Sarko parle de civilisation. Mais de quoi s’agit-il?
L’édifice de la civilisation occidentale a atteint un stupéfiant degré de complexité. Mais plus il devient complexe, plus nous avons l’impression de nous éloigner de nos racines originelles. Plus nous nous engageons dans un monde conçu par nous-mêmes, plus nous abandonnons notre ancrage dans la nature. Sommes-nous si uniques et si puissants que nous puissions nous tenir pour séparés de notre terre ? Beaucoup d’entre nous agissent, et pensent, comme si la réponse était OUI. Il n’est en effet que trop facile d’envisager la planète comme une collection de « ressources » dont la valeur intrinsèque ne dépasse pas leur utilité momentanée.
Nous avons alors industrialisé le processus de transformation de l’oxygène en gaz carbonique grâce à des inventions telles que la machine à vapeur ou le moteur à explosion sans prendre en considération les limites d’absorption du CO2 par notre planète. Nous avons industrialisé la production d’informations (presse à imprimer ou ordinateur) en oubliant de tenir compte de notre capacité limitée à assimiler les connaissances nouvelles. Nous sommes convaincus que nous n’avons pas à souffrir du froid ou de la chaleur. Nous voulons guérir nos malades, voler dans les airs, illuminer les nuits. Et pendant que nous croyons que nos besoins et nos caprices sont satisfaits, en réalité nous sommes en train de passer le Jardin d’Eden au rouleau compresseur. En fin de compte, la crise de l’environnement illustre la confiance aveugle en notre capacité de relever n’importe quel défi : on rassemble à son sujet des tonnes d’informations, on les divise en éléments simples à étudier et on croit trouver finalement une solution technique. Fadaise ! Il y a tant d’informations nouvelles produites chaque jour que leur avalanche a étouffé le lent mécanisme de maturation qui change la connaissance en sagesse. De plus l’idée selon laquelle de nouvelles technologies peuvent résoudre tous nos problèmes constitue l’élément central d’un mode de pensée défaillant.
Se placer dans une perspective écologique implique d’adopter une vision non spécialisée de la planète, d’essayer de comprendre comment ces différentes composantes interagissent les unes avec les autres selon des modalités qui tendent à l’équilibre et perdurent à travers les années. Cette perspective ne peut envisager la Terre comme un objet séparé de la civilisation humaine : nous appartenons, nous aussi, à cet ensemble. Mais cet ensemble ne fonctionne pas selon les lois simples des rapports de cause à effet auxquels nous sommes accoutumés. On ne peut plus adapter la Biosphère à notre convenance selon des rites spécialisés, on doit dorénavant chercher à s’adapter à ses rythmes globaux.
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