A force de trop vouloir s’éloigner de la nature, on se retrouve sans normes ni même morale et sans institutions stables. Pour certains les outils technologiques participent au développement d’une vie plus variée : cybersexualité, amour virtuel via une webcam, etc… le tout sans contact physique*. Le transhumanisme voudrait aller encore plus loin : la fusion de l’homme avec la machine. Ils prolongent la tendance à la convergence NBIC (Nanotechnologies, Biologie, Informatique et sciences Cognitives). Voici en résumé le discours de Laurent Alexandre : « Pour les transhumanistes, un citoyen est un être autonome qui n’appartient à personne d’autre qu’à lui-même, et qui décide seul des modifications qu’il souhaite apporter à son cerveau, à son ADN ou à son corps au fil des avancées de la science. Ils considèrent que la maladie et le vieillissement ne sont pas une fatalité. Il s’agit de faire de l’homme un terrain d’expérimentation pour les technologies, un être perfectible et modifiable jour après jour par lui-même. Aujourd’hui, Google est devenu l’un des principaux architectes de la révolution NBIC et soutient activement le transhumanisme et son « pape », Ray Kurzweil (Singularity University). Google nous emmène vers une civilisation transhumaniste. ** » Une vision radicale des droits de l’humain ? Ou un fantasme de toute-puissance ?
La « spiritualité » moderne comporte deux composantes principales. La première concerne la place privilégiée que nous accordons aux techniques. Le transhumanisme reprend au premier degré l’espérance baconienne de dépassement de la mort. Cette quête de la puissance débouche nécessairement sur l’hubris, la démesure. Elle finit par supprimer tout référent, et donc par interdire toute limite, et même toute finalité. Le second trait majeur de cette spiritualité est l’importance accordée à l’individu. Cela apparaît aussi clairement chez Laurent Alexandre : « un être autonome qui n’appartient à personne… qui décide seul… un être modifiable par lui-même… » Une tel discours est une imposture puisque le choix de l’individu est déterminé par la possibilité technologique d’endosser un artefact qui demande un appui social conséquent. En particulier ici un financement par Google, des réseaux électriques, des écoles d’ingénieurs, etc.
Le transhumanisme, c’est comme le mariage pour les homosexuels, un déni de la nature humaine, nature qui détermine nos limites physiques et notre sexe. Selon notre point de vue, ce n’est pas l’homme qui doit « s’augmenter » artificiellement mais bien les sociétés humaines qui doivent décroître jusqu’à rejoindre la mesure de l’homme.
* LE MONDE du 19 avril 2013, Sexe2.0 (chronique Net de Marlène Duretz)
** LE MONDE Science&Techniques du 20 avril 2013, Google et les transhumanistes
pour approfondir : the breakdown of nations
Peut-etre avez-vous raison, peut-etre avez-vous tort. Ce qui fait l’Humanite, c’est Promethee, c’est Eve goutant le fruit de la conaissance. La production de culture.
Si nous ne le faisons pas, nous ne nous nions pas seulement nous-memes, nous mourrons (c’est la faute a Epimethee).
précisions
L’article du MONDE est porté par Laurent Alexandre, Président de DNAVision, dont le séquençage de l’ADN et les manipulations génétiques constituent le gagne-pain. LE MONDE offre donc une tribune libre au lobby NBIC. Dans un article plus récent, Laurent Alexandre se permettait d’écrire : « Les variants génétiques défavorables s’accumulent dans le génome humain alors qu’autrefois les mutations négatives de l’ADN étaient éliminées par la sélection naturelle. Laurent Alexandre avait SA solution : « Les biotechnologies vont compenser ces évolutions délétères… » Mirages de la technoscience, rêve de toute-puissance !