les experts HCB, on ne peut pas leur faire confiance

Le CCES* est composé majoritairement de porteurs d’intérêt, c’est à dire de personnes qui défendent des intérêts particuliers. Il ne peut donc exister de débat de fond sur les OGM. Les industriels et les syndicats inféodés à l’industrie agroalimentaire viennent de quitter le CCES, ne supportant pas le dialogue et le compromis. Ils n’acceptent pas qu’on « réserve une large place à la société civile et instaure un certain équilibre entre partisans et adversaires des OGM »**.  Ils ne sont pas habitués à la prise de décision commune et trouvent insupportable l’obligation de négocier. Ils sont « irrités » par la contestation et les faucheurs volontaires. Ils veulent faire directement pression sur la sphère politique. Ils veulent une gouvernance à l’ancienne, où la FNSEA copinait avec le ministère de l’agriculture dans les couloirs. Pour eux, rendre l’avis le plus éclairé possible consiste seulement à se rallier aux intérêts économiques et financiers des entreprises. Pourtant, ils sont de bonne foi !

La spécialisation à outrance de notre société fait que l’individu n’a plus une vue d’ensemble des réalités et contraintes, il ne discerne que les intérêts de sa propre chapelle. Un vrai expert, membre de la FNSEA ou de l’ANIA (Association nationale des industries agroalimentaires) devrait avoir une connaissance sociologique et pouvoir comprendre les revendications de la petite paysannerie. Il devrait intérioriser les intérêts de l’ensemble des acteurs dans et hors de la filière sans s’arc-bouter sur l’idée de « progrès technique ». Surtout il devrait comprendre que la technique simplificatrice de la manipulation génétique ne peut durablement batailler avec la complexité de la vie végétale : les prédateurs s’adaptent plus vite que nos pesticides. Faisons alliance avec les mécanismes du vivant sans vouloir imposer notre volonté de façon unilatérale.

Pour en savoir plus, dialogue avec un partisan des OGM

* CCES, Comité éthique, économique et social du Haut Conseil des biotechnologies (HCB)

** LE MONDE du 14 février 2012, Crise ouverte au Haut Conseil des biotechnologies

1 réflexion sur “les experts HCB, on ne peut pas leur faire confiance”

  1. Les conditions pour parvenir à un consensus acceptable sur la société que nous voulons. Chacun d’entre nous devrait :
    – avoir le temps de la réflexion.
    – avoir des connaissances de base en matière de philosophie, de sciences économiques, de sociologie, d’histoire…
    – avoir la capacité de se remettre en cause, ce qui nécessite une prise de distance avec soi-même.
    – avoir une écoute de l’autre, être ouvert à une argumentation différente de la sienne.
    – avoir une maîtrise de ses affects, de ses sentiments personnels, de ses préjugés et a priori.
    – adopter la démarche scientifique « l’hypothèse reste vraie, mais tant qu’on ne m’a pas démontré le contraire ».
    – chercher à approfondir ses connaissances par le choix de ses lectures, de sa fréquentation des médias.
    – ne pas être prisonnier de sa fonction sociale (son métier, ses responsabilités familiales ou politiques…), être libre.

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