L’écologie à la mode libertaire, le dilemme d’EELV

L’essayiste écologiste Jean-Marie Pelt : « L’écologie, c’est avant tout la conscience qu’il y a des limites à nos interventions sur la natureCette prudence appliquée au vivant doit s’appliquer a fortiori à l’être humain. » L’agro-écologiste Pierre Rabhi : «Attention à cette tentation de l’homme démiurge qui prétend faire mieux que la natureLe mouvement écologiste devrait en être encore plus conscient que les autres.» Or les parlementaires d’Europe Écologie – Les Verts (EELV) réclament l’ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de femmes homosexuelles, pour les hommes homosexuels la gestation pour autrui (GPA), et soutiennent la recherche sur l’embryon. Le philosophe Dominique Bourg, en tire cette conclusion : « Sur ces questions, les Verts français s’expriment davantage comme libertaires que comme écologistes, Sinon, leur jugement serait beaucoup plus nuancé.»*

Pour un écologiste profond, les techniques ne sont pas à même de surmonter toutes les finitudes. A-t-on ou non intérêt à techniciser tel ou tel aspect du vivant ? Alain Lipietz rappelle : « Une chose techniquement possible n’est pas nécessairement éthiquement et politiquement permise ».Il s’agit, en cette matière comme en bien d’autres, de retrouver le sens des limites. EELV devrait aussi s’appliquer le principe de précaution en matière de bioéthique. Mais le débat au sein du parti EELV est bloqué. Ainsi l’appel à la prudence sur l’extension de la procréation médicalement assistée avait été fortement dénoncé à l’initiative de la commission LGBT (lesbienne gay bi trans). Quel est le  rapport entre cette commission et l’écologie ? L’écologie à la mode libertaire ?

Voici un résumé de nos article antérieurs :

Un technologue face à la procréation médicalement assistée

…En définitive, vouloir contourner la sélection naturelle qui a donné la fécondité aux uns et la stérilité à d’autres relève d’une volonté de toute puissance de l’homme, l’hubris, liberté de faire tout et n’importe quoi au nom du « désir individuel » pour le plus grand profit du système capitaliste libéral et de ses spécialistes…

Pensée des limites et procréation médicalement assistée

…On ne peut se positionner contre la consommation à outrance et exiger le droit pour chaque individu d’avoir une Mercedes… ou un enfant alors qu’on est stérile. Primauté des besoins fabriqués, épuisement des ressources naturelles. Les deux phénomènes sont liés…

Mariés ou pas, non à la PMA

…Les applications techniques de la science sont toujours dépendantes de choix sociaux : dans quelle société voulons-nous vivre ? Cette problématique est d’actualité. Lors des manifestations en faveur du mariage pour tous, on défile dorénavant pour l’accès à la procréation médicalement assistée pour les lesbiennes. La technique se veut toute puissante, franchissant la barrière des espèces et la différence sexuée…

Oui à la nulliparité

…Une femme (un homme) devrait être terrifiée devant la décision de produire un être humain supplémentaire car ce n’est pas l’enfant qui donne un sens à la vie de ses parents ; ce qui compte, c’est la place que cet enfant va pouvoir assumer dans l’équilibre de moins en moins durable des écosystèmes…

* http://www.la-croix.com/Ethique/Sciences-Ethique/Sciences/Ecologie-et-bioethique-les-raisons-d-un-hiatus-2013-05-20-962304

1 réflexion sur “L’écologie à la mode libertaire, le dilemme d’EELV”

  1. Avec leur soutien ou au moins leur réticences plus que molles à la PMA, avec leur soutien à ce concept oxymorien de développement durable, avec l’idée qu’avec un peu d’organisation nous pourrons ruser avec les données quantitatives et prendre à notre charge la gestion de l’équilibre écologique de la planète, les écologistes d’EELV sont en train sans se l’avouer de nous pousser à jouer à Dieu.
    C’est un rôle au-dessus de nos capacités et pour l’instant nous avons toujours joué au Diable avec la nature, nous allons bientôt devoir payer nos erreurs.
    James Lovelock dans sa théorie dite Gaïa avait souligné l’extraordinaire capacité qu’avait eu la vie sur Terre à maintenir sur plusieurs milliards d’années les conditions favorables à sa propre existence. Je fais le pari que l’Homme n’aura pas ce talent là et que nous ferions bien de vite rendre les rênes à la nature et de nous faire plus modeste économiquement et démographiquement sur notre belle mais menacée planète.

Les commentaires sont fermés.