Rémy Prud’homme)
– Moins de 2 % de hausse des factures, selon Eric Besson
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La technique actuellement n’est pas la solution, elle est le problème.
Vouloir accroître notre production d’énergie, c’est refuser de limiter nos besoins,
c’est peser toujours plus sur une planète dont on a déjà dépassé les capacités de charge.