La neutralité des scientifiques en question

De plus en plus de climatologues, d’écologues, de physiciens ou de sociologues décident de sortir de leurs laboratoires pour investir l’agora. Tribunes, prises de parole sur les réseaux sociaux, soutiens à des actions en justice, désobéissance civile… Frustrés par ce qu’ils perçoivent comme une « inaction », ils ne veulent plus se contenter de chroniquer les crises écologiques en cours. Ces prises de position valent souvent d’être accusé de militantisme.

lemonde.fr : La notion de neutralité est souvent invoquée pour limiter la liberté d’expression des scientifiques. Les comités d’éthique considèrent pourtant qu’elle n’est pas un obstacle à l’engagement, jugeant impossible de séparer le citoyen du scientifique. La « neutralité » est même assez fictive. La recherche se fait en pratique dans un cadre qui n’est pas neutre, qu’il s’agisse des financements ou des applications des travaux de recherche : « Certains collègues trouvent que mes sujets de recherche ne sont pas neutres, alors même qu’ils travaillent sur la reconnaissance faciale ou sur la surveillance par drones. »

Ce qui se joue n’est pas seulement l’engagement pour l’avenir de la planète, mais aussi celui pour la science. Faut-il faire de la recherche autrement ? Faut-il l’arrêter ? Faut-il la refonder ? Le système de recherche actuel basé sur la compétition entre scientifiques ne semble pas compatible avec la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Le point de vue des écologistes

– On rejette des faits scientifiques qui dérangent en les faisant passer pour des opinions.

– Expliquer aux gens, donc aux électeurs, que la vie sur terre sera invivable avant la fin du siècle est objectivement une mauvaise nouvelle. Cela passe mal pour certains. C’est pourtant nécessaire.

– On respire le même air, on boit la même eau, on souffre des mêmes températures, on subit les mêmes inondations, et on n’aurait pas le droit d’en parler ?

– Le devoir de neutralité, c’est un concept anticonstitutionnel. Il n’est utile que pour les autorités qui veulent de simples exécutants, fournisseurs de technologies pour nos industries. Tout citoyen a le droit d’exprimer ses opinions.

– Les chercheurs possèdent 2 caractéristiques : 1), ce sont des citoyens et 2), ce sont les mieux informés des conséquences de nos modes de vie. Qui pourraient leur dénier le droit d’agir pour tenter de prévenir les risques existentiels qui menacent l’humanité et la biodiversité ?

– La seule recherche qui soit neutre est la science fondamentale par rapport la science appliqué (la technoscience). L’une apporte des connaissances universelles, l’autre est menée par des entreprises dont les modalités s’appelle bénéfices, conflits d’intérêt, lobbying, etc.

– La science fondamentale, désintéressée, travaille en grande partie à résoudre les problèmes générées par les sciences au service du business. Les oncologues cherchent des thérapies aux cancers dues à la prolifération de nouvelles molécules sorties des labos de chimie. Les sociologues et psychiatres traitent des dégâts des « nouvelles technologies », l’écoanxiété. Les climatologues et biologistes constatent les destructions généralisées des technologies mise en œuvre.

– Très bien que les scientifiques s’engagent !! Il ne faut pas laisser l’obscurantisme économique étouffer les vérités scientifiques.

– En « sciences » économiques et sociale, le programme officiel des élèves est idéologiquement orienté en faveur de la croissance économique. Critiquer cette thèse, c’est se faire accuser d’absence de neutralité alors que c’est le programme lui même qui est engagé dans le respect de l’économie orthodoxe.  Le mot même de « décroissance » paraît complètement irréaliste alors que l’histoire de l’économie montre que les crises économiques peuvent être très très très douloureuses…

– Einstein lui même fut très engagé à l’arrivée des nazis au pouvoir et contre l’usage des armées.

– Kant dans « Qu’est-ce que les Lumières ? » : « Quelle limite, loin de les entraver, favorise les lumières ? — Je réponds : l’usage public de sa raison doit toujours être libre, et seul il peut répandre les lumières parmi les hommes. J’entends par usage public de sa raison celui qu’en fait quelqu’un, à titre de savant, devant le public entier des lecteurs. »

– Faut-il rappeler que Jordan Bardella qui doit avoir 4 neurones en leasing arrive quand même à séduire plus de 30 % de la population ?

– Le but de la grande masse des citoyens est de satisfaire ses besoins, pas d’en comprendre les conséquences.

– La plupart des électeurs et des élus ne font aucune différence entre « faits scientifiques » et « opinions ».

– Cela fait au moins 50 ans que des scientifiques ont énoncé les décisions qu’il fallait prendre et les choix qu’il fallait faire.

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Arditi et Raffarin prônent sans rire la technoscience (2019)

extraits : La faim dans le monde et la prolifération des insectes inquiète un collectif de « personnalités » (Pierre Arditi, Jean-Pierre Raffarin, etc.)* : « L’aversion d’une partie de la société bloque les recherches sur les biotechnologies… Or les progrès scientifiques et technologiques ont indéniablement permis de réduire la faim dans le monde… On peut nourrir une population qui a été multipliée par 2,3 depuis 50 ans grâce aux engrais, à l’amélioration génétique et aux biotechnologies de la reproduction, à l’emploi de fongicides, d’insecticides….

La technoscience pour le + grand profit des industriels (2017)

extraits :  Dans le monde réel, les grandes sociétés mettent tout en œuvre pour dissimuler les risques inhérents à leurs produits. Un modèle d’expertise où l’industriel conduit, ou finance les études qui viendront à l’appui de son dossier d’homologation, est devenu intenable. Il en fournit l’analyse, il les conserve secrètes et les offre aux seuls regards des agences de sécurité sanitaire. Ce processus produit accident sur accident : moteurs diesel truqués, pesticides « tueurs d’abeilles », perturbateurs endocriniens, amiante, Mediator, scandale du chlordécone aux Antilles, etc. Les exemples ne manquent pas….

Le moment où la technoscience devient insupportable ! (2014)

extraits : Il ne faudrait pas toujours faire ce que nous savons faire, mais les techno-scientifiques n’ont jamais su ne pas faire ce qu’ils savaient faire. Pour l’instant nous sommes encore soumis à la loi de Gabor : « Tout ce qui est techniquement possible sera nécessairement réalisé ». Mais il suffirait que les Etats ne financent plus ce genre de recherches à haut risque pour que les chercheurs retrouvent le sens de la mesure et de la modération. Or la décision du gouvernement américain….

12 réflexions sur “La neutralité des scientifiques en question”

  1. Didier BARTHES

    J’avoue avoir été très frappé lors du covid par l’attitude de nombre de médecins (pas tous heureusement) qui ont utilisé la science ou plutôt leurs diplômes scientifiques pour dire de se taire à ceux qui contestaient la politique vaccinale et d’enfermement.
    Ils ont occupé toute la scène et convaincu les grands médias de censurer tout avis contraire et ont caricaturé les anti-vaccinistes et défenseurs de la liberté en les associant à des « terre-platistes » ou à je ne sais quelle idéologie ridicule. Meilleure façon de les discréditer et d’éviter le débat.
    En un mot beaucoup de scientifiques ont été à la fois bien peu démocrates et malhonnêtes.

    1. Esprit critique

      C’est vrai. Seulement, comme dit justement Biosphère, « La seule recherche qui soit neutre est la science fondamentale par rapport la science appliquée ».
      Et justement, dans cette affaire de Covid c’est principalement la seconde qui s’est faite entendre. La voix des marchands. Ainsi que la voix des trouillards, etc.
      La recherche fondamentale n’est pas au service des industriels (des capitalistes, du Pognon) mais seulement au service de la connaissance (du savoir). Elle ne travaille pas dans l’urgence, mais calmement, méthodiquement etc. Et elle n’occupe pas le devant de la scène chaque fois qu’elle fait un petit pas.

  2. major Daubuisson

    Que viennent faire Bardella et ses 4 neurones ici ?
    Le tenancier du site n’ aime pas la droite natio, la belle affaire
    Vous pouvez le traiter de mollusque ou de girouette (vu ses renoncements à propos de la sortie de l’ UE ou son support aux Ukronazis du pianiste à queue Zelensc…lle exigés par la très gauchiste poissonnière Le Pen mais je doute qu’ il soit aussi sous neuroné que cela

    Que dire alors des aneuronés escrolobouffons et autres neostaliniens de la NUPESTE (Stalinenchon en tête ) immigrationnistes délirants au service zelé du grand patronat n’ agitant que du vent sociétal comme leurs hideuses et peu efficaces éoliennes ?
    Cela dit , article intéressant

    1. Les gauchistes insultent toujours leurs adversaires lorsqu’ils n’ont pas d’arguments
      Le plus drôle étant que les gauchistes s’estiment plus intelligents et scientifiques qu’autrui avec de l’islam !

    2. Parti d'en rire

      Tiens, notre facho de service est rentré de vacances. Adieu les Philippines, bonjour le Salvador.

      1. major Daubuisson

        Le facho (terme utilisé par les décérébrés de gauche ) a passé 4 mois de vacances à l’ hopital
        Désolé pour vous mais je suis plutôt du genre coriace et je sens que la chasse aux gauchos va bientôt s’ ouvrir : gare à vos abattis 😁😁😁😁
        Merci au major d’ avoir fait liquider par ses escadrons de la vie, l’ évêque Romero, prêtre dévoyé au cerveau embrumé par la théologie de la libération , et d’ autres salopes du même acabit .

    3. Esprit critique

      Sinon, pour répondre à la première (et la plus intéressante) question du major :
      – « L’essor des droites dures fait aussi peser une menace sur la lutte contre le réchauffement climatique et la défense de l’environnement. »
      ( Jean-Baptiste Fressoz, historien des sciences, chercheur au CNRS, centre Alexandre-Koyré, EHESS – le 10 octobre 2018 sur liberation.fr )
      Titre de l’article : Bolsonaro, Trump, Duterte… La montée d’un carbo-fascisme ?

      Plus récent, et pour mieux cerner ce pauvre Jordy et son misérable parti :
      – « Le programme de Jordan Bardella en matière énergétique et climatique est un programme de casseur et non de constructeur, de soumission et non de souveraineté. Voilà la triste vérité du parti qui caracole en tête des intentions de vote aujourd’hui. »
      ( La nostalgie fossile de Jordan Bardella – 6 mai 2024 lagrandeconversation.com )

  3. Esprit critique au Parti d'en rire

    – « Faut-il rappeler que Jordan Bardella qui doit avoir 4 neurones en leasing arrive quand même à séduire plus de 30 % de la population ? » (Biosphère)

    Réponse : Très bonne question, merci de l’avoir posée. Oui, il est toujours bon de le rappeler.
    Mais il serait plus intéressant d’avoir la réponse, scientifique tant qu’à faire, à cette autre :
    – Pourquoi Jordan Bardella arrive-t-il à séduire plus de 30 % de la population ?
    Hypothèse : Peut-être parce que ces 30 % n’en ont seulement que 2 en leasing.

    1. Blagues à part, bravo à Biosphère pour cet article. Quand c’est bon, je me dois aussi de le dire. D’ailleurs je constate une nette amélioration ces derniers temps.
      Je ne sais pas ce qu’en pensent les autres biosphéronautes… vu qu’ils semblent être partis en vacances. 😉

      1. Les gauchos toujours à insulter leurs adversaires tout simplement parce que vous n’avez aucun argument ! En vérité, vous procédez à des attaques personnelles vis à vis de Bardella car en vérité, tout ce que vous voulez imposer aux français, ce sont des quantitative easing de migrants ! D’ailleurs, preuve que les 95 % de lignes de cet article sont inutiles et parlent pour ne rien dire, car la seule phrase qu’on retient et qui attire l’attention c’est cette phrase pour attaquer Bardella ! C’est d’ailleurs la seule phrase que tu es retenu ! Bref, les 95% de lignes ne sont qu’un enrobage du bonbon pour gaucho attaquant Bardella !
        Et qu’en est il des neurones des gauchos ? Quand on sait que le Parti communiste fut et demeure l’institution la plus criminelle de l’histoire !

  4. – « Le citoyen dispose de droits politiques et peut aussi, dans une société démocratique, s’impliquer dans les causes qu’il souhaite défendre. »
    ( Quels rôles un citoyen peut-il jouer dans la société ? vie-publique.fr )

    Les scientifiques sont des citoyens (si ON peut appeler ça comme ça) comme vous et moi.
    En tant que personnes adultes et responsables… leur rôle est donc de participer à tout ce qui touche à la politique (les affaires de la Cité).
    Parce qu’ils sortent de leur laboratoire, de leur cadre professionnel (comme si leur place, leur vie, se limitait seulement à ça) … les imbéciles penseront alors qu’ils interfèrent. ON les accusera de parti-pris (d’impartialité), de militantisme et patati et patata.
    Rien d’étonnant à ça, vu qu’ON mélange tout (et n’importe quoi), qu’ON ne sait plus ce qu’est un citoyen, un scientifique, ce que veut dire être adulte et responsable etc. etc.
    ( à suivre )

    1. Ça vaut également pour les artistes, les sportifs, les journalistes, les militaires …
      Même les curés. 😉 Tous ces gens-là sont des citoyens avant tout.

      Jamais les dits citoyens n’ont eu autant de moyens pour jouer leur rôle, notamment par l’accès à la connaissance. Sauf que la profusion d’infos, fake-news etc. la Grande Fatigue de l’époque… alimentent le Grand N’importe Quoi. Notre monde n’a jamais été aussi complexe et n’a jamais tourné aussi mal.

      – « Nous sommes confrontés à au moins 4 problèmes : le creusement des inégalités, l’urgence climatique, des dirigeants politiques dangereux car sourds à ces deux plaies de l’humanité, des entités privées au rôle politique monstre régulé par personne : les Gafam. »
      ( La politique, ce n’est plus les affaires de la Cité mais les affaires du Vivant – la-croix.com )

      – Les scientifiques alertent mais les politiques ne font rien… Est-ce vraiment si simple ?
      ( theconversation.com )

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