Le Parti Socialiste n’a jamais été écolo. Changera-t-il ?

Le Parti Socialiste n’a jamais été écolo. C’est un parti productiviste dont les fondamentaux économiques diffèrent imperceptiblement de ceux de la droite : volonté de croissance du PIB, souci de compétitivité internationale, mépris des contraintes écologiques. Le PS est même politiquement pire que la droite qui a connu des ministres de sensibilité réellement écologique. En effet le PS  a concédé une fois pour toutes la sous-traitance de l’urgence écologique au parti des Verts ; autant dire que l’urgence a été ignorée.

Le pôle écologique avait présenté une motion lors du Congrès de Reims (novembre 2008) « pour un parti socialiste résolument écologique ». Le PEPS (pôle écologique du PS) a complètement disparu après un score d’ultra-minoritaire malgré ses quelques députés en soutien. La commission nationale environnement du PS s’est progressivement vidée de sa substance au fil des années ; Laurence Rossignol l’a enterré ces dernières années. On connaît le sort donné à Nicole Bricq, qui faisait d’ailleurs partie du pôle. Ministre socialiste de l’écologie, elle est débarquée à peine nommée : horreur, elle voulait appliquer en Guyane les préceptes de l’écologie. De toute façon il n’y a aucun réflexion interne au parti. Les débats, des sections locales jusqu’à la rue Solferino, sont consacrés uniquement aux problèmes électoraux : lutte de classement pour savoir qui va être désigné « démocratiquement » pour tel ou tel poste…  En clair, un député ne peut devenir député que s’il a joué le rôle de porte-flingue d’un notable déjà installé. L’enjeu écologique n’est pas jugé porteur pour passer devant les électeurs : mieux vaut la promesse d’un investissement de prestige comme une médiathèque, une autoroute, un aéroport… Ah ! l’Ayrault-port de NDDL, si cher à notre Premier ministre, les matraques en prime.

Le dernier article du MONDE* sur la question reflète le même point de vue : « Les socialistes ont délaissé les thématiques écologiques, préférant les déléguer aux partis écologistes, leurs alliés… Leur dernier document, un « corps de pensée globale sur l’écologie », ne formule que des propositions générales et, surtout, élude les questions qui fâchent et mettent le gouvernement en difficulté… Pas de scrutin officiel à la clé : « Le PS n’est pas en état de voter sur la transition écologique », confirme la secrétaire nationale du PS à l’écologie et au développement, Laurence Rossignol… Le document ne dit pas un mot du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes qui cristallise les critiques des défenseurs de l’environnement et contredit les choix économiques, sociétaux, environnementaux que le PS dit vouloir opérer… Sur la question du diesel, principal vecteur de la pollution aux particules fines, les socialistes s’interdisent de taxer « brutalement » le carburant pour « éviter une rupture de contrat avec les consommateurs ».

* LE MONDE du 23 mars 2013, Hostilité au gaz de schiste, prudence sur le diesel, le Parti socialiste débat de sa « pensée sur l’écologie »

7 réflexions sur “Le Parti Socialiste n’a jamais été écolo. Changera-t-il ?”

  1. Le Parti Socialiste changera-t-il ou ne changera-t-il pas ? La contrainte énergétique actuelle aura-t-elle raison des ambitions démesurées de M. et Mme CROISSANCE ?
    Avouez tout de même, qu’au moins, avec la politique actuelle en la matière, nous allons de plus en plus vite dans le mur, ce qui dans un sens pourrait aboutir (peut-être) sur une remise en question profonde du système politique en place. Mais si cette politique, essentiellement basée sur la sainte croissance en venait à renier cet élément, serait-elle encore crédible ? Je ne pense pas qu’on puisse penser que le système politique actuelle puisse connaître de mutations, compte tenu de sa trop forte implication dans le système industrialo-technico-croissantiste. Si ce système s’effondre (ce qui, vous me l’accorderez, ne devrait plus trop tarder maintenant), l’organisation politique liée devrait également se restructurer… Vers quoi ? Là, je ne saurais dire… A vrai dire, c’est un véritable point d’interrogation. Avec nous, le déluge et après ? Sans doute que le réveil des consciences pourrait remettre en question la nature même de nos organisations humaines basées sur un prélèvement croissant en ressources naturelles. Mais là, je suis un peu optimiste. L’être humain n’a que peu conscience de sa dépendance à l’environnement qui l’entoure (et qui d’ailleurs est cloisonné comme un secteur à part entière dans nos sociétés occidentales)… De là à espérer un réveil inédit même sous forte contrainte (en ayant froid et le ventre vide), cela reste à voir…

  2. Eg.O.bsolète

    Je vote écolo depuis que je suis en âge de voter mais là je laisse tombé car je considère que l’écologie vole au dessus du débat gauche droite et qu’elle n’avait pas à se positionner sur l’axe gauche droite. Et comme je considère la gauche encore plus à droite que la droite, je ne vous raconte pas …

    L’incapacité des écolos à expliquer la crise actuelle me donne envie de me flinguer, ils sont soit devenus autistes, soit ils ont reçu leur RFID avec dose létale et on été briefé par les dirigeants de demain. C’est tout simplement impensable.

    Ce qui me rend malade ce sont les huit ans de perdus depuis que la crise systémique a débuté, j’y vois là presque un crime contre l’humanité quand on réfléchit à ce que nous sommes en train de mettre en place avec notre BAU … les conditions de l’horreur absolue … et les écolos d’aujourd’hui sont coresponsables.

  3. Ludvigvonprinn

    Chère biosphère ,
    comment des partis acharnés à notre perte agissant au nom du nouvel (dés)ordre mondial peuvent-ils encore vous inspirer un quelconque espoir ?
    M. Rossignol a probablement été nommée par les instances du PS pour encore leurrer par un discours attractif les vrais défenseurs de l’ environnement .
    Les politichiens , ces malfaisants, ne comprennent en matière de protection de l’ environnement, que le langage de la coercition et de la force physique : ils les subiront donc !
    A la décharge de EELV parti rouge vert que « coq au vin » a percé à jour, seul Y. Cochet m’inspire du respect pour ses positions lucides et son début de prise de conscience malthusienne ; mais que diable fait-il au milieu de ces zozos, il mérite bien mieux !

  4. Ludvigvonprinn

    Le conglomérat UMPSEELVPCModem est croissantiste donc productiviste , internationaliste / mondialiste donc immigrationniste et opposé au contrôle démographique .
    Il doit aussi détester les PME , l’ agriculture de qualité et le localisme .
    Les plus hypocrites sont les pastèques EELV , idiots utiles de la pieuvre mafieuse UMPS, avec ses Con Bandit , Mamère , Duflot , Voynet, Gro Farseth alias Joly pour ne citer que les plus connus .
    Rien à espérer de ce conglomérat toxique .

    1. Bonjour Ludvigvonprinn
      Nous pensons que l’attaque systématique des sigles et personnes est inadaptée. Le PS est certes velléitaire en matière d’écologie, mais il progresse. Secrétaire nationale du PS au droit des femmes, Laurence Rossignol a progressivement intériorisé l’urgence écologique en tant que secrétaire nationale chargée de l’environnement : son dernier discours en témoigne. Aucun d’entre nous ne naît écolo, il nous faut le devenir. Il n’y a pas de conglomérat toxique, chacun évolue à son rythme et parmi les partis que vous citez, EELV est l’organisation la plus à même de progresser en même temps que nous sur la voie du respect de la Terre qui nous porte.

  5. lueur d’espoir ? La secrétaire nationale à l’écologie, Laurence Rossignol, aurait notamment déclaré le 23 mars :
    Sur des sujets comme les gaz de schiste, nous devons résister à ceux qui pensent que notre confiance dans le progrès nous interdit de passer à côté de cette ressource. Les gaz de schiste ce n’est pas le progrès, c’est le contraire du progrès : c’est le retour d’une énergie fossile. Il y a sous nos pieds plus de carbone que l’atmosphère ne peut en absorber !
    Nous ne venons pas tous à l’écologie par les mêmes chemins, il faut trouver l’homogénéité de ces parcours différents, et faire partager dans le parti l’urgence de la transition écologique pour elle-même, avant de la justifier par « une nouvelle croissance » ou « de nouveaux emplois ». Nous ne devons pas renoncer à dire que la France accroît son recours aux pesticides et aux intrants chimiques dans l’agriculture, que nous rêvions d’un réchauffement climatique « limité » à +2°C en 2100, mais que nous sommes sur une trajectoire de +4°C en 2060 !
    Nous devons combattre l’idée que l’écologie est un truc de bobos. Les victimes de la crise écologique sont ceux que le PS a vocation à défendre : les plus démunis, les plus défavorisés. Je ne suis pas d’accord avec l’idée que se nourrir bio c’est se nourrir cher, ce n’est pas une question financière, mais une question culturelle. C’est vrai que les bobos adhèrent plus aux AMAP mais c’est avant tout culturel. Le versant populaire des AMAP ce sont les jardins ouvriers. Le budget consacré aujourd’hui à l’alimentation est de 13 % et il décroît sans cesse, au profit de la consommation de biens jetables ! Nous devons résister à la disparition de la paysannerie, corollaire de la progression de la malbouffe. On n’avancera pas si on ne fait pas le lien enjeux environnementaux/modes de vie.
    La transition écologique doit être populaire au double sens du mot : aimée et portée par le peuple. Si elle n’est pas populaire elle sera confisquée par les populismes, qui en accroîtront les effets pénalisants. Nous n’avons le choix qu’entre la transition écologique et la pénurie. Le monde de demain ne sera pas celui d’hier ; nous devons y admettre la décroissance de certaines activités. Les outils publics de soutien à l’économie doivent être sélectifs et privilégier les activités qui s’inscrivent dans la transition écologique, les activités à haute valeur environnementale ajoutée.
    Les Français sont moroses parce qu’ils pensent que leurs enfants vivront moins bien qu’eux. Il y a contradiction entre un mode de développement qui procure des gratifications immédiates et la préservation de l’avenir. Cette contradiction est systémique, collective et individuelle. Nous devons impérativement la dépasser sinon le désespoir social conduira au vote FN. C’est évidemment plus compliqué pour nous, socialistes, que de dire « on va vous donner plus parce qu’on produira plus ». Pour convaincre nous devons retrouver le souffle et le pouvoir de conviction des pères fondateurs du socialisme !

  6. lueur d’espoir ? La secrétaire nationale à l’écologie, Laurence Rossignol, aurait notamment déclaré le 23 mars :
    Sur des sujets comme les gaz de schiste, nous devons résister à ceux qui pensent que notre confiance dans le progrès nous interdit de passer à côté de cette ressource. Les gaz de schiste ce n’est pas le progrès, c’est le contraire du progrès : c’est le retour d’une énergie fossile. Il y a sous nos pieds plus de carbone que l’atmosphère ne peut en absorber !
    Nous ne venons pas tous à l’écologie par les mêmes chemins, il faut trouver l’homogénéité de ces parcours différents, et faire partager dans le parti l’urgence de la transition écologique pour elle-même, avant de la justifier par « une nouvelle croissance » ou « de nouveaux emplois ». Nous ne devons pas renoncer à dire que la France accroît son recours aux pesticides et aux intrants chimiques dans l’agriculture, que nous rêvions d’un réchauffement climatique « limité » à +2°C en 2100, mais que nous sommes sur une trajectoire de +4°C en 2060 !
    Nous devons combattre l’idée que l’écologie est un truc de bobos. Les victimes de la crise écologique sont ceux que le PS a vocation à défendre : les plus démunis, les plus défavorisés. Je ne suis pas d’accord avec l’idée que se nourrir bio c’est se nourrir cher, ce n’est pas une question financière, mais une question culturelle. C’est vrai que les bobos adhèrent plus aux AMAP mais c’est avant tout culturel. Le versant populaire des AMAP ce sont les jardins ouvriers. Le budget consacré aujourd’hui à l’alimentation est de 13 % et il décroît sans cesse, au profit de la consommation de biens jetables ! Nous devons résister à la disparition de la paysannerie, corollaire de la progression de la malbouffe. On n’avancera pas si on ne fait pas le lien enjeux environnementaux/modes de vie.
    La transition écologique doit être populaire au double sens du mot : aimée et portée par le peuple. Si elle n’est pas populaire elle sera confisquée par les populismes, qui en accroîtront les effets pénalisants. Nous n’avons le choix qu’entre la transition écologique et la pénurie. Le monde de demain ne sera pas celui d’hier ; nous devons y admettre la décroissance de certaines activités. Les outils publics de soutien à l’économie doivent être sélectifs et privilégier les activités qui s’inscrivent dans la transition écologique, les activités à haute valeur environnementale ajoutée.
    Les Français sont moroses parce qu’ils pensent que leurs enfants vivront moins bien qu’eux. Il y a contradiction entre un mode de développement qui procure des gratifications immédiates et la préservation de l’avenir. Cette contradiction est systémique, collective et individuelle. Nous devons impérativement la dépasser sinon le désespoir social conduira au vote FN. C’est évidemment plus compliqué pour nous, socialistes, que de dire « on va vous donner plus parce qu’on produira plus ». Pour convaincre nous devons retrouver le souffle et le pouvoir de conviction des pères fondateurs du socialisme !

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