Pendant l’été, les ministres devaient plancher sur la France telle qu’elle serait en 2025. Rien de neuf, que du réchauffé : réindustrialisation, dynamique du progrès technique, société numérique, économie dématérialisée, essor des « nouvelles technologies ». L’indigence de ces invocations aux « nouvelles technologies », fétiche à l’usage des néo-obscurantistes du scientisme, est simplement pathétique. La réalité sera bien différente.
En 2025, ce qu’a construit la société thermo-industrielle en deux siècles sera complètement modifié : descente énergétique dont tous les systèmes sophistiqués basés sur l’électricité à bas coût seront les premières victimes (l’électronique), restriction drastique des importations de pétrole et donc de leur consommation, explosion des prix et du chômage, désarroi croissant de l’Etat central. La synergie des crises alimentaires, énergétiques, climatiques et démographiques va entraîner une dégradation rapide et brutale du niveau de vie à l’occidentale. Des gens bien informés nous avertissent :
« La puissance publique continue de concevoir des plans pour l’avenir qui supposent de mettre le bateau sous spi quand l’ouragan arrive. Nous fonçons droit sur la crise massive par manque de ressources environnementales… Sur le plan de l’énergie et des ressources naturelles, tous nos grands élus sont à peu près aussi nuls les uns que les autres, à quelques rares exceptions près. Pour en avoir lu et écouté un certain nombre, la note moyenne que nous leur donnerions ne dépasserait pas 2 ou 3 sur 20… Il est plus que jamais stratégique de rendre imaginable la catastrophe annoncée afin de l’éviter. Vouloir rassurer, c’est toujours contribuer au pire. Une interruption soudaine de l’approvisionnement en gaz russe supprimerait 15 % de l’électricité européenne et nous ferait courir des risques perpétuels de black-out… Rappelons que la production mondiale mesurée par le PIB a été multipliée par presque 9 de 1950 à 2008 et que cela est parti pour s’inverser dans moins d’une génération, peut-être d’ici à cinq ans ! »*
* C’est maintenant ! Trois ans pour sauver le monde de Jancovici Jean-Marc et Grandjean Alain (Seuil, 2009)
vive le numérique qui va sauver l’administration de la France :
– En 2025, l’administration pourrait avoir entièrement dématérialisé la déclaration, le paiement et contrôle de premier niveau des déclarations fiscale ;
– Dans le numérique, l’Europe a rattrapé en 2025 son retard avec la création d’écosystèmes extrêmement compétitifs ;
– Une police et une gendarmerie 2.0 – et demain 3.0 –, grâce à une présence marquée et au développement d’outils sur Internet, ont l’occasion de renforcer le lien de proximité avec la population » ;
– Convocations aux audiences (judiciaires) sécurisées et modernisées, via notamment l’envoi par courriel électronique ;
– Les gains de productivité (par exemple Internet) ont une répercussion sur les tarifs fixés par le ministère (pour les professions du droit et de la justic) ;
– Le développement des usages et des services numériques au sein des territoires ruraux permettrait de développer l’innovation sociale et la pérennisation d’activités professionnelles.
(LE MONDE du 17 août 2013, Comment les ministères des finances et de la justice voient 2025)
Biosphere : La technique qui sauve, c’est le credo de cette société croissanciste, croyant aux lendemains qui chantent grâce à l’informatique, les biotechnologies, les nanomatériaux et la fusion nucléaire. Or nous ne sommes même pas capables de nous sortir du gouffre écologique avec les techniques actuelles, plus puissantes que ce qu’on a jamais inventé, et qui ont créé ce gouffre !