sois logique, si tu veux la paix, prépare la paix

La guerre est très coûteuse à tous les points de vue, mais les humains l’adorent. Dans le domaine de la recherche en relations internationales, les war studies (« études sur la guerre ») ont le vent en poupe, alors que les peace studies (« études sur la paix ») cherchent encore à délimiter leur champ d’analyse. Entre la facilité d’appuyer sur la gâchette et la difficulté de réfléchir, les humains ont vite fait de choisir. Et au niveau des décideurs, ils ne sont pas en première ligne de front ! Le principe immémorial « Si tu veux la paix, prépare la guerre » est toujours de rigueur (militaire), l’alternative « si tu veux la paix, prépare la paix » inaudible depuis la mort de Gandhi, si ce n’est par une infime minorité d’objecteurs de conscience.

Pourtant on peut combattre les différentes causes de cet état perpétuel de guerre par des solutions très simple (sur le papier).

1. Les individus reçoivent une éducation à la non-violence active. Il faut être capable de résister à l’injustice, aux inégalités et aux autoritarismes. Il faut se sentir à la fois enraciné dans un lieu et d’esprit cosmopolite, citoyen du monde. Être à la fois simple spectateur et féroce partisan de « son » équipe  (de foot…) ou nationaliste identitaire deviendra une anomalie aux yeux de tous.

2. Les langues se résument à deux, la langue maternelle pour chacun et l’espéranto pour tous. Plus besoin de traducteurs, la langue-pont permet d’échanger d’un bout à l’autre de la planète. Pouvoir comprendre directement ce que l’autre dit est le premier pas vers une entente mutuelle. L’Anglais est abandonné, aucune langue nationale ne peut porter différents impérialismes culturels qui sont devenus obsolètes. Ah, la sphère francophone !

3. Les nations ne sont plus des instances décisionnelles au niveau mondial. On a bien sûr supprimé le droit de veto des 5 membres permanent du conseil de sécurité et rempaillé l’ONU (Organisation des Nations Unies) par l’OMdP (Organisation Mondiale des peuples), organisme à la fois transnational et supranational. Les différents États nationaux ne s’occupent plus que de leurs affaires internes. L’OMdP est composé de représentants désignés par des espaces géographiques qui transcendent les frontières actuelles. Un directoire de 7 personnes est composé de personnalités ayant démontré leur valeur aux yeux de la population mondiale. Les armées nationales sont mise au service de cette nouvelle instance. Les casques bleus deviennent la seule et unique force de maintien de la paix. Les arsenaux militaires sont démantelés, les bombes nucléaires désarmées, le commerce des armes éliminé. En fait les militaires se transforment en policiers.

4. On pratique la relocalisation des activités pour atteindre l’autonomie alimentaire et énergétique la plus grande possible dans des biorégions. Il n’y a plus d’activité extractive, tout notre mode de vie repose uniquement sur des ressources renouvelables. Le « doux commerce » de la mondialisation économique qui avait favorisé les échanges et s’était transformé en concurrence sauvage avait dévasté les ressources naturelles. Il n’y a dorénavant plus d’expansion spatiale possible ni de guerres pour les ressources.

5. Les niveaux de population sont fixés pour permettre d’accéder à un équilibre durable avec les ressources locales. L’OMdP préconise le modèle d’un seul enfant par famille au niveau mondial. La diminution de la natalité laissera une place plus grande pour la biodiversité tout en pesant moins sur les ressources planétaires.

On va crier à l’utopie, l’irréalisme, la naïveté personnifiée… pourtant, c’est là le sens de l’histoire si l’intelligence collective des homo sapiens arrive à se défaire de tous nos présupposés actuels. A l’heure actuelle, on est encore très loin de l’utopie à réaliser. Les conflits meurtriers en cours empêchent les politiques au pouvoir de réfléchir. On parle même de réarmement militaire, d’envoi d’armes ou de troupes ici ou là, le commerce des armes s’envole et les budgets militaires gonflent. Il ne suffit pas d’espérer que la raison l’emportera un jour, il faut agir. devenir pour commencer objecteur de conscience. Car c’est notre credo,  les principes ci-dessus deviendront un jour ou l’autre la norme : Si tu veux la paix, prépare la paix. 

Quelques précisions

Dans son ouvrage « Un monde sans guerre », le chercheur indien Sundeep Waslekar milite pour la paix perpétuelle dans le sillage du philosophe Emmanuel Kant. Pourquoi, s’interroge le chercheur, faut-il qu’au moment même où « nous possédons tout le génie nécessaire pour faire de notre planète un paradis, nous avancions vers un suicide collectif ». Face à l’hypernationalisme de dirigeants, face à la militarisation de l’intelligence artificielle, l’une des principales solutions préconisées par le chercheur est d’interpeller les opinions publiques et de créer les conditions d’un « contrat social mondial ». Ce dernier passe par une cohabitation de chacun entre empathie envers l’humanité et loyauté envers son Etat. Ce n’est qu’un discours sans préciser les moyens d’arriver à l’objectif.

Sur le monde.fr, Winstoned fait le commentaire suivant du livre de Ghassan Salamé, Entre guerre et paix (Histoire et politique des conflits dans le monde) :

« Un monde sans guerre est un monde sans humains. Pourquoi les Israéliens veulent éliminer les Palestiniens, Erdogan les Arméniens, la Chine Taïwan ? La soif de pouvoir, la haine de l’autre et les intérêts divergents sont des faits, on peut les déplorer mais les combattre, c’est combattre la nature humaine. »

Winstoned croit à une fatalité naturelle alors que les Humains n’ont pas de gène de la violence en eux. C’est le contexte politique et culturel qui va faire en sorte que des individus se transforment en tortionnaires et d’autres en troupeau bêlant. Gandhi et bien d’autres n’ont pas de soif de pouvoir et de haine de l’autre en soi, tout au contraire. L’opposition EUX et NOUS n’est que construction à déconstruire. Si tous les citoyens se déclaraient objecteurs de conscience, il n’y aurait plus d’armées faute de soldats…

En savoir plus grâce à notre blog biosphere

Pacifisme, une nouvelle rubrique de ce blog (15 avril 2024)

extraits : Nous inaugurons aujourd’hui une nouvelle catégorie de classement des idées, « pacifisme ». Nous pensons qu’une décroissance de l’appareil militaire doit nécessairement accompagner la décroissance du niveau de vie de ceux qui vivent à l’occidentale et la décroissance démographique sur une planète largement surpeuplée. Nous pensons qu’il faut mettre un terme au fait de s’entre-tuer avec des moyens technologiques de plus en plus disproportionnés jusqu’à avoir envisagé d’instaurer un hiver nucléaire sur la planète. Nous pensons que le pacifisme apporte un message d’espoir, on remplace le principe historiquement inefficace « si tu veux la paix, prépare la guerre », par la conviction « si tu veux la paix, prépare la paix »….

Des décisions aveuglées par l’état de guerre

extraits : Le 7 mars 2024, le premier ministre suédois remettait au secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, les documents officialisant l’adhésion de son pays à l’OTAN. La droite libérale conservatrice, arrivée au pouvoir à l’automne 2022 avec le soutien de l’extrême droite, a décidé de suspendre la quasi-totalité des financements publics aux ONG œuvrant pour la paix. Depuis l’invasion de l’Ukraine,  il n’y a plus de place pour la complexité, on se comporte comme si la Suède avait été attaquée et qu’aucune divergence d’opinions ne pouvait être tolérée….

Annexe : en recherchant sur google « études sur la paix », on tombe en premier sur « Panthéon Sorbonne, institut des études sur la guerre et la paix (IEGP)»:

Selon le modèle anglo-saxon des studies, un champ thématique peut être investi par diverses approches disciplinaires.Le champ des war and peace studies résulte d’une extension de l’étude de la guerre aux régulations internationales (pacification, prévention…) et aux états intermédiaires entre la guerre et la paix. l’université Paris 1 offre une ressource unique pour développer l’ambitieux projet de constituer un domaine d’études et de formations consacrées aux études sur la guerre et à la paix.

On n’en saura pas beaucoup plus !

8 réflexions sur “sois logique, si tu veux la paix, prépare la paix”

  1. – « La stratégie de l’action non-violente
    Il convient de distinguer, non pas pour les séparer, mais pour ne pas les confondre, la non-violence comme philosophie, qui est la recherche d’un sens à l’existence et à l’histoire, et la non-violence comme stratégie, qui est la recherche de l’efficacité dans l’action. La philosophie est l’amour de la sagesse. Elle implique un choix, une option, une décision personnelle. Mais encore faut-il que l’individu puisse faire ce choix en toute connaissance de cause. Pour cela, il faut que cette connaissance lui soit proposée dans le cadre d’un enseignement. Ce doit être l’objet de l’éducation. Mais n’est-ce pas l’un des drames de nos sociétés que l’éducation n’offre pas à nos enfants un enseignement portant sur la philosophie de la non-violence. Quels sont les moments, quels sont les lieux qui sont proposés à nos enfants pour qu’ils puissent réfléchir sur la non-violence ? [ à suivre ] »

    1. [suite] L’éducation n’offre plus aux jeunes qu’un savoir technologique qui vise à les rendre compétitifs dans la rivalité économique qui va bientôt les opposer. Et cet apprentissage risque de ne pas leur laisser le loisir de réfléchir sur le sens même de leur existence et de construire des convictions fortes pour affronter l’avenir. Il faudrait certainement repenser l’éducation dans ce sens. [etc. etc.] »
      ( Apprendre la langue de la non-violence – Jean-Marie Muller –
      cairn.info/revue-diogene-2013-3 )

      Comme quoi ON ne manque pas d’idées (et de papier) sur le YAKA.
      Sur ce qu’il conviendrait de FAIRE quoi ! Pour en finir de la guerre et de la violence.
      Mais bon … c’est si bon de ne pas se prendre la tête, à réfléchir si loin.
      – « Si tu m’crois pas hé… Tar’ ta gueule à la récré » ( J’ai Dix Ans , par Alain Souchon ) 😉

  2. Point 1 : L’éducation à la non-violence… disons l’éducation à la paix… devrait avoir pour but non seulement de savoir résister à l’injustice, aux inégalités et aux autoritarismes, mais à d’abord à les faire disparaitre. Cette éducation est un vaste programme, qui passe par le célèbre «connais-toi toi même» (philosophie, psychologie, biologie…).
    L’idée de mérite doit être Déconstruite ! L’esprit de compétition, la fierté (?), la gloire (??), doivent laisser place à la solidarité, la joie de vivre etc. etc.
    Mais bien sûr ON va crier à l’utopie, l’irréalisme, la naïveté personnifiée… Et puis ON va parler de la Nature Humaine et patati et patata, c’est bon je connais la chanson.

  3. Je comprends la volonté d’éradiquer la guerre et les tentatives d’éduquer à la paix, mais certains éléments me semblent difficilement applicables
    L’attachement de chacun à son terroir me semble une richesse mais il est évidemment une source de conflit car on y tient et on voudra légitimement le défendre.
    L’Espéranto me parait également peu recommandable, c’est une langue sans histoire, très simple, très pauvre en tout cela, les langues qui ont été attachées à des civilisations me semblent bien plus belles, cette harmonisation constituerait aussi un appauvrissement terrible de la culture, car une langue participe aussi à la façon de penser.
    Je suis aussi assez réticent sur le cosmopolitisme.

    1. Pour l’espéranto j’ai un peu les mêmes réticences que vous, mais bon.
      De toutes façons je ne pense pas que la langue soit un obstacle à la paix, du moment que c’est ce qui est recherché. L’attitude, le visage, la gestuelle en disent bien plus que le langage. Toutes les langues (officielles, dialectes, patois etc.) ont leur richesse et doivent être préservés.

      1. Michel C., l’espéranto comme langue-pont et le fait de garder bien sûr sa langue maternelle devrait satisfaire à tous vos critères. Apprendre à la fois le latin, l’allemand et l’anglais tout en dissertant en français font rarement de bons polyglottes…
        Bien à vous, fidèle commentateur de notre blog

  4. 1/ Pour le point 1, désolé mais le cosmopolitisme est à gerber, ça n’a donné que des sociétés multi-racailles rivalisant pour les trafics de drogue ! En outre, plus il y a de cosmopolitisme dans une ville et plus il y a de violence ! Il suffit de regarder les résultats dans toutes les villes des Usa et d’Europe ! Quant aux citoyens du monde, ce sont les plus pollueurs de la planète, car tous ceux qui se déclarent citoyens du monde sont ceux qui ont les moyens de voyager plusieurs fois dans l’année en avion à travers le globe, voir possèdent plusieurs propriétés privés, maisons, et villas dans divers pays.

    1. Bga80, se dire cosmopolite veut dire qu’on est pour une fraternité universelle entre tous les humains de bonne volonté. On ne voit pas là matière à parler « racaille » et « violence » puisque par définition cela veut dire le contraire de vos dires. Cosmopolite ou citoyen du monde sont deux termes qui symbolisent une grandeur d’âme, cela ne veut certainement pas dire aussi qu’on veut voyager un peu partout dans le monde. En d’autres termes il faudrait être glocal, on pense globalement, mais on agit localement…
      Bien à vous, fidèle commentateur de notre blog

Les commentaires sont fermés.