bientôt 11 milliards d’humains, la catastrophe en marche

S’appuyant sur les tendances actuelles en termes de fécondité, de mortalité et de migrations, l’ONU retient trois scénarios faisant osciller le nombre d’individus à la fin de ce siècle entre 6,8 milliards et 16,6 milliards. Si l’on retient la variable médiane, la population mondiale friserait les 11 milliards en 2100*. En 1999, nous étions 6 milliards. Presque un doublement en cent ans ! Cela n’inquiète pas beaucoup de monde, médias, politiques ou intellectuels. Il faut dire que nous sommes tellement habitués à voir se multiplier le nombre d’automobiles que le nombre de conducteurs potentiels n’a plus d’importance. Ainsi va l’aveuglement des masses, bercés par l’abondance énergétique qui a facilité à la fois les déplacements de population et la mondialisation des denrées, l’agriculture chimique et l’irrigation, la conservation de la nourriture et Coca Cola en plein désert, le fast food et la hausse de l’espérance de vie. Tout cela va s’effondrer avec la descente énergétique qui va avoir lieu bien avant le tournant de ce siècle.

Ce qui veut dire que la population mondiale n’atteindra jamais 11 milliards à la fin de ce siècle, elle va chuter irrémédiablement. En effet l’humanité n’a jamais été à l’abri des guerres, des famines et des épidémies. A plus forte raison avec des villes tentaculaires qui deviennent des bidonvilles… facteurs de guerres, de famines et d’épidémies. A plus forte raison avec un réchauffement climatique qui va faire chuter les rendements agricoles. A plus forte raison avec des océans dont on a épuisé les réserves halieutiques. A plus forte raison avec la stérilisation des sols (béton et asphalte, salinisation des sols, perte de richesse biologique, etc.). Sans compter le stress hydrique, etc. C’est la très forte densité de la population rwandaise qui a joué un rôle fondamental dans le génocide subi par les Tutsi en 1994. Et le chômage croissant n’est pas un signe de stabilité sociale. Les émeutes de la faim ne font que commencer.

Robert Engelman, de l’Institut de recherche environnementale Worldwatch, pointe « l’absence totale de débat » des pouvoirs publics autour de la question de l’accès à l’information, de l’éducation sexuelle et de la contraception. Il dénonce aussi le « faible investissement des Etats en faveur d’une politique de planning familial performante ». Un  membre de Démographie responsable  écrit sur lemonde.fr : « Certains dirigeants, tels les présidents du Nigeria, du Pakistan ou du Malawi ou encore les premières dames du Burkina Faso et du Burundi, n’hésitent plus à appeler au renforcement des politiques de planification familiale : allons-nous encore longtemps rester sourds à ces appels ? »

* LE MONDE du 27 juillet 2013, Onze milliards d’habitants sur la planète en 2100

2 réflexions sur “bientôt 11 milliards d’humains, la catastrophe en marche”

  1. Que dire d’autre ? Le commentaire de Philippulus résume admirablement bien la problématique. Ces tenants de l’agriculture biologique sous le couvert d’une bonne idée nous préparent à la catastrophe en laissant de côté la question démographique (en plus il n’évoquent guère les difficultés de généralisation des exemples qu’ils proposent). Il ne s’agit pas que de nourrir les hommes, il faut aussi les faire vivre durablement en harmonie avec la planète et ses autres habitants et pour cela, la décroissance de nos effectifs est incontournable.

  2. Dans son dernier documentaire, ‘les moissons du futur’, Marie Monique Robin nous montre un agriculteur du Malawi ravi d’avoir adopté la technique agroécologique du Push-pull. Ses rendements ont explosé et son budget n’est plus amputé du poste ‘pesticides’. Quelle belle et lumineuse histoire vite obscurcie lorsqu’on apprend que notre homme est dorénavant tout fier d’entretenir facilement une progéniture de 10 enfants (et ce n’était peu être pas fini). Aucune réaction de Marie Monique Robin, ni en « on », ni en « off ».
    L’homme aux récoltes « miraculeuses », que l’on retrouve peu après au temple de l’église évangélique locale qui fait elle aussi d’amples moissons (de fidèles), est tout heureux de son présent qui prépare activement les tragédies du futur et on ose pas le lui dire. Même gentiment.
    Une façon de ne plus « rester sourds aux appels » des dirigeants africains « au renforcement des politiques de planification familiale » consiste, ici, à ne plus s’extasier devant des réussites aussi lourdes de menaces.

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