SNU, service national universel, un échec

Jeunes Français, attention le SNU n’est pas fait pour vous. Le service national universel, c’est une marotte de Jupiter Macron qui se croit revenu aux temps de la conscription obligatoire. Le SNU est en réalité devenu un véritable serpent de mer qu’on voit de temps en temps et qui disparaît tout le temps.

Promesse de campagne du candidat Emmanuel Macron lors de l’élection présidentielle de 2017, le service national universel a été confirmé en tant que chantier du mandat présidentiel à l’occasion des vœux du président de la République aux armées le 23 janvier 2018. C’est dès lors un programme virtuel mis en place par le Premier ministre français Édouard Philippe à partir de 2019. À l’issue du Conseil des ministres du 27 juin 2018, Édouard Philippe annonce passer à la mise en place effective d’un service national universel d’une durée d’un mois pour tous les jeunes de 16 ans dans le prolongement de l’obligation scolaire.

Le 4 mars 2019, le secrétaire d’État annonce enfin le lancement officiel de la campagne de recrutement des jeunes volontaires pour la phase de « préfiguration » dans 13 départements volontaires. C’est un programme de deux semaines seulement : réveil à 6h30 , cérémonie de lever des couleurs avec le salut au drapeau et chant de la Marseillaise ; les soirées seront consacrées à un débat sur « des enjeux de société » comme l’égalité femme-homme ou encore le harcèlement en milieu scolaire. Dès la rentrée 2019, il est annoncé que le service national universel sera pérennisé et devra concerner au moins 400 000 jeunes d’ici 2022. On va voir ce qu’on va voir ! Mais s‘agissant du cadre juridique, une réforme constitutionnelle est nécessaire : l’article 34 interdit la sujétion des citoyens pour autre chose que la défense nationale. De plus un projet de loi est nécessaire pour rendre le dispositif obligatoire et en définir ses modalités. Patatras ! Le gouvernement annonce que l’examen du projet de loi constitutionnelle n’est pas à l’ordre du jour immédiat.

En l’absence de toute base légale pour le SNU, les opérations de 2019 et 2020 ont rétrospectivement suscité moultes interrogations. Mais le 14 juillet 2022, Emmanuel Macron persiste et signe : il ordonne aux armées de s’investir « plus et mieux dans le grand projet de service national universel (SNU) qu’il porte ». Quelques mois plus tard, Emmanuel Macron annonce dans ses vœux 2023 aux Françaises et aux Français qu’il posera « dans les toutes prochaines semaines les jalons d’un service national universel ». Le 29 mars 2023, Emmanuel Macron annonce renoncer à rendre le SNU obligatoire pour tous les jeunes.

Pourtant on perçoit encore parfois la tête du serpent. Les inscriptions au SNU 2024 s’ouvrent soi-disant le lundi 6 novembre 2023 pour tous les jeunes âgés de 15 à 17 ans. Les volontaires vont se retrouver dans un « centre SNU » pendant douze jours. Le 1er ministre Gabriel Attal annonce même dans son discours de politique générale du 30 janvier 2024 la généralisation du SNU à partir de la rentrée scolaire 2026. Blabla blabla. Le secrétaire d’Etat chargée du SNU est directement rattachée au ministère des armées.

Le SNU vise, selon la communication du Gouvernement, à proposer « un moment de cohésion visant à recréer le socle d’un creuset républicain et transmettre le goût de l’engagement », à « impliquer la jeunesse française dans la vie de la Nation » et à « promouvoir la notion d’engagement et favoriser un sentiment d’unité nationale autour de valeurs communes ». Salut au drapeau, le petit doigt sur la couture du pantalon, une posture signe d’obéissance et de soumission à l’autorité. Tout ce qu’il faut détester en système démocratique…

Le SNU dans un quotidien de référence

https://www.lemonde.fr/societe/article/2022/07/14/emmanuel-macron-exhorte-les-armees-a-developper-le-service-national-universel_6134697_3224.html

Visiblement, le Service national universel (SNU) n’a pas encore trouvé sa place. Le président français, Emmanuel Macron, a demandé, mercredi 13 juillet 2022, aux armées françaises de « faire davantage » pour développer cette promesse de campagne présidentielle visant les jeunes, afin de mobiliser « toute la société française ». « Il ne s’agit pas de militariser la jeunesse, encore moins la société, mais au moment où la nation a besoin de retrouver le sel de son histoire, son sens profond (…), la République a besoin que vous fassiez davantage. » Le SNU se déroule en plusieurs phases. Pendant quinze jours, les jeunes participent d’abord à un « séjour de cohésion », moment de vie collective en dehors de leur département d’origine. Puis ils doivent s’engager auprès d’une association, d’une administration ou d’un corps en uniforme, pour une mission d’intérêt général de 84 heures.

https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/03/02/snu-emois-autour-d-une-possible-generalisation-du-programme_6163900_3224.html

Se réveiller tôt, enfiler son uniforme, participer à la levée du drapeau français, chanter La Marseillaise avant de se rendre à des activités diverses autour de l’autodéfense, de l’engagement, de la sécurité routière ou du climat. Ce rituel qui ouvre chaque journée du service national universel (SNU) aujourd’hui sera-t-il bientôt une réalité pour les 800 000 élèves de 2de ? Cette hypothèse d’une généralisation qui vaudrait obligation provoque l’ire du milieu éducatif et des organisations de jeunesse. Le SNU repose aujourd’hui sur un décret de 2020, et, eu égard aux libertés individuelles, impossible de le rendre obligatoire sans passer par une loi. En juin 2019, le Conseil d’Etat avait même estimé qu’une révision de la Constitution serait nécessaire. Depuis sa création en 2019, le SNU est composé d’un « séjour de cohésion » de deux semaines, puis d’une mission d’intérêt général de quatre-vingt-quatre heures.

https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/07/14/au-c-ur-du-service-national-universel-et-de-ses-ambiguites-ce-n-est-ni-l-armee-ni-la-colo_6181907_3224.html

Cette formation à la citoyenneté d’un nouveau genre, qui se déploie non sans débat et polémique depuis 2019 alors que l’idée de la rendre obligatoire a longtemps plané, s’inspire de certains codes de l’armée sans être un service militaire. Difficile de définir ce service national universel tant il joue sur plusieurs registres : un cadre strict, un programme éclectique qui balaie tous les pans de la citoyenneté et une ambiance de colonie de vacances entre ces adolescents, dont le sujet de conversation favori reste les idylles naissantes ou supposées au sein de la promotion.

4 réflexions sur “SNU, service national universel, un échec”

  1. François Diebolt

    La république à laquelle se réfère Macron, ressemble à la république de d’Adolphe Thiers (la IIIème), qui était aussi un simulacre de démocratie. Notons qu’il a montré des velléités de réhabiliter le pétainisme. Il semble bien satisfait des outils (49.3) que met à sa disposition la Vème république instaurée par un général putschiste.
    Voilà pour le mot clé république, la confusion que l’on entretient autour, et toutes ses valeurs supposées mais jamais explicitées.
    Tous les bellicistes initiateurs de guerres, de génocides et autres boucheries ont surfé sur les mots nation et patrie. Ici aussi l’absence de définitions claires a ouvert la porte à tous les abus.
    Il y a mieux que les armes pour promouvoir la notion d’engagement et favoriser un sentiment d’unité. La vie collective et l’unité se construit mieux autour de l’entraide, de la compassion et de la solidarité envers ses proches et le reste de l’humanité en faisant fi des frontières.

  2. Didier BARTHES

    Les gens qui nous proposent de refaire le service militaire… Ils ne l’ont pas fait il me semble. Certes cet argument n’emporte pas tout, mais on peut quand même le rappeler.

  3. Biosphère aurait pu (encore) titrer “Service national universel, foutaise macroniste”.
    Un échec… eh ben tant mieux ! Mais ne crions pas trop vite victoire. Déjà n’oublions pas :
    – Emmanuel Macron avait bien promis de rendre le SNU obligatoire (Le MONDE 02 mai 2023)
    Obligatoire ! Si le SNU est une idée de Manu, et que jusqu’à présent c’est un fiasco… la suite pourrait être différente :
    – « Qu’est-ce qu’on va apprendre en un mois à ces jeunes (…)? L’idée d’un service national est une bonne idée, mais il faut au moins 3 mois » parce que ça permet de continuer les études et « d’apprendre à nos jeunes tout ce qu’on veut leur apprendre: l’amour de la nation, le mélange des classes sociales, le patriotisme, éventuellement la maîtrise des armes. »
    (Service universel: un mois, « ça ne rime à rien », juge Marine Le Pen – publicsenat.fr 27/06/2018)

    ( à suivre )

    1. Au moins 3 mois… qu’elle a dit ! Et éventuellement … la maîtrise des armes.
      En 12 mois ça devrait le faire. ON fera donc de nos jeunes de bons petits soldats.

      La seule chose, et encore… qui puisse vraiment mettre en échec ce projet, de formatage, c’est ce que dit ORANIA 8 MARS 2024 À 12:58 (“Service national universel, foutaise macroniste”) :
      – « …et les militaires eux mêmes n’en veulent plus , ils recherchent des compétences et la perspective de ré ouvrir les garderies ne motive personne. »

      Sauf que même les «grands» généraux ne sont que de petits soldats. Et c’est le petit doigt sur la couture du pantalon qu’ils feront ce que leur ordonne le (ou la) Chef Suprême des armées.
      Avec autant plus de zèle si il (ou elle) est de couleur Bleu Blanc Rouge.

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