François Hollande vient de choisir un Premier ministre, Manuel Valls, qui incarne une ligne peu compatible avec le projet écologiste. Un retour sur le passé ne peut d’ailleurs qu’impliquer un doute sur l’avenir de l’alliance rose-vert :
– l’accord de mandature en novembre 2011 entre écologistes et socialistes a ressemblé de plus en plus à un mirage
– deux ministres (socialistes) de l’écologie ont été viré par Ayrault
– le budget du ministère de l’écologie est en berne
– le contenu de la loi de transition énergétique inconsistant dix mois après la fin du débat national
– au sein de la politique gouvernementale, l’écologie est restée une question très subsidiaire.
– en deux ans d’association au pouvoir à Paris les écologistes n’ont pas obtenu grand-chose hormis des places.
Trois membres du bureau exécutif d’EELV estiment que le ministère de l’écologie doit enfin être en situation d’égalité avec le ministère de l’économie*. Un miracle est-il possible ? C’est Ségolène Royal qui hérite du ministère de l’impossible ; elle devient « ministre de l’écologie, du développement durable et de l’énergie ». En avril 1992, Ségolène Royal était déjà ministre de l’environnement dans le gouvernement Bérégovoy. Que penser de l’ancienne compagne de François Hollande ? Que dire de cette militante anti-taxe carbone ? Que dire de cette belle âme qui n’a jamais appelé à un programme de lutte contre l’effet de serre… sauf à rouler en voiture électrique ? Nous jugerons de son action future au filtre de ce que Ségolène écrivait de sa propre main dans sa contribution thématique à l’occasion du Congrès du PS début 2003 :
1) Urgence à agir contre l’insécurité écologique :« Chacun sait que la situation actuelle relève de l’état d’urgence, qu’il y a péril pour l’humanité, que chaque heure de perdue c’est une heure de plus pendant laquelle se déroule sous nos yeux un crime collectif contre la Terre, donc contre l’humanité. Personne ne pourra prétendre que l’on ne savait pas. »
2) Ecologie et double langage, ça suffit : « Que dire des belles âmes qui appellent à un programme de lutte contre l’effet de serre, et qui dans le même temps défendent le maintien d’une fiscalité subventionnant massivement le transport routier ? Au mieux il s’agit de lâcheté, au pire d’un cynisme électoraliste révoltant. Les pleurnicheries médiatisées, cela suffit. L’action contre l’insécurité écologique ne peut plus s’accommoder d’un double langage : l’écologie n’est pas négociable. »
3) Morale de l’action, exiger l’efficacité : « L’écart entre une posture déclamatoire radicale et une action inexistante n’est plus tolérable. La réalité de l’action, c’est que les comportement ne changent que s’ils y sont contraints. L’efficacité de l’action, c’est d’avoir le courage politique de l’imposer par la loi, par la fiscalité. Une politique effective de protection de l’environnement ne peut être que contraignante ou dissuasive. »
* LE MONDE du 2 avril 2014, Participer au gouvernement, est-ce l’intérêt des Verts
LE MONDE du 3 avril présente la nouvelle ministre de l’écologie. Au lieu de s’interroger sur les (in)compétences prévisibles de Ségolène Royal à ce poste, on titre « La revanche de Ségolène » et on fait un papier people : « … Deux femmes qui se haïssent, entre les deux un président qui sait que tout geste provoquera l’ire … ».
LE MONDE est tombé bien bas, bien bas !