Pour le PDG de Total Christophe de Margerie le terme « transition énergétique » (pour le débat national initié par les socialistes) paraît plus « raisonnable » que « décarbonisation » de l’économie. On voit déjà où il veut en venir, continuons à brûler du pétrole ! Rajouter qu’« un débat franco-français sans vision mondiale n’aurait aucun sens » veut bien dire qu’il ne faut rien changer… alors que la France pourrait jouer un rôle d’exemplarité. Christophe de Margerie affirme que la lutte contre le changement climatique, « c’est une question de survie à court ou moyen terme ». Donc arrêtons de brûler du pétrole, qui émet des gaz à effet de serre ! Mais de Margerie préfère parler de rentabilité des gaz de schiste : « Bientôt on pourra même exploiter les champs de gaz sec de manière rentable. » Et vive l’effet de serre. Et comme on cherche ardemment des alternatives à la fracturation hydraulique, on sera au point « dans dix à vingt ans… pour développer une technologie de rupture ». Toujours cette croyance aveugle de la technique qui trouve toujours ce qu’il faut… demain… ou plus tard ! D’ailleurs, « parlons plutôt de « massaging » de la roche plutôt de « fracturation » ». Quelle bonne idée que c’est là, mieux vaut massage que fracture, pourtant c’est la même chose ! « Si on exploitait le gaz de schiste français, ce serait bon pour l’économie et pour la sécurité de notre approvisionnement ». Ah, toujours le chantage à l’économie, brûlons la planète, cela fait des emplois ! « Les études à charge (fuites de méthane sur les forages de gaz de schiste) n’ont aucune valeur. » Bien entendu, seul Margerie a raison !
Et la descente énergétique après le pic pétrolier, solution première aux émissions de gaz à effet de serre ? Christophe de Margerie fait fort : « Le peak oil n’est plus vraiment d’actualité. Des découvertes et le développement de nouvelles technologies ont permis d’accroître les ressources pétrolières dont le monde dispose sur le long terme. Grâce en particulier aux huiles et gaz de schiste. Concernant le pétrole, nous estimons que nous disposions de plus de cent ans de ressources sur la base de la consommation actuelle. » Belle confusion entre réserves ultimes et pic quantitatif du pétrole ! De toute façon l’affirmation Margerie relève du mirage car, comme il le dit lui-même, « nous sommes toujours confrontés au « peak capacity« , c’est-à-dire à notre capacité à transformer toutes ces ressources en réserves développées » ! Hypocrisie quand tu nous tiens…
Matthieu Auzanneau, autrement dit notre copain Oil Man, commente : Margerie dit qu’il n’y a pas de « peak oil » MAIS confirme un « peak capacity » vers 2020-2025. Il ne reste plus qu’à expliquer la différence !
* LE MONDE du 11 janvier 2013 Christophe de Margerie : « Le changement climatique, c’est sérieux »