Tous les discours médiatisés ont un point commun : la croissance va revenir, on va s’en tirer, le cours ordinaire des choses reprendra à terme. C’est là l’illusion qui expose au danger. Car si rien ne change, nous savons que nous allons à la catastrophe.
Le modèle systémique World 3 (Limits to Growth, The 30-year Update – 2004), testé sur plus d’un siècle est un bon outil pour prévoir les tendances lourdes. Selon que l’on prenne des mesures palliatives plus ou moins sérieuses, l’effondrement – le collapse – se situe en 2030 et 2070 : 2030, en raison de la crise des énergies non renouvelables (pétrole, gaz, charbon, uranium, terres rares, autres minéraux) ; 2070, en raison des pollutions, des dérèglements climatiques, de la désertification dans un monde qui compterait entre neuf et dix milliards d’habitants.
Les études des historiens nous apprennent que la vie perdure, tant bien que mal. En raison de la logique routinière, les grands projets programmés se poursuivent : autoroutes, aqueducs, aéroports, tunnels, centrales nucléaires et autres projets insoutenables comme le Grand Paris – alors que très probablement, il n’y aura bientôt plus de pétrole pour les faire fonctionner. Les avions repartent jusqu’à ce que, de blocages des dépôts de pétrole en faillites de compagnies aériennes, de plus en plus de destinations ne soient plus assurées. Et puis un beau jour plus un seul avion ne vole dans le ciel. Mais à ce moment-là, cela ne dérange plus personne. Les supermarchés ont fermé leurs portes, mais les Villes en transition s’efforcent de résoudre les problèmes d’intendance, y réussissant tant bien que mal.
Les mouvements antisystèmiques se développent, dans les villes en transition, les cités postcarbone, au sein des AMAP, par le biais d’échanges effectués avec des monnaies locales… Tout cela va dans un sens favorable au renforcement des organisations résilientes, autonomes et conviviales, constituant des oasis qui peuvent féconder le désert ou, au contraire être étouffées par lui. Outre le jardin familial et le bricolage qui résistent en toutes circonstances, deux institutions témoignent depuis le Néolithique d’une extraordinaire résilience : la petite exploitation paysanne et l’atelier artisanal. Ces deux institutions expliquent pourquoi et comment les Russes ont survécu à la décomposition de l’Union soviétique. Le message final est simple : le bonheur, la félicité se trouve dans la capacité à savoir limiter ses besoins.
in Où va le monde ? Une décennie (2012-2022) au devant des catastrophes
Jancovici, ardent défenseur du nucléaire, ce n’est pas la peine de le lire.
On trouve assez de bonnes lectures par ailleurs.
bonjour Albret
On ne peut condamner un auteur simplement sur une seule de ses idées !
Il vous faut lire « Changer le monde, tout un programme« . C’est source de réflexion…
La seconde guerre mondiale est arrivée alors que nous avions eu quelques années pour la voir venir, (mais pas plus de 5 ou 10) Devant la vraie nature et la vraie menace que représentaient Hitler et son parti, nous avons finalement fermé les yeux et finalement été soumis plus tard à de grandes difficultés (pardon pour l’euphémisme).
Pour la crise environnementale c’est pareil, mais nous sommes plus coupables encore car nous avons eu 20, 30, 40 ans pour la voir venir et nous fonçons tête baissée. Nous allons effectivement heurter le mur apres avoir été prévenus.
Relisez ce blog (Biosphère) lisez Jancovici, Neyrinck, Latouche, Cochet, Gras, Stoeckel, pour ne parler que des français, lisez tant d’autres, c’est écrit noir sur blanc, c’est imparable, et on y va quand même. Chronique d’une catastrophe aussi inévitable qu’annoncée. Dans ces difficultés je crois que la question démographique est centrale, pour l’avoir dit et redit je me suis fait et refait traité d’ayatollah vert, de fasciste et de malthusien (c’est encore pire pour ceux qui l’ignoreraient…) Parfois je ne sais plus quoi dire.