Le terme « malthusien » est un mot du dictionnaire français voulant dire simplement « favorable à la limitation des naissances ». Dans le petit Larousse 2000, le terme est étendu à ceux qui sont contre l’expansion économique. Un objecteur de croissance voulant une maîtrise de la fécondité est donc malthusien par définition. Ce rappel lexical est d’autant plus nécessaire que le terme malthusien est ignoré de la population : notre société se garde bien d’apprendre aux gens ce qui peut les rendre responsables. Approfondissons l’analyse.
Le terme « malthusien » découle de l’essai sur le principe de population écrit à la fin du XVIIIe siècle par le britannique Malthus, un économiste et pasteur anglican. Il a été critiqué par les socialistes autant pour ses positions démographiques que pour sa conception opposée au maintien de « lois sur les pauvres ». Aujourd’hui encore une partie de l’intelligentsia fait mine de croire qu’il s’agit d’être « anti-pauvres » alors que Malthus voulait au contraire défendre la cause des pauvres. Mais il croit en une approche qu’on pourrait appeler libérale, reposant sur la responsabilité individuelle : « Le peuple doit s’envisager comme étant lui-même la cause principale de ses souffrances… Si nous négligeons de donner attention à nos premiers intérêts, c’est le comble de la folie et de la déraison d’attendre que le gouvernement en prendra soin… En Angleterre, les lois sur les pauvres ont été incontestablement établies dans des vues pleines de bienveillance. Mais il est évident qu’elles n’ont point atteint leur but… Les lois sur les pauvres tendent manifestement à accroître la population sans rien ajouter aux moyens de subsistance… Ainsi les lois y créent les pauvres qu’elles assistent… Ce que je propose, c’est l’abolition graduelle des lois sur les pauvres, assez graduelle pour n’affecter aucun individu qui soit actuellement vivant, ou qui doivent naître dans les deux années prochaines… La plupart des attaques contre mon essai sont moins des réfutations que des déclamations ou des injures qui ne méritent aucune réponse. Je suis donc appelé à relever des objections qui ont été faites en simple conversation… Une objection est tirée de ce que je nie que les pauvres aient droit d’être entretenus par le public. Ceux qui font cette objection sont tenus de prouver que le rapport de la population et des subsistances est faux… Tous mes raisonnements et tous les faits que j’ai recueillis prouvent que, pour améliorer le sort des pauvres, il faut que le nombre proportionnel des naissances diminue… Le droit d’être nourri ne peut appartenir à tous. Ceux qui soutiennent que ce droit existe, et qui cependant vont en voiture, vivent dans l’abondance, nourrissent même des chevaux sur un sol qui pourrait nourrir des hommes, me semblent mal d’accord avec leurs propres principes… En aucun cas, nous ne devons perdre l’occasion de faire du bien… Tout lecteur équitable doit reconnaître que l’objet pratique que l’auteur a eu en vue par-dessus tout est d’améliorer le sort et d’augmenter le bonheur des classes inférieures de la société. » Autant de phrases de Malthus qui méritent d’être étudiées sans qu’on fasse du mot malthusien un épouvantail.
D’autre part le terme « néo-malthusien » est faussement employé par les tenants du système croissanciste comme voulant dire « opposé à l’expansion économique », donc au progrès ! Ainsi néo-malthusien est considéré comme une critique en soi, sans tenir compte du fait qu’historiquement les « néo-malthusiens » représentent bien autre chose. Le néo-malthusianisme est développé à la fin du XIXe siècle par une partie de la mouvance anarchiste qui se réfère aux lois de Malthus, mais aussi au refus de fournir à la bourgeoisie chair à canon, chair à plaisir et chair à produire. Certains, comme Paul Robin (1837-1912), ont œuvré pour propager les méthodes de contraception et le féminisme. Celui-ci est considéré comme le père du planning familial et du MLF (mouvement de libération des femmes).
Les termes « malthusien » et « néo-malthusien » nous paraissent, dans leur sens originel, dignes d’estime.
« je ne vois pas d’où vous sortez votre interprétation de mon interprétation. »
Du meme chapeau que celui qui vous a dit que je ralais contre la gravite ou que je conversais avec Spinoza. C’est un chapeau qui a beaucoup d’imagination.
Sur tout ce qui a trait à la croissance, je vous conseille au passage la consultation du blog d’Olivier Berruyer (contentez-vous des graphiques si le reste est pour vous de la propagande).
Camarade tovaritch,
Quel parti? Je n’en ai point.
L’édito est cristallin et se suffit à lui-même; je ne vois pas d’où vous sortez votre interprétation de mon interprétation.
Je n’ai émis aucun jugement sur la croissance économique (doc le « j’aime » ou je « n’aime pas » à ce sujet-là est sorti de votre imagination. Tout simplement, j’aurais pu m’arrêter bien avant les fonctions holomorphes pour comprendre qu’un gâteau qui se partage est un gâteau qui se savoure moins longtemps.
Donc d’apres cet edito, que vous comprenez si bien, soit la population augmente (ce que vous n’aimez pas) et la croissance baisse (ce que vous aimez); soit la population baisse ( ce que vous aimez) et la croissance augmente (ce que vous n’aimez pas).
La ligne du parti, que vous repetez comme un mantra en esperant qu’elle deviendra realite, c.a.d. baisse de la population et baisse de la croissance, ne semble pas etre ce dont il est question dans ces exemples. Sauf, mais de maniere inverse, aux Etats-Unis: immigration + hausse de la natalite = plus de croissance. J’ai raison d’y habiter !!
Un édito compréhensible même par un coq, fût-il au vin, et qui égratigne la propagande habituelle: http://www.franceinter.fr/emission-l-edito-eco-l-appauvrissement-individuel-est-reel
Je vous manque Jose?
Tiens, pas encore de commentaire d’un défenseur de la « liberté » (de procréer, de consommer etc.). Remarquez, il est peut-être ailleurs en train de protester contre la gravité, qui a le culot de nous ôter la liberté de voler. Ou peut-être est-il en train d’argumenter avec Spinoza que le pot de fleur qui approche est inoffensif puisqu’il n’en perçoit encore aucun effet?