Tous les discours médiatisés ont un point commun : la croissance va revenir, on va s’en tirer, le cours ordinaire des choses reprendra à terme. C’est là l’illusion qui expose au danger. Car si rien ne change, nous savons que nous allons à la catastrophe.
Nous aurons dépensé 14 000 milliards de dollars en Occident pour sauver les banques et remettre le système financier en place depuis le début de la crise financière en septembre 2008. Un audit de la Réserve fédérale, en juillet 2011, révélait des prêts et garanties d’urgence de 16 000 milliards de dollars aux banques américaines et étrangères. Un chercheur indépendant arrive au total ahurissant de 29 000 milliards. On a convaincu les banques qu’on allait les sauver quoi qu’elles fassent, elles ont donc tout encouragement pour prendre à nouveau des risques inconsidérés. L’économie de casino est repartie de plus belle. Je prévois donc dans les dix ans qui viennent une autre crise financière qui sera plus dévastatrice encore.
Avec la finance, il est cependant possible de dire : « On s’est trompé et il faut se réorganiser du tout au tout. » Avec le climat, ce n’est pas possible. Je pense que la conscience qu’ont les gens de la gravité de la situation augmente, de façon probablement exponentielle. Nous voyons des initiatives absolument partout. Il faut en quelque sorte reconnaître la planète comme la « loi suprême ».
Susan George in Où va le monde ? Une décennie (2012-2022) au devant des catastrophes
Au moment même où quantité de livres se publient sur la thématique « 2012, année de fin du monde prédite par le calendrier maya » (j’ai été sidéré de voir une table entière d’ouvrages à la FNAC sur ce sujet), les hommes jouant à se faire peur en sachant très bien qu’il s’agit de billevesées, on balaie sous le tapis les vraies raisons de s’inquiéter.
Puis il y a eu une annonce, le 12 janvier, plus rituelle celle-là, mais aussi plus discrète : celle du Bulletin of the Atomic Scientists annonçant que l’horloge de la fin du monde qui, depuis 1947, prévient symboliquement l’humanité quand elle fait des pas vers son extinction ou la rassure quand elle prend des mesures pour s’en éloigner, était avancée d’une minute vers minuit. Il est désormais 23h55 à cette horloge et cette progression de la grande aiguille a été justifiée par l’absence de progrès dans la limitation tant de la prolifération nucléaire que des émissions de gaz à effet de serre. Le texte du communiqué précise : « La communauté mondiale pourrait être proche d’un point de non-retour dans ses efforts pour empêcher une catastrophe due aux changements dans l’atmosphère de la Terre. »
Pierre Barthélémy
http://passeurdesciences.blog.lemonde.fr/2012/03/13/lhumanite-sous-estime-t-elle-le-risque-de-sa-propre-extinction/