Jean-Luc Mélenchon appelait à manifester contre l’austérité ledimanche 5 mai à Paris. LE MONDE* titrait : « Faute d’alternative, l’austérité reste la seule option. Qui a raison ? Le problème, c’est que le mot « austérité », comme tant d’autres mots, est un mot-valise qui porte tellement de signifiants qu’on peut leur faire dire une chose et son contraire.
D’abord constatons que ceux qui sont pour l’austérité sont aussi pour la croissance, ce qui est déjà assez paradoxal. Ainsi Barack Obama : « Nous avons besoin d’un programme de croissance tout en maintenant la discipline fiscale. » (19 mai 2012 au G8). De même Christine Lagarde, la directrice du Fonds monétaire international : « il faut à la fois observer « une discipline budgétaire » et « favoriser les éléments de croissance ». Il n’y a « pas d’alternative à l’austérité » » (discours au lendemain du 1er mai 2013).
Comme nous avons amplement traité de la problématique de l’austérité sur ce blog, nous vous renvoyons à nos textes antérieurs, sachant que la sobriété choisie ne peut pas être confondue avec l’austérité subie.
– La décroissance voulue n’est pas une récession subie
résumé : « On reste dans l’idée que la croissance est la solution, alors qu’elle est le problème, écologiquement, socialement et politiquement… Il ne faut pas confondre société de décroissance et récession économique. D’un côté austérité coordonnée, assumée et partagée ; de l’autre austérité éclatée, imposée et injuste…
– vivre comme un écolo, dans la souffrance ?
résumé : « Vivre comme un écolo implique des « sacrifices » qu’il vaudrait mieux pratiquer volontairement dès aujourd’hui plutôt que de les subir violemment demain… Le mode de vie à l’occidentale est bien au-dessus des possibilités de la planète (cf. empreinte écologique), ce qui nécessite une cure d’austérité qui implique une sobriété personnelle importante…
– austérité et relance, une grève générale pour rien !
résumé : « La Confédération Européenne des Syndicats (CES) appelait à une « journée d’actions » en Europe contre l’austérité. La thématique est ambiguë : les travailleurs seraient-ils d’accord pour qu’un pays continue de vivre à crédit ? Cette grève ne serait-elle pas un soutien indirect au patronat qui s’acharne à nous vendre de la merde après avoir vidé nos cerveaux grâce à la pub ?…
– aujourd’hui 22 août 2012, le jour du dépassement
résumé : « Mauvaise nouvelle pour la planète, ce mercredi 22 août l’humanité a déjà épuisé son crédit annuel de ressources naturelles. Nous avons déjà atteint le « Global Overshoot Day » ou « jour du dépassement ». En d’autres termes, nous vivrons à crédit jusqu’à la fin de l’année. Autrement dit, nous puisons dans le capital naturel…
@ cendrine Rovini
Bravo. Il y a sur ce blog des donneurs de leçons exaspérants et j’aimerais bien, au passage, vérifier leurs taux personnels de décroissance…
Modérateurs du blog biosphere @ philippulus
Ne regardons pas la paille dans l’œil du voisin,
nous risquerions de ne pas voir la poutre dans le nôtre…
Bonjour Cendrine,
Vous attribuez au mot luxe un sens moral, je lui donnais, moi, un sens strictement économique. Le luxe est ce que l’on consomme au-delà de notre capacité à produire : cela me semble une très bonne définition. De ce point de vue nos sociétés et l’humanité dans son ensemble vivent dans le luxe puisque nous consommons au delà de nos productions et des ressources renouvelables en puisant dans le capital de la planète, d’où le caractère non durable de notre comportement. Cette vision des choses devrait d’ailleurs être en parfaite harmonie avec vos points de vue sur la croissance, points de vue que je partage dans une large mesure. Je n’ai d’autre part jamais prétendu que vous soyez nataliste et je suis heureux de partager, là aussi, ce jugement avec vous.
Concernant M. Mélenchon il me semble au contraire très favorable à la croissance, en parfaite opposition avec vos analyses. J’ajoute que, quand vous lui faites plus confiance qu’à d’autres pour vous laisser vivre tranquillement dans une yourte selon vos choix de vie, je vous invite à la prudence. Ses déclarations sur le Tibet par exemple ne me semble guère rassurantes en ce qui concerne son respect des peuples et de leur choix ou de leur désirs d’indépendance.
En ce qui concerne le profil, j’écris ce que je pense, tout simplement.
@ Didier Barthès : Premièrement, lorsque l’on voit des femmes enceintes se taper parfois presque une centaine de kilomètres pour aller accoucher dans un hôpital parce que le plus proche (à 30 kilomètres) a fermé ses portes pour économiser sur le service public, je ne vois pas où est le « luxe ».
Deuxièmement je hais le concept de Croissance, et fort heureusement il est de plus en plus remis en cause au sein des comités PG dans la France entière, au même titre que le productivisme. Si si.
Troisièmement, je ne vois pas où je dis que je trouve bien que la population mondiale augmente, nous sommes bien trop nombreux, croyez bien que j’en suis plus que jamais consciente.
Quatrièmement, quand on tient un blog qui se nomme « Economie Durable », on fait profil bas lorsqu’on commente sur un blog tel que celui-ci.
@ Jean Bruguier : Ce ne sont pas les fonctionnaires qui sont payés pour apprendre à lire et à compter à nos moutards, pour régler les problèmes de prostate de Monsieur Bidochon ou pour lui reverser sa retraite ou ses remboursements qui creusent la dette. Ce sont les parasites qui demandent par exemple à l’Etat de financer une autoroute pour ensuite profiter du paiement des péages une fois qu’elle est privatisée, tout ceci pour que le blaireau de base puisse aller prendre ses vacances d’abruti au bord de la mer.
L’enseignement actuellement est une vaste fumisterie je suis bien d’accord, où l’on apprend aux enfants à devenir de médiocres employés et consommateurs, mais il y a aussi des fondamentaux, tels que lire, écrire, compter et d’autres notions importantes qui sont dispensés gratuitement à des enfants dont les parents ne pourraient pas toujours le faire eux-mêmes, ou payer pour que d’autres le fassent.
Pour la santé, je ne défends pas l’encouragement à boire des sodas, à se gaver de médicaments qui soignent les symptômes mais pas la cause, non, je ne vois pas où vous lisez ça. Votre commentaire est hallucinant de simplisme et d’inconscience… Ce que je défends, c’est par exemple la possibilité de voir gratuitement un médecin quand je viens de me casser la jambe, ou lorsque mon enfant a perdu un œil, et menace subséquemment de me claquer entre les bras. Vous allez où vous, quand vous vous viandez ? Les congés payez, vous méprisez ?
Je ne suis pas écolo, je n’ai que faire de vos étiquettes indigentes, je suis simplement un animal humain qui ne perd pas trop son instinct ni une empathie minimum. La sagesse demanderait que nous rapprochions au maximum de la façon de vivre de Lakotas ou des Cheyennes : dans ces non-systèmes, pas d’écoles, pas d’hôpitaux, pas même de retraites, pas de surpopulation, pas de névrose ni d’anti-dépresseurs, une vie certes courte, mais je crois que la terre a besoin de ça, de même que nous, si nous avions la bonne foi de le reconnaître.
Je défends l’existence de « services » gratuits comme je défendrais la gratuité de l’air qu’on respire ou de l’eau qui tombe du ciel, mais je me contrefiche de les utiliser pour moi s’ils vont au delà de ce que je peux en vouloir. Je pense simplement aux gens qui peuvent ne pas avoir forcément envie d’aller vivre en tribu comme moi et ma famille nous sommes en train de nous y préparer. Je hais la charité mais je déteste l’égoïsme. Dans notre préparation à la sortie du système, je peux vous assurer que des commentaires comme les vôtres font doucement rigoler : avant de me barrer de cette piaule j’ai encore accès à cet appareil bizarre qui permet de parler à des gens qui m’indiffèrent alors je ne veux pas m’en priver tant que je le peux parce que décidément la bouillie pseudo-intellectuelle me hérisse.
Sachez bien que je ne veux ni de votre retraite, ni d’aucun salaire, RMI, traitement, émolument, honoraire, revenu minimum d’existence, RSA, SMIC ou que sais-je, je ne compte sur aucune médecine façon emplâtre sur une jambe de bois, je me soucie comme d’une guigne de savoir si le conseiller d’orientation des collèges de la région est compétent, je me contrefiche des allocations familiales, chômage ou logement, et franchement, je me balance royalement du cours de la bourse comme du programme télévisé.
Continuez à persifler dans vos galetas avec ou sans piscine tant que vous le voulez, moi je me casse, et je vous assure que cette perspective me remplit de joie par avance.
Il ne fait aucun doute que l’espère humaine est vouée à la disparition, il est simplement dommage que ça flingue au passage de larges pans de la planète et des populations dites « primitives » qui n’avaient jamais rien demandé. Je me demande si au moins ces gens-là s’en sortiront. Je crois que c’est finalement tout ce qui m’intéresse.
@jean bruguier
Je ne m’attendais pas au couplet sur les 100 millions de morts que vous imputez à l' »idéologie socialiste » et je vous laisse assumer ce type de dérive.
@ Philippulus
Je doute que les victimes de l’idéologie socialiste apprécient beaucoup votre humour … 100 millions de morts et encore plus de victimes atteintes dans leurs chairs et leurs sentiments, ça donne le droit d’appliquer un principe de précaution ou de méfiance à l’égard d’une idéologie qui a su spéculer sur le souhait de vivre mieux de l’humanité et qui tente désormais d’utiliser l’écologie à des fins de contrôle social et d’emprise sur les gens. Un tout petit exemple de détournement de l’écologie pour mieux nous contrôler,
http://economiedurable.over-blog.com/article-bonus-malus-energie-ou-l-ecologie-la-plus-bete-du-monde-117039718.html
A propos des services gratuits, il faut l’entendre comme un service offert et donc payé par d’autres, cela n’a rien à voir avec sa valeur d’usage. Précisément, je souhaitais faire passer l’idée qu’un service qui n’est pas directement payé par ses usagers peut à la longue être perçu comme sans vrai valeur et donc mal utilisé par le public auquel il s’adresse. L’exemple de l’école dans laquelle la société investit de plus en plus pour des résultats scolaires de moins en moins élevés est à méditer et interroge la réflexion menée par les sophistes sur la valeur concrète de leur enseignement et la nécessité de les payer pour cela. Un autre exemple : la cure analytique qui ne se conçoit pas sans un paiement.
Que ces quelques réflexions, dont je conçois qu’elles puissent vous déranger dans vos certitudes, ne vous empêchent pas de participer à une décroissance nécessaire.
Cendrine Rovini : « Je me sentirais tout de même moins inquiète si c’étaient des gens comme Mélenchon qui étaient au pouvoir, je pense qu’au moins »
Ben voyons , toute ressemblance de cette grande gueule de Méchancon avec Joseph Staline, le massacreur communiste est évidemment fortuite !
Marrante cette décroissance douce des bobos (gauchos?) qui omettent soigneusement le problème démographique issu d’ une immigration délirante et lapiniste génératrice de coûts monstrueux : allocations familiales , avantages fiscaux / sociaux liés à la taille de la famille, insécurité, betonnage forcené pour le logement, j’en passe » et des meilleures) .
Décroissants de Prisunic à la Ariès (pardon) !
Les partisans d’une décroissance non planifiée et surtout pas socialisée (socialisme, quelle horreur !) devraient se réjouir puisqu’un peu partout les pauvres apprennent à matériellement décroitre. Et ce pour leur plus grand bien.
Sinon, j’apprends dans un commentaire qu’un service gratuit est un service qui ne vaut rien. Je suppose qu’il faut comprendre qu’il n’a aucune valeur d’usage, ce qui est proprement affligeant. Parler de décroissance nécessite de décoloniser d’abord notre imaginaire de tout économicisme chrématistique. Il y a du boulot…
Bonjour,
inutile de palabrer, la nature va se charger d’arbitrer la suite: http://www.clubdesargonautes.org/actualites/news2013.php
Bonne vacances.
@ Cendrine Rovini
Vous êtes contre l’austérité ce qui revient aujourd’hui à être pour la croissance de la dette et à soutenir une politique de fuite en avant qui ne peut être à terme que désastrreuse. Et tout ça pour quoi ?
Pour la gratuité de l’enseignement ? Parlons-en et rappelons-nous que les grecs de l’antiquité n’hésitaient pas à valoriser au sens propre du mot leur enseignement. Un service gratuit est aussi un service qui ne vaut rien … résultat nous mettons de plus en plus de ressources pour des résultats de moins en moins évidents.
Pour la santé ? Faut-il défendre un système de santé qui ne sait pas traiter le patient dans sa globalité, qui génère des revenus exagérés pour certains personnels, qui évite soigneusement de responsabiliser les gens, un malade étant une source de profit ? Faut-il pour financer ce système de santé là défendre une société qui passe son temps à produire des produits toxiques, des sodas trop sucrés aux particules qui nous empoisonnent ?
Est-ce vraiment cela que vous défendez ?
Pour ma part, j’avoue voir avec amusement des écolos de pacotille défendre avec les héritiers intellectuels d’un des plus beau système d’enfermement (le communisme que l’on a vu à l’oeuvre au siècle dernier) une croissance matérielle qui fait surtout le bonheur des prédateurs économiques et détruit la planète !
Tout d’abord, et même si cela choque, il n’y a pas d’austérité aujourd’hui au niveau des politiques gouvernementales puisque globalement l’Etat continue à dépenser (largement) plus que le niveau de ses recettes. Stricto sensu nous sommes donc dans le luxe et non dans l’austérité si nous définissons le luxe comme une consommation supérieure à la ressource.
D’autre part, au niveau écologique, je ne peux que faire mien le sens général de cet article. Quand Monsieur Mélenchon prône la croissance, il tourne résolument le dos à l’écologie. Evidemment en plus il ne dit pas un mot du problème de la surpopulation qui est pourtant l’élément principal de la question. Nous ne nous en sortirons pas avec des effectifs croissants. Yourte ou pas
Bonjour,
Je suis un peu surprise par votre texte.
Je suis dans la mouvance de la Décroissance : j’aime me contenter de l’essentiel : un toit (bientôt sous un kerterre dans un terrain en habitat groupé et permaculture), des liens et de la chaleur humaine, une nourriture saine et locale, la perception de la beauté qui nous entoure. Mais je suis contre la politique d’austérité prônée par nos gouvernants au nom de la compétitivité. Je tiens à l’hôpital, à la Sécurité Sociale, à la gratuité de l’enseignement (pour la culture, pas forcément pour l’emploi car je n’aime pas ce que ce mot recouvre), à la liberté d’expression, de réunion, d’association, etc. Je ne vois pas en quoi c’est incohérent avec mes valeurs de simplicité naturelle.
Ne pourrait-on pas imaginer que ceux qui veulent profiter de tout ce que je viens de mentionner puissent le faire tranquillement et que des gens comme moi puissent habiter leurs yourtes aussi tranquillement sans qu’il y ait de compétition entre les deux façons de vivre ? Je me sentirais tout de même moins inquiète si c’étaient des gens comme Mélenchon qui étaient au pouvoir, je pense qu’au moins eux ne viendraient pas m’expulser de mon terrain parce que je ne vis pas pour la compétition mondiale.