Les « écologistes » d’EELV se trompent de combat !

Grogne chez les écologistes ! Jean-Vincent Placé, président du groupe écologiste au Sénat, dénonce des prévisions de croissance « extrêmement optimistes » et plaide pour « desserrer l’étau de la rigueur ». Cinq députés écologistes sur dix-sept ont choisi de s’abstenir sur le « programme de stabilité » qui prévoit le retour à l’équilibre des finances publiques en 2017. EELV exprime aussi son désaccord sur d’autres points socio-économiques ou politiques.* Mais ce parti ne dit rien d’écologiste ou de vert. Etonnant ! D’autant plus que le panégyrique de la croissance ne devrait pas faire partie de leurs fondamentaux. Ils devraient lire l’interview de Richard Heinberg** dont voici quelques extraits :

« Malthus avait annoncé des rendements décroissants au XIXe siècle. Mais les hommes ont soudainement reçu le plus gros lot de l’histoire : la valeur de dizaines de millions d’années d’énergie solaire emmagasinée, attendant seulement d’être exploitée pour effectuer toutes sortes de travaux économiques. Désormais  cette industrialisation nourrie au pétrole atteint son propre seuil des rendements décroissants. Les efforts nécessaires à l’extraction de pétrole et de gaz explosent. Devant les rendements décroissants d’une production abreuvée au pétrole, les sociétés « avancées » ont maintenu leur croissance en empruntant. Les ménages ont contracté des dettes intenables et les gouvernements empruntaient davantage pour combattre leur propre crise de la dette. Pendant ce temps, nous avons augmenté la population humaine à des niveaux périlleux et le climat est devenu instable, ce qui met l’agriculture en danger. La croissance va s’arrêter. Les prochaines décennies seront inévitablement vécues comme des périodes de récession économique.

Nous avons échappé à Malthus avec les combustibles fossiles, mais aujourd’hui il n’y a aucune source d’énergie miracle à l’horizon. La société va revenir à une taille et un niveau de complexité compatibles avec l’énergie disponibles. La mobilité sera moindre, davantage de gens s’engageront dans des productions de base comme l’agriculture et beaucoup moins de gens seront dans les secteurs secondaire ou tertiaire. Nous devrons apprendre à vivre avec moins. Partager plus. Les législateurs devraient faire reculer l’industrie de la finance, réduire les inégalités économiques, diminuer les niveaux de population par l’intermédiaire du planning familial et construire la résilience dans toute la société. »

* LE MONDE du 2 mai 2013, Les Verts expriment de plus en plus leur défiance envers la politique du gouvernement

** mensuel La Décroissance, mai 2013 page 3 et 4

NB : deux livres de Richard Heinberg à lire absolument :

2003 Pétrole, la fête est finie (traduction française éditions Résistances, 2008)

2011 La fin de la croissance (traduction française éditions Résistances, 2012)