Dans la campagne pour les élections européennes du 9 juin 2024, la voiture électrise les débats. Pour ou contre le passage à l’électrique, autant dire que l’idée de dévoiturage n’effleure même pas les débats politiques.
Philippe Bernard : La dénonciation de l’interdiction de la vente de voitures neuves à moteur thermique en 2035 par l’Union européenne (UE) tient lieu d’épouvantail pour l’extrême droite et la droite. « La fin du moteur thermique est un coup de canif dans le pouvoir d’achat de nos concitoyens », a martelé le président du Rassemblement national (RN), Jordan Bardella. François-Xavier Bellamy, tête de liste du parti Les Républicains, prédit que « le continent européen va ressembler à Cuba avec des véhicules hors d’âge ». En Allemagne l’AfD (extrême droite) défile au cri de « Le diesel, c’est super », tandis que les conservateurs de la CDU-CSU promettent d’« abolir l’interdiction des moteurs thermiques pour préserver la technologie de pointe allemande ».
Le rejet de la technocratie écologiste s’ajoute au front anti-immigré pour devenir les deux matrices de l’offre électorale des droites européennes. Les politiques écologiques sont vécues comme remettant en cause des modes de vie, voire des identités .Moins on est ouvert à la diversité culturelle et progressiste sur les questions sociétales, plus on est relativiste, voire sceptique, sur le climat et réceptif à l’idée d’« écologie punitive ».
Le point de vue des écologistes sans voitures
Les populistes préfèrent faire semblant de croire que le thermique pourra continuer d’exister jusqu’à la fin des temps, sans aucune contrainte climatique ni fin des réserves pétrolières et envolée du prix baril. Quelle malhonnêteté ! Les technologues font semblant de croire que l’électricité tombe du ciel et de quelques centrales nucléaires sans se soucier du coût écologique de l’électricité et des batteries. Quelle malhonnêteté !
L’automobile en tant qu’objet de consommation de masse (1,2 milliards de voitures dans le monde) était devenue le cancer de notre civilisation thermo-industrielle. Elle casse les villes, dégrade l’espace, pollue la nature. Elle ronge toute nos infrastructures par sa prolifération effarante, anarchique et dominatrice. Elle gaspille une énergie sans cesse plus rare et plus coûteuse à produire. Elle brise les cadres d’une vie communautaire, chacun de nous restant enfermé dans sa petite carapace qui exalte notre agressivité… ou cultive notre découragement dans les embouteillages. Alors pourquoi s’ingénier à vouloir donner par l’électrification une nouvelle vie à nos carrosses ? La voiture électrique ne peut promouvoir une « transition juste » sur le plan écologique et social, car il faut fabriquer, distribuer et conserver l’électricité, tâche impossible à grande échelle.
Le plus paradoxal est que dans 20 ans on aura du mal à comprendre pourquoi tant de gens s’accrochaient à leurs voitures puantes et bruyantes. Pensez une minute à la complexité du système pour avoir de l’essence ou de l’électricité près de chez soi : extraction ou production, réseaux de distribution, etc. Vive le dévoiturage, le rapprochement du lieu de vie et du lieu de travail, la fin du tourisme au long cours… La trottinette et le vélo n’ont pas besoin de moteur pour être propulsé par notre seule force physique.
En savoir plus grâce à notre blog biosphere
Européennes. Des écologistes inaudibles
extraits : Interrogés sur la question de la transition écologique, plusieurs candidats ont critiqué l’interdiction prévue de la vente des voitures thermiques neuves à partir de 2035. Ainsi de Jordan Bardella (« un coup de canif porté au pouvoir d’achat de nos concitoyens ») ou de Marion Maréchal-Le Pen, qui y voit une mesure qui « favorise une fois de plus les importations chinoises ». Valérie Hayer a souligné qu’il ne s’agissait « pas de dire demain aux Français “vous ne pourrez plus utiliser votre voiture thermique” », mais que « vous pourrez continuer à utiliser des voitures thermiques de seconde main ». Raphaël Glucksmann a approuvé le développement « des filières européennes de voiture électrique »….
Fin du moteur thermique, dévoiturage obligé
extraits : La vraie question que personne ne pose est avec quelle matière première produire la monstrueuse quantité l’électricité nécessaire pour alimenter tout le parc de voiture, camions, autobus ? Éoliennes, photo-voltaïque, bio-masse seront incapables de fournir les quantités requises. Je maintiens qu’il ne faut pas sous-estimer la filière de la voiture à pédale, la seule qui assure d’avoir de beaux mollets….
Nous n’en poumons plus, vite le dévoiturage !
extraits : Sortir de la voiture individuelle ne sera pas une mince affaire. Pourtant ça urge, le climat et nos poumons sont à la peine. La loi d’orientation des mobilités (LOM) est discutée par nos députés depuis le 3 juin. Le projet inscrit dans la loi l’interdiction en 2040 de la vente des voitures utilisant des énergies fossiles (pétrole, essence, GPL, GNL).Un tel choix implique une massification de l’électro-mobilité, et donc la multiplication des centrales nucléaires. Or là-dessus le projet ne dit rien….
FX Bellamy a surement vu juste quand il prévoit que l’Europe ressemblera bientôt à Cuba (involontairement, car comment croire en la clairvoyance d’un LR ?). Mais ce sera plutôt Cuba en raison de la dérive climatique résultant du comportement de ses semblables, et les vieux tacots qu’il évoque seront des voitures à pédales, ou à bourricots.
Quant ON est un droitard, comme ce Bellamy, se moquer de Cuba fait partie du Jeu. De la même manière qu’ON se moque des Amish. C’est de bonne guerre comme ON dit, vu que Cuba c’est rouge, et que donc c’est horrible !
N’empêche que l’expérience cubaine a été sabotée, par ces mêmes droitards.
Et pourtant, comme du côté des Amish, ON ferait bien de s’inspirer de ce que font les cubains. Ceci dit, que les droitards et autres bagnolards se rassurent, quand ON n’aura plus de pétrole ON aura toujours les moyens de se déplacer.
Les bourricots et les bœufs, ce n’est pas ça qui manque. Misère misère !
Mais cher Michel C je trouve que ce terme de droitard est un peu insultant, et même bien déplacé dans ces circonstances. Car si vous regardez les mouvements de population et que vous faites le ratio entre ceux qui veulent quitter Cuba pour les USA et ceux qui veulent faire le contraire, vous verrez que les peuples sont très largement du côté de ceux qui critiquent cette dictature.
On juge très bien un régime au ratio entre demande d’entrées et demandes de sortie, et, en la matière, les régimes communistes sont battus à plate couture. Il est vrai que ces régimes censés représenter le peuples sont les premiers à le maltraiter et les derniers à écouter son avis.
Mon cher Didier… bien que vous soyez hors-sujet, et moi over-quota … je vous réponds quand même :
1) Le terme droitard n’est pas déplacé, il est péjoratif. Comme gaucho ou coco. Alors SVP, ne vous sentez pas insulté pour si peu.
2) Votre jugement au ratio entre demande d’entrées et demandes de sortie (sic), ne vaut pas grand chose, pour ne pas dire rien.
Combien de bagnolards (familier, ou péjoratif… ) français ou ricains peu importe, souhaitent-ils entrer chez les Amish ? Et vice versa.
3) Je vous rappelle que je faisais juste allusion à ce que les Cubains font de bien en matière d’environnement. Exemples :
– CUBA : LE SECRET DE L’ ÎLE BIO ( figra.fr/)
– L’agroécologie à Cuba et la mise en place d’un changement de système
(foei.org/fr)
– Face aux pénuries répétées, les Cubains adeptes du « Do it yourself » (Reporterre 28 février 2024)
– « Constater que les usages et les opinions sur les voitures traduisent des clivages sociaux et géographiques, voire des oppositions politiques, remarquer que moins on est riche et urbain, plus on est dépendant de son auto, relèvent du cliché. Des inégalités que les responsables politiques n’affrontent guère concrètement. » (Philippe Bernard : Le MONDE)
C’est tout à fait ça. Dire que bon nombre ne peuvent pas, concrètement… s‘en passer, de la Bagnole… parler des inégalités… c’est débiter des clichés ! (voir définition)
Et quand je dis qu’il ne faut pas alors s’étonner, encore moins s’indigner, que la Bagnole serve de fer de lance aux populistes (de diverses couleurs) dans cette campagne… je suis encore dans le cliché. Dire que Bardella et MLP n’y connaissent rien en écologie, là encore cliché ! Mais quand alors… faudrait-il que les responsables politiques affrontent CONCRÈTEMENT ce genre de réalités ? ( à suivre )
( suite ) Le problème passe alors dans le « concrètement ».
Concrètement, c’est quoi le Problème ? Le CO2, le Climat… vraiment ?
Pourquoi alors ces J.O et autres compétitions, courses de Vroum-Vroum, jeux du Cirque à la con, ces grands projets inutiles, ces jet-skis et autres gadgets, ces yachts de luxe démesurés et j’en passe ? Et bien sûr ces énormes SUV maintenant électrisés. Non, quitte à faire encore et toujours dans le cliché, le Problème n’est pas le Moteur Thermique. Du moins dans son principe. Le Problème c’est la taille et la puissance qu’ON lui demande et qu’ON lui donne !
Et donc la consommation et les émissions de polluants de ces machines (bagnoles etc.)
Le Problème c’est l’USAGE de cette taille et de cette puissance : 2 tonnes et 200 CV pour trimballer 2 personnes quand ce n’est pas 1 seule ! Le Problème c’est le Système qui nous vante et nous vend ce mode de vie ! ( à suivre )
( et fin ) Les droitards, qui n’y connaissent rien en écologie, qui sont dans le déni, la fuite en avant etc. con damnent à tour de bras l’ «écologie punitive».
Mais curieusement jamais cette économie punitive (socialement injuste, inégalitaire, aliénante, destructrice etc.). Et en même temps, ils ont le culot de dire que les Rouges (gauchos, cocos) ne valent rien ! En attendant, ils disent aussi des choses vraies :
– Climat : pas de recette magique dans la voiture électrique (L’Humanité 21 mai 2024)