Bientôt des soldats français en Ukraine

Macron se pose en va-t-en guerre alors que le RN ou LFI s’en tiennent à « user de diplomatie »… Les uns s’appuient sur le principe « si tu veux la paix, prépare la guerre, les autres sur l’idéal « si tu veux la paix, prépare la paix ». Qui a raison ?

Conférence du président Macron médiatisée le 14 mars 2024, résumé : « La guerre est à nos portes, il y a entre Strasbourg et Lviv moins de 1 500 kilomètres. La responsabilité de cette guerre, la responsabilité des coups de boutoir qui sont donnés au front ukrainien, elle n’est que celle de la Russie. Si la Russie gagne cette guerre, la crédibilité de l’Europe sera réduite à zéro. Nous devons donc être prêts sans rien exclure, pas même le déploiement de militaires français sur le territoire ukrainien. Vladimir Poutine menace de faire usage du feu nucléaire afin de nous dissuader d’envoyer des renforts en Ukraine. Brandir cette menace, ce n’est pas approprié puisque la France a aussi a l’arme nucléaire. Nous devons nous sentir particulièrement protégés parce que nous sommes une puissance dotée. Choisir de voter contre un soutien à l’Ukraine, ce n’est pas choisir la paix, c’est choisir la défaite. »

Faut-il défendre les systèmes démocratiques par les armes ? Nous laissons à chacun son appréciation de la situation posée par un dictateur russe qui empêche toute libre expression à son peuple. Nous préférons donner un résumé de la pensée de Michel Sourrouille, objecteur de conscience dont l’a très longue analyse est déjà parue sur ce blog :

Manifeste du pacifisme (Michel Sourrouille, 2010)

– Désobéir pour la paix est à la fois un acte individuel et un acte collectif. La démarche de l’objecteur de conscience, refusant l’armée pour des motifs personnels, ne peut en réalité se concevoir que dans une vision de la société désirable et dans la volonté de faire partager un idéal. Car la recherche de la paix a le mérite de poser publiquement des questions fondamentales : Quel type de société mérite d’être défendu ? Contre qui ? Par quels moyens qui soient à la fois efficace et justes ?

– Une majorité de la population adhère au principe « la fin justifie les moyens » : la guerre est horrible, certes, et terribles les atrocités qu’elle entraîne, mais il faut bien défendre sa communauté et son territoire. Contre ce point de vue patriotique, tu peux désobéir à l’idée nationaliste et te déclarer citoyen du monde, allergique au drapeau et aux frontière nationales. On ne devrait pas se sentir plutôt français que brésilien ou burkinabais. Notre lieu de naissance ne fait pas notre identité.

– Il serait dangereux de se laisser aller à un antimilitarisme sommaire : un peuple a le droit et le devoir de se défendre contre une agression extérieure. Certains préconisent un système de défense qui consiste à armer la population et à fonder la résistance sur des milices populaires. Il ne paraît pas déraisonnable d’étudier aussi la possibilité d’une stratégie de défense non armée. Les objecteurs norvégiens au service militaire ont obtenu en 1971 l’institution d’une école de préparation au service alternatif, dont le programme comporte l’étude des techniques non violentes dans la solution des conflits internationaux.

– A la différence de la défense nationale armée, qui a pour seul but la défense du territoire national, la défense civile non violente est la prolongation particulière d’une attitude permanente à l’égard de l’injustice sociale et du pouvoir. L’attitude non-violente dépasse alors le problème de la guerre et de la paix. Il y a continuité entre la lutte intérieure pour une plus grande justice, et l’action contre un envahisseur ; ce sont les mêmes techniques qui sont utilisées dans les deux  cas, dans le même esprit.

– Un comportement qui suppose que la peur du gendarme et de la loi ait été surmontée par les opprimés, et qu’ils soient prêts à supporter les conséquences de leur attitude, n’est pas beaucoup plus héroïque que celui du soldat sur le champ de bataille qui est prêt à mourir. De plus un comportement non-violent présente l’énorme avantage de permettre à tous de voir où est l’injustice, où est l’oppression. Les actes de violence finissent toujours, au contraire, par cacher la cause, si juste soit-elle, pour laquelle on se bat.

– Une prise de conscience écologique qui s’associerait à la construction progressive d’une société où les relations entre les hommes et le milieu naturel seraient différentes pourrait être un élément dynamique puissant pour désobéir à la société thermo-industrielle. Autant la défense nationale armée convient à une société hiérarchisée, orientée vers la production et la consommation de masse, autant la défense civile n’est concevable qu’au sein d’une société décentralisée dans tous les domaines, relativement égalitaire, organisée en unités de vie et de production autonomes.

Si je vivais dans l’Allemagne nazi, j’essaierai de tuer Hitler. Si je vivais en Russie…

9 réflexions sur “Bientôt des soldats français en Ukraine”

  1. Je vois que Macrelle fait le vat’en guerre sûrement pour des raisons de politique intérieure et pour se positionner en Europe comme un chef de file pour une élection possible au conseil européen.
    Mais je pense surtout qu’il est le relais du vieux Bide et c’est grave car agiter le chiffon rouge ne peut que dégénérer . L’escalade peut déboucher sur la guerre.
    Moi , je suis un vrai pacifiste et tout ceux qui adoptent un langage guerrier sont des irresponsables qui se laissent manipuler.
    Si les Russes ne sont pas contents de Poutine, qu’ils le zigouillent mais ce n’est pas à nous de le faire.

  2. Le texte suivant a été censuré plusieurs fois par la « modération » du journal LE MONDE. La vie d’un tyran, inattaquable même s’il déclenche une guerre meurtrière ?
    «  Bien qu’objecteur de conscience, si je vivais dans l’Allemagne nazi, j’essaierai de tuer Hitler. Si je vivais en Russie…
    – Le refus de l’usage collectif des armes n’empêche par le réalisme : depuis La Boétie en l’an 1576, on sait que le pouvoir des tyrans ne résulte que de la servitude volontaire des dirigés. Si les apprentis tyrans savaient qu’ils sont à la merci de n’importe lequel de leurs soutiens, ils feraient en sorte de modérer leur décision et l’idée d’envahir l’Ukraine ne leur effleurerait même pas l’esprit.
    – Le refus de l’usage collectif des armes n’implique pas qu’on ne puisse pas se défendre en faisant personnellement usage d’une arme pour préserver sa propre vie, sa famille ou tout un peuple. »

  3. Positionnement en Allemagne par rapport à une motion du groupe conservateur (CDU-CSU) qui réclame la livraison de missiles Taurus à l’Ukraine.
    Agnieszka Brugger (groupe écologiste) : « L’Allemagne doit tout faire pour que l’Ukraine puisse gagner la guerre et cela passe par la livraison d’armes de longue portée comme les Taurus… »
    Le chancelier Olaf Scholz (SPD sociaux-démocrates) : « Il est exclu de livrer des systèmes d’armes de grande envergure qui ne peuvent être fournis de manière judicieuse sans l’engagement de soldats allemands. Or, en tant que chancelier, j’ai la responsabilité d’empêcher que l’Allemagne participe à cette guerre. »
    Alexander Müller (FDP, libéraux :  « Prenez l’Espagne : ce pays a des Taurus et, pourtant, il n’y a pas de soldats allemands en Espagne pour les manipuler. Face à Poutine, il faut avoir des positions claires. Tout le reste est de la soumission »

    1. Mme Brugger (Verts) : « C’est le fait d’hésiter et de procrastiner qui peut conduire à l’escalade, car, en montrant que nous avons peur au criminel de guerre sans scrupule qu’est Vladimir Poutine. lui-même se dira qu’il peut aller encore plus loin dans la brutalité… »

  4. – « La guerre est à nos portes, il y a entre Strasbourg et Lviv moins de 1 500 kilomètres. »

    Premier problème, l’histoire est connue, à force d’entendre braire les oies pour un âne qui passe, plus personne ne sait où est le vrai danger.
    Voilà 7 ans qu’ON nous chante qu’ON est en guerre :
    – « Ânons zenfants de la Patri iyeuh, le jour de gloiréééé tarivé ! Aux zaaaar, meuh citoyens ! Forméééé vos bataillons, marchons marchons et patati et patata ! »
    Même qu’il n’y a pas longtemps l’Ennemi était dans nos murs. Jusque dans nos draps, zégorger nos fils zé nos compagnes. Nom de dieu ce qu’ON tremblait dans les chaumières !
    Et puis un jour il a disparu, comme il est venu, pour laisser la place à telle ou telle autre saloperie. Faut croire qu’ON s‘emmerde grave en temps de paix. Et qu’ON adooore la merde. Misère misère !
    – « Nous sommes en guerre » : le verbatim du discours d’Emmanuel Macron
    ( Le Monde 16 mars 2020 )

    1. Si celle-ci est à nos portes (1500 km), pensons un peu à nos voisins et amis polonais.
      Comment se porte le vieux couple russo-polonais, Duda veut-il envoyer lui aussi ses troupes sur le terrain, est-il aussi méchant que l’est Manu avec cette saloperie de Poutine ?
      – Pologne : Duda affirme que parler avec Poutine c’est comme dialoguer avec Hitler (challenges.fr 06/06/2022)

      Bref, là non plus pas besoin d’être gastro-entérologue ni d’avoir fait l’Ena pour dire que cette guerre c’est la merde. Seulement maintenant qu’elle est là, bien réelle, bien puante, que la France aussi y est bien enlisée… comment s’en sortir ?

      1. – « Si je vivais dans l’Allemagne nazi, j’essaierai de tuer Hitler. Si je vivais en Russie… »
        Pas mal de la part d’un pacifiste, non ? Mais bon, faut pas non plus con fondre un pacifiste avec un bisounours. Sans être un spécialiste, je sais qu’il existe des bombes super intelligentes, super précises, chirurgicales comme ON dit… et donc que c’est techniquement possible.
        Seulement le fumier risque alors de passer pour un martyr. De toutes façons, les grands malades, hélas ce n’est pas ça qui manque. En Russie et ailleurs.

        1. Didier BARTHES

          Mais finalement Michel C vous préconisez quoi ? Je n’ai pas compris

        2. Mon cher Didier, même si je partage l’objectif de Macron («La Russie ne peut pas et ne doit pas gagner cette guerre»… là non plus je n’ai pas la Solution.
          Bien sûr, la France peut (doit ?) fournir des armes et des munitions aux ukrainiens.
          Mais comment pourrait-elle leur en fournir plus qu’elle en possède, ou peut en produire ? (Pareil pour les hommes). Que ça nous plaise ou non il y a des limites à tout, sauf à la bêtise humaine, c’est entendu. Je reste donc fermement opposé à cette «aucune limite» macronienne.

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