Cette autobiographie de Michel SOURROUILLE, « Fragments de vie, fragment de Terre (Mémoires d’un écolo) », est éditée chaque jour par épisode sur ce blog biosphere tout au cours des mois de juillet et août.
Techniques douces contre techniques dures
Quelques idées générales : L’objecteur de croissance montre qu’il a le sens des limites, il estime que la capacité de charge de la planète a été dépassée. Mais à partir de quel seuil la limite est-elle franchie ? Vaste débat que nous pouvons appliquer aux techniques. Voici un exemple de classement, des techniques les plus douces aux techniques les plus inacceptables (en rouge) :
– techniques douces > techniques dures
– Energies renouvelables > énergies non renouvelables
– Energie humaine > solaire passif > éolien > hydroélectrique > bois > biomasse > photovoltaïque > agrocarburants > Gaz > pétrole > charbon > nucléaire
– économie non monétaire > banque de temps > monnaie locale > pièces et billets > monnaie scripturale (chèque) > carte bancaire
– Marche > vélo > roller > cyclopousse> diligence > cheval > tramway > train > autobus > taxi > TGV > voiture individuelle > avion
– Maison non chauffée > chauffage géothermique > chauffage au bois > au gaz > à l’électricité > au fuel > au charbon
– Bouche à oreille > téléphone fixe > téléphone mobile > mobile 3G > nouvelle génération…
– Radio > cinéma (collectif) > télévision noir et blanc (individualisée) > télévision couleur > passage au numérique
– Enterrement bio > sépulture > incinération
– Naissance à domicile > maison de naissance (sage-femme) > clinique (médicalisation)
En février 1971, je ne pouvais pas encore comprendre en quoi la différence entre techniques dures et techniques douces était importante. Je me contentais d’écrire par exemple: « L’éclairage électrique a liquidé le régime de la nuit et du jour, de l’intérieur et de l’extérieur (Marshall Mac Luhan). » Je voyais bien qu’il s’agissait d’une remise en question du temps et de l’espace, mais sans en voir les conséquences. En mars, je suis plus prolixe : « Dans le secteur industriel, on peut dorénavant déceler des limites au travers des déboires du progrès technique. Certaines techniques pourtant maîtrisables nous sont interdites comme les longs courriers supersoniques (SST) qui brûlent trop d’énergie. L’application civile de l’atome se révélera un jour impossible à cause des faibles réserves d’uranium, du danger des radiations et du problème des déchets. L’équilibre oxygène/gaz carbonique dans l’air est rompu, les ressources en eau posent problème. » Après l’abandon par les Américains du SST, Galbraith affirme : « Il est aussi peu probable que le Concorde puisse se poser sur les aéroports US que de trouver un glaçon en enfer. Je dois avouer que j’ai toujours été confondu de voir des gouvernements s’engager pour permettre à quelques magnats des affaires et aux riches oisifs de gagner deux ou trois heures de trajet. » Pourtant, dans Sud-Ouest du 6 avril 1970, Marcel Dassault affirmait que dans dix ans tous les avions long courrier seront supersoniques et que certains moyen courriers le seront également !
Au milieu de mes notes disparates, rien ne pouvait égaler le message d’Ellul… qui écrivait en 1960 : « La machine a créé un milieu inhumain, concentration des grandes villes, manque d’espace, usines déshumanisées, travail des femmes, éloignement de la nature. La vie n’a plus de sens. Il est vain de déblatérer contre le capitalisme : ce n’est pas lui qui crée ce monde, c’est la machine… Lorsque la technique entre dans tous les domaines et dans l’homme lui-même qui devient pour elle un objet, la technique cesse d’être elle-même l’objet pour l’homme, elle n’est plus posée en face de l’homme, mais s’intègre en lui et progressivement l’absorbe. » (La technique ou l’enjeu du siècle de Jacques ELLUL – réédition Economica, 1990)
En mars 1972, j’assiste à la fac de sciences à une conférence de Grothendieck, l’un des plus grands mathématiciens du XXe siècle. Il est complètement chauve, a un accent étrange, mais sa parole est vraie : « Je ne suis pas venu pour faire un cours. Que ceux qui sont au fond veuillent bien descendre pour prendre part à la discussion. » Je trouve avec délice encore plus radical que moi. Grothendieck : « La plupart des scientifiques disent faire de la recherche pure parce que ça leur fait plaisir, les autres parce que c’est bon pour l’humanité. En réalité, c’est pour le salaire ! La fonction de l’enseignement n’est pas fonction de nos besoins mais consiste en une série d’obstacles inutiles qui ne servent à rien. Il est difficile de parler de nous en public, or c’est de cela qu’il faut ici parler, et non de concepts théoriques, que ce soit le binôme de Newton ou la lutte des classes. » Grothendieck nous parle aussi de la plénitude de la vie contre la spécialisation abusive : « Une mutilation, une monstruosité que de faire des math à longueurs de journées. » Trois heures après, la réunion continuait… La méthode Grothendieck consiste à parler de lui en introduction, puis le reste du temps il répond directement aux questions avec un bon sens, une vision du monde extraordinaire. Mais le soir, nouvelle intervention au lycée Michel Montaigne de Bordeaux, les questions des lycéens ont montré à quel point « l’amour des études » bloquait la discussion.
Mai 1972, je suis maintenant persuadé que l’évolution de la techno-science est destructrice. Statistiquement il apparaît que nous commettrons tôt ou tard une erreur scientifique ou humaine qui sera catastrophique pour l’environnement. Le fossé, l’écart entre ceux qui ont « la connaissance » et les autres ne fait que croître. Depuis 1920, et même 1890, on ne découvre rien de très important dans les laboratoires ! J’apprends que Peter Harper a mis au point des technologies douces (alternative technology) pour recycler les déchets, utiliser l’énergie du soleil, faire de la culture organique et vivre sans gadgets ni jeux télévisés.
Je lis avec passion le numéro spécial du Nouvel Observateur de juin-juillet 1972 (La dernière chance de la Terre »). Un tableau comparatif qu’il présente me donne une vision claire des différences entre techniques douces et dures :
Sociétés à technologies dures |
Communautés à technologies douces |
Grands apports d’énergie Matériaux et énergie non recyclés production industrielle priorité à la ville séparé de la nature limites techniques imposées par l’argent… |
Petits apports d’énergie matériaux recyclés et énergie renouvelable production artisanale priorité au village intégrée à la nature limites techniques imposées par la nature… |
Ivan Illich a théorisé le refus de certaines techniques : « Je distingue deux sortes d’outils : ceux qui permettent à tout homme, plus ou moins quand il veut, de satisfaire les besoins qu’il éprouve, et ceux qui créent des besoins qu’eux seuls peuvent satisfaire. Le livre appartient à la première catégorie : qui veut lire le peut, n’importe où, quand il veut. L’automobile, par contre, crée un besoin (se déplacer rapidement) qu’elle seule peut satisfaire : elle appartient à la deuxième catégorie. De plus, pour l’utiliser, il faut une route, de l’essence, de l’argent, il faut une conquête de centaines de mètres d’espaces. Le besoin initial multiplie à l’infini les besoins secondaires. N’importe quel outil (y compris la médecine et l’école institutionnalisées) peut croître en efficacité jusqu’à franchir certains seuils au-delà desquels il détruit inévitablement toute possibilité de survie. Un outil peut même croître jusqu’à priver les hommes d’une capacité naturelle. Dans ce cas il exerce un monopole naturel ; Los Angeles est construit autour de la voiture, ce qui rend impraticable la marche à pied. » (La gueule ouverte, interview d’Ivan Illich – juillet 1973)
Il nous faut donc définir les limites technologiques à ne pas dépasser. Ivan Illich estime dans son livre La convivialité (Seuil, 1973) que nous y arriverons tôt ou tard : « Quand la crise de la société surproductive s’aggravera, ce sera la première crise mondiale mettant en question le système industriel en lui-même et non plus localisée au sein de ce système. Cette crise obligera l’homme à choisir entre les outils conviviaux et l’écrasement par la méga-machine, entre la croissance indéfinie et l’acceptation de bornes multidimensionnelles. La seule réponse possible : établir, par accord politique, une autolimitation. » (à suivre, demain)
Une vision d’ensemble de cette autobiographie :
Mémoires d’un écolo, Michel SOURROUILLE
01. Un préalable à l’action, se libérer de la religion
02. Une pensée en formation, avec des hauts et des bas
03. En faculté de sciences économiques et sociales, bof !
04. Premiers contacts avec l’écologie
05. Je deviens objecteur de conscience
06. Educateur, un rite de passage obligé
07. Insoumis… puis militaire !
08. Je deviens professeur de sciences économiques et sociales
09. Du féminisme à l’antispécisme
10. Avoir ou ne pas avoir des enfants
11. Le trou ludique dans mon emploi du temps, les échecs
12. Ma tentative d’écologiser la politique
13. L’écologie passe aussi par l’électronique
14. Mon engagement associatif au service de la nature
15. Mon engagement au service d’une communauté de résilience
16. Ma pratique de la simplicité volontaire
17. Objecteur de croissance, le militantisme des temps modernes
18. Techniques douces contre techniques dures
19. Je deviens journaliste pour la nature et l’écologie
21. Ma philosophie : l’écologie profonde
« La question n’est pas de dire si les éoliennes et les panneaux solaires “destroyent“ plus ou moins l’environnement que le nucléaire. Ni ce qu’il convient d’entendre par renouvelable (durable, propre, vert etc.) »
Ben si justement ! Dans le genre escroquerie intellectuelle tu es un champion ! Car à partir du moment où l’on constate factuellement que la construction d’éoliennes et de panneaux solaires destroye encore plus l’environnement que le nucléaire, alors cela veut dire que c’est le nucléaire la méthode douce puis les éoliennes/panneaux solaires les méthodes dures ! A croire que tu as des actions sur les éoliennes ? D’autant plus que le mot « renouvelable » concernant les éoliennes et panneaux solaires est mensonger ! Puisque les constructions d’éoliennes et de panneaux solaires se limitent aux quantités d’énergies fossiles que l’on pourra consacrer pour les fabriquer !
A noter qu’il faille changer les panneaux solaires et éoliennes tous les 20 ans ! En l’occurrence, les éoliennes/panneaux solaires semblent ne pas dépenser d’énergie pendant leur fonctionnement mais en dépensent énormément pour leurs fabrications qu’il faut sans cesse renouveler tous les 20 ans ! En plus de leur entretien ! Ben oui les techniciens qui réparent doivent procéder à beaucoup plus de déplacement puisque les éoliennes et panneaux solaires sont éparpillés sur tout le territoire, autant de carburant de voiture qui y passe ! Ces dits énergies renouvelables sont du green-washing ! Du pipeau ! J’aimerai bien que Michel nous expose tout l’inventaire des énergies fossiles cramées pour les fabriquer, et tous les métaux plus ou moins rares nécessaires, qu’il nous montre les mines de métaux et de charbon en photo ?
N’oublie pas aussi les pales géantes de ces hideux moulins à vent faites en fibre de verre et non recyclables .
Les panneau PV sonr ils recyclables (l’encadrement est fait d’ alu mais les cellules elles-mêmes ?)
Et le béton qui fait un énorme pied de champignon ! Il n’est pas réutilisable ! Quand une éolienne est morte au bout de 20 ans, il faut refaire tout le béton, on ne repose pas la nouvelle éolienne sur le même emplacement ! Bref, énormément de sable prélevé sur les plages pour refaire le béton à chaque fois ! Sans compter que ces moulins à vent destroyent nos beaux paysages et les animaux qui en meurent !
– « [ blablabla ]
A croire que tu as des actions sur les éoliennes ? [ et patati et patata ] »
A croire que tu as des actions sur le nucléaire !
Comme d’habitude tu ne comprends rien à ce que tu lis. D’où tout ce baratin hors sujet et autres conneries. Mais bien sûr le Champion en la matière c’est pas Toi mais moi. Bref, n’importe quoi, comme d’habe !
Les énergies renouvelables ne sont pas si renouvelables que ça ! Par exemple les éoliennes utilisent énormément plus de matériaux que les centrales nucléaires ! A savoir le béton dont le sable est ponctionné sur nos plages ! Mais aussi les métaux qui sont extraits des mines grâce aux énergies fossiles; notamment la métallurgie pour façonner les métaux dépendant aussi d’énergies fossiles tel le charbon ! A savoir aussi le cuivre, le fait que les éoliennes sont éparpillées sur tout le territoire, il faut beaucoup plus de cuivre que pour le nucléaire !! Si on devait fabriquer des éoliennes et des panneaux solaires à partir d’autres éoliennes et panneaux solaires, alors le rendement serait négatif !! Le soit disant rendement de ces dits énergies renouvelables sont ultra dépendants des énergies fossiles ! Sans pétrole, gaz, charbon et même nucléaire pour fabriquer ces éoliennes et panneaux solaires, et ben le prix ne serait plus le même !
Sans énergies fossiles les prix des énergies renouvelables seraient multipliés par x100 minimum ! Bref, le système n’est pas bouclé ! Et c’est mensonger que de dire que les éoliennes et panneaux solaires soient des énergies renouvelables ! Sans énergies fossiles ces éoliennes et panneaux solaires ne peuvent plus exister ! Plus exactement ces éoliennes et panneaux solaires sont du pétrole gaz charbon et nucléaire redéployés autrement ! Quand on voit tout le béton et les métaux qui faut extraire pour fabriquer des éoliennes et panneaux solaires, ça destroye beaucoup plus l’environnement que le nucléaire qui exige beaucoup moins de matériaux ! Bref, les éoliennes et panneaux solaires sont des méthodes dures de production d’énergie ! Et non pas des méthodes douces comme veut le faire croire cet article !
La question n’est pas de dire si les éoliennes et les panneaux solaires “destroyent“ plus ou moins l’environnement que le nucléaire. Ni ce qu’il convient d’entendre par renouvelable (durable, propre, vert etc.)
Le but de cet article est de nous faire comprendre la différence entre techniques (technologies) douces et dures. Et de comprendre l’aberration de ces dernières. Dont le nucléaire est justement un bon exemple, merci de nous en avoir parlé.
Par exemples, un casse-noix, un marteau, un ouvre-boîtes, un vélo… tout simples… sont des outils à ranger dans la catégorie des techniques dites douces.
Ces outils ne nécessitent que très peu de matières et d’énergie pour être construits, utilisés, réparés etc.
Par contre un marteau pilon (pour casser des noix), un ouvre-boîtes électrique (peu importe qu’il soit nucléaire, carboné ou éolien… internet (pour raconter des conneries)… sont des techniques dures. Autrement dit des conneries.