Les présidentiables Sarkozy et Hollande ignorent complètement les dangers écologiques qui s’amoncellent, pic pétrolier, réchauffement climatique, stress hydrique, etc. Le désarroi des écologistes devant cette inertie politique est grand. Face au déni socio-politique des contraintes planétaires, l’Ecologiste de mars 2012 expose deux types de réactions opposées, le repli sur soi ou le militantisme.
– Paul Kingsnorth* : « J’avoue avoir abandonné certaines compagnes environnementales. L’acceptation de l’inévitable n’est-elle pas de simple bon sens ? Les tendances qui mènent au désastre ne vont pas disparaître même si nous travaillons dur. Mon projet Dark Moutain ne se propose pas d’arrêter le changement climatique ou de civiliser le capitalisme. Nous refusons de résoudre les problèmes écologiques par la politique ou la science. Nous avons lancé un site Internet. Notre manifeste de décivilisation d’une vingtaine de pages évoque la fin de la croissance, l’effondrement de nos modes de vie. C’est un appel aux artistes pour briser le mythe de notre séparation de la Nature, pour raconter de nouvelles histoires, de nouveaux mythes. Nous créons le lieu où explorer ce qui se passe quand les certitudes s’évanouissent. Notre livre-anthologie explore les limites de notre civilisation de tous points de vue. Mais cette anthologie ne définit pas les étapes qui vont suivre. En tant que mouvement créatif, il n’est pas de notre ressort de proposer des plans tout faits. L’idée que nous pouvons trouver une solution à tout problème est une idée progressiste, elle fait partie du récit de notre civilisation que nous remettons en question. Et s’il n’y avait pas de solutions ? »
– Jakob von Uexkull** : « Je me demandais comment j’allais pouvoir changer les choses. La question qui me hantait était la suivante : Pourquoi vivons-nous avec des problèmes… que nous savons résoudre ? Au temps d’Alfred Nobel, la question environnementale ne se posait pas encore. La question sociale était au cœur de ses préoccupations : aider ceux qui apportent les plus grands bienfaits à l’humanité. Je me suis dit que cela valait la peine d’établir un prix alternatif. En 1980, les deux premiers récipiendaires incarnaient la raison d’être du prix : la combinaison de l’idéal et de l’action concrète : Steven Gaskin, à l’initiative de l’un des premiers écovillages aux Etats-Unis et Hassan Fathy, qui a réhabilité l’architecture pour les pauvres, une architecture qui n’oublie pas ce que des millénaires nous ont légué. Cinq ans plus tard, le prix alternatif avait le soutien de tous les partis suédois et la cérémonie d’attribution a pu se dérouler au Parlement. »
Conclusion de Biosphere : pourquoi opposer deux ou plusieurs modèles de perfection écolo, il n’y en a pas. Au-delà de nos différences de choix de vie, le tempérament écolo cultive l’union des contraires liée au sentiment d’interdépendance. C’est là l’essentiel, que chacun suive sa voie du moment que nous allions vers des relations apaisées avec la biosphère..
* Quelle insurrection culturelle pour voir le monde autrement ? p.52
** L’environnement a son prix Nobel, p.13