Une présidentielle où l’inanité se dispute à la vacuité, ce n’est pas moi qui le dit, mais Michel Rocard dans une interview au MONDE*. Rocard met les points sur les « i », la croissance économique voulue tant par Sarkozy qu’Hollande et consorts est derrière nous : « Nous sommes partis pour des années de croissance faible et même de récession. Il faut le dire clairement…. D’abord la crise financière n’est pas réglée… Et il y a le pic pétrolier qui sonne le glas de notre modèle de prospérité. La hausse des prix est inéluctable, elle va fortement peser sur le pouvoir d’achat, la récession menace… » Rocard veut que nous soyons radicaux dans nos manières de penser de nouvelles régulations : « Le monde de demain sera un monde de temps familial abondant, de soins aux enfants et de retour à des relations amicales festives… Une société moins marchande, moins soumise à la compétition, moins cupide. » Rocard ne parle pas explicitement de décroissance conviviale, mais les termes y sont !
Le seul problème du discours de Rocard, c’est son attachement diabolique au nucléaire : « La sortie du nucléaire va créer une véritable famine énergétique au moment où la quantité de pétrole et de gaz vont baisser. C’est suicidaire ! On ne peut imposer une telle brutalité, cela va conduire à la guerre civile. » Aucune mention des sinistres inconvénients du nucléaire, aucun appel à maîtriser nos consommations d’énergie. Rocard a 82 ans, il est encore dans ses souvenirs de jeunesse, mais au moins il sait que la croissance infinie dans un monde fini est une absurdité. Avec lui, la présidentielle aurait été un peu moins centré sur les choses inessentielles et les petites phrases.
* LE MONDE du 26-27 février 2012, La société de demain sera moins marchande et moins cupide