La religion et l’écologie ne font pas bon ménage. C’est anormal. Le respect de la Création devrait être un devoir pour les juifs, les chrétiens et les musulmans, tous issus d’une même tradition. Pourtant rares sont les chrétiens qui prônent, à l’occasion de Noël, le retour à la simplicité biblique. Cette fête de Noël, censée représenter la naissance du fondateur d’une religion à l’origine ascétique, a dégénéré en un rite purement commercial et mène à son paroxysme la fièvre consumériste. Rien n’est plus emblématique de l’esprit de notre temps que cette perte du sens de la modération. Un mouvement comme « Vivre Noël autrement » montre que la résistance est possible.
Fin 2005, dix mouvements catholiques avaient lancé un appel « vivre Noël autrement ». Ils avaient diffusé une affichette avec le slogan : « Noël, bonne nouvelle pour la Terre » puisque « Jésus nous offre un monde nouveau, sans caddies pleins de cadeaux qui comblent les armoires et les décharges. » Les tracts invitaient à consommer moins et à se rapprocher de ses voisins avec lesquels la fête sera plus belle encore sans faire des kilomètres inutiles avec sa voiture, en offrant un peu de temps, un sourire, une oreille attentive, en inventant des gestes qui contribuent à sauver l’air, la terre, la mer, les forêts. Les associations mentionnent un texte de Jean Paul II publié en 1990 et consacré à la protection de l’environnement : « La société actuelle ne trouvera pas de solution au problème écologique si elle ne révise pas sérieusement son style de vie. » Quelques rares familles ont essayé de montrer l’exemple.
En 2010, c’est la sixième campagne du collectif chrétien Vivre Autrement : « Terre eau, air, paix, santé, éducation, justice, autant de biens communs indispensables à tous et pourtant menacés : pollution, gaspillage, réformes des services publics, brevetage du vivant, conflits… En ce temps de Noël, le collectif propose de réfléchir aux conditions de la préservation de ces biens communs et de leur partage entre tous. Car préserver ces biens communs passe par des gestes relevant de la responsabilité individuelle, mais aussi par une régulation qui est du ressort de tous, responsables politiques et citoyens. » L’idée de fond est parfaite : « Arrêtons l’hyper-Noël, faisons la paix avec la terre. » Mais ce mouvement reste marginal, sans le soutien officiel de son Eglise qui préfère lutter contre les préservatifs.
Le Collectif chrétien « Vivre autrement » propose pour Noël 2012 sa 15ème campagne de sensibilisation et d’action en faveur de la préservation de l’environnement et de la Création. Il propose cette année de dépasser le contexte actuel de la crise et de réfléchir à une solidarité commune pour envisager l’avenir avec espérance.
Les menaces sur l’humanité sont multiples : pollution, endettement, surexploitation des ressources, famine, chômage, réchauffement climatique… et semblent n’avoir aucune issue. Pourtant, partout, des hommes et des femmes réagissent et prennent des initiatives pour inventer et bâtir un monde nouveau. Un monde où le respect pour les humains est inséparable du respect pour toutes les formes de vie sur notre planète. Ces hommes et ces femmes investissent leur énergie dans différents chantiers :
• la préservation de la biodiversité,
• la construction d’une économie sociale et solidaire,
• la mise en place d’énergies renouvelables qui épargnent notre climat,
• la solidarité et le partage des richesses,
• un développement durable qui garantit l’avenir des générations futures.
Ces initiatives paraissent encore bien modestes. Mais elles vont dans la même direction que des initiatives laïques comme les mouvements pour la simplicité volontaire et l’objection de croissance.
Plus d’infos sur www.noel-autrement.org
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Merci. Mon clavier est qwerty (donc pas d’accents) ce qui complique la tache…desole..
On ne peut pas ( plus ) dire que la foi et l’écologie ne font pas bon ménage ! Les publications, les colloques, les sites internet disent l’intérêt croissant des églises concernant l’écologie et même la décroissance.
On peur réécouter les conférences données à Lyon l’an dernier lors d’un colloque Objection de croissance et christianisme
http://www.chretiens-et-pic-de-petrole.org/
Dominique Lang un prêtre biologiste a créé un blog : Eglises et écologies qui nous donne des matériaux tout à faits intéressants. http://ecologyandchurches.wordpress.com/
Les évêques de France viennent de publier un document concernant les déchets nucléaires de Bure..
Benoît XVI et avant lui Jean Paul II ont abordé très souvent ces questions.
Le diocèse de St Etienne a organisé l’an dernier un colloque les assises chrétiennes de l’écologie qui a réuni plus de 1400 personnes avec des experts, des théologiens…c’était remarquable. Tout cela a été enregistré mais l’entreprise demande un prix excessif pour donner ces enregistrements aux organisateurs…
Que l’engagement des croyants et des églises – du côté chrétien -, ne soit pas suffisant certainement mais les choses progressent à un rythme encourageant.
Erratum: dans la premiere citation, il fallait lire: « La responsabilite devant Dieu et son tribual est remplacee *par* la responsabilite .. « , le mot et « par », et non « pas ». Je ne suis pas tres bon en dactylographie.
modérateur du blog : merci de votre contribution.
Votre texte est corrigé pour une meilleure lecture…
Effectivement je pense que le message de l’Eglise (Catholique) n’est pas foncièrement en désaccord avec une certaine décroissance – ce qui me met en porte-a-faux je dois le reconnaitre. Et un respect pour la Nature au sens large, qui est pour l’Eglise le respect du a la création.
Je partage avec vous une préférence pour suivre une « voie naturelle » dans la vie et dans la mort, mais votre tolérance pour l’avortement – a moins que je ne vous lise mal – serait bien sur une grande différence.
Mais je lisais justement hier – hasard – un livre de Benoit XVI a l’epoque ou il n’etait pas encore pape. Il mettait en garde contre des derives possibles de cette vision, Je recopie deux passages:
« […] La responsabilité devant Dieu et son tribunal est remplacée par la responsabilité devant l’Histoire, devant l’humanité. Il en résulte des critères totalement moraux qui peuvent alors être exposes avec un certain fanatisme, par exemple la lutte contre la surpopulation, qui va de pair avec la lutte générale pour le maintient de l’équilibre biologique […] »
(Cardinal Joseph Ratzinger, Entretiens avec Peter Seewald, « Le Sel de la terre ». Flammarion Cerf1997, ISBN: 2-08-068906-1, page 125)
ou bien:
« […] Ensuite j’evoquerai deux autres themes qui parcourent aussi toute la planete. L’un deux est l’ecologie. Elle est née de la conscience que nous ne pouvons pas proceder avec la terre comme nous le faisons. Il en a presque resulté une honte d’appartenir a cette humanite qui epuise la creation, et l’on vient a se demander: qu’est-ce que l’homme en fait, ne doit-il pas reprendre sa place parmi les autres etres vivants, et autres choses de ce genre. On peut pratiquer l’ecologie chretiennement, a partir de la foi en la creation, qui pose les limites de l’arbitraire humain, indique les dimensions de la liberte; on peut la developper de maniere antichretienne,a partir du New-Age, a partir de la divinite du cosmos […] »
(meme livre, page 130)
Joyeux Noel a toutes et tous sur la planete.
Le pape et la Création
Le pape Benoît XVI disait dans son message du 1er janvier 2010 : si tu veux construire la paix, protège la création.
1. Le respect de la création revêt une grande importance, car « la création est le début et le fondement de toutes les oeuvres de Dieu » et, aujourd’hui, sa sauvegarde devient essentielle pour la coexistence pacifique de l’humanité. Si, en effet, à cause de la cruauté de l’homme envers l’homme, nombreuses sont les menaces qui mettent en péril la paix et le développement intégral authentique de l’homme – guerres, conflits internationaux et régionaux, actes terroristes et violations des droits de l’homme – les menaces engendrées par le manque d’attention – voire même par les abus – vis-à-vis de la terre et des biens naturels, qui sont un don de Dieu, ne sont pas moins préoccupantes.
C’est pour cette raison qu’il est indispensable que l’humanité renouvelle et renforce « l’alliance entre l’être humain et l’environnement, qui doit être le miroir de l’amour créateur de Dieu, de qui nous venons et vers qui nous allons ».
4. […] Comment demeurer indifférents face aux problématiques qui découlent de phénomènes tels que les changements climatiques, la désertification, la dégradation et la perte de productivité de vastes surfaces agricoles, la pollution des fleuves et des nappes phréatiques, l’appauvrissement de la biodiversité, l’augmentation des phénomènes naturels extrêmes, le déboisement des zones équatoriales et tropicales ? Comment négliger le phénomène grandissant de ce qu’on appelle les « réfugiés de l’environnement » : ces personnes qui, à cause de la dégradation de l’environnement où elles vivent, doivent l’abandonner – souvent en même temps que leurs biens – pour affronter les dangers et les inconnues d’un déplacement forcé ?
Comment ne pas réagir face aux conflits réels et potentiels liés à l’accès aux ressources naturelles ? Toutes ces questions ont un profond impact sur l’exercice des droits humains, comme par exemple le droit à la vie, à l’alimentation, à la santé, au développement.
12. L’Église a une responsabilité vis-à-vis de la création et elle pense qu’elle doit l’exercer également dans le domaine public, pour défendre la terre, l’eau et l’air, dons du Dieu Créateur à tous, et, avant tout, pour protéger l’homme du danger de sa propre destruction. La dégradation de la nature est, en effet, étroitement liée à la culture qui façonne la communauté humaine, c’est pourquoi « quand l’“écologie humaine” est respectée dans la société, l’écologie proprement dite en tire aussi avantage ». […]
14. Si tu veux construire la paix, protège la création. La recherche de la paix de la part de tous les hommes de bonne volonté sera sans nul doute facilitée par la reconnaissance commune du rapport indissoluble qui existe entre Dieu, les êtres humains et la création
tout entière. […]
Toute personne a donc le devoir de protéger l’environnement naturel pour construire un monde pacifique. C’est là un défi urgent à relever par un engagement commun renouvelé.