« Notre espèce du genre Homo fut décrite en 1758 par Carl von Linné et élogieusement nommée sapiens. Or Homo sapiens n´est rien de plus qu’une espèce parmi deux millions d’autres officiellement recensées. Sauf que l´humain brille par l´ampleur des destructions qu´il opère sur les écosystèmes. Sans doute parce que sa fameuse conscience n´a pas pris conscience qu´il s´agissait des murs de sa propre maison, cette maison dont il retire chaque jour une ou plusieurs briques.
Sapiens, comme sage ?
– Des millions de morts lors des croisades, des pèlerinages armés et dévoyés ;
– Des centaines de milliers d´Aborigènes australiens décimés par les colons britanniques ;
– L’extermination de 20 à 60 millions d´Amérindiens, depuis la « découverte » espagnole jusqu’à la Conquête de l’Ouest ;
– Les traites négrières (orientale, intra-africaine et atlantique) totalisèrent plus de 50 millions de victimes ;
– 40 millions de morts lors de la Première Guerre mondiale et 65 millions durant la Seconde (dont les 5 millions de la Shoah)…
Mais quel est donc cet ennemi si exécré, sinon nous ?!!
Sapiens, comme intelligent ?
– Déforestation, productivisme agricole, agroterrorisme, mort biologique du sol, désertification, sixième crise de la vie et extinction massive d´espèces par causes anthropiques, pollutions, réchauffement du climat, fonte des glaces, montée des océans, tarissement accéléré de toutes les ressources non-renouvelables ;
– 20.000 ha de couvert forestier disparaissent chaque jour. Nous avons perdu en 30 ans près de 30 % de tout ce qui vivait sur Terre. L´ours polaire marche sur les eaux, l´aigle impérial se fait éboueur, le vautour s’attaque au vivant, l´orque et le dauphin tournent en rond dans des bassins de ciment, le panda géant porte un collier-émetteur, le croco est mocassin, la panthère se porte dans les beaux quartiers, les oiseaux chantent sur des barbelés, les libellules se noient dans des piscines, il n’y a plus rien à butiner, les ruches sont désertées, les papillons sont en volière, la grande forêt est vide, le corail est au rayon des souvenirs ; Exterminateur et invasif, Homo sapiens est la seule espèce de grande taille à investir selon une croissance infernale la quasi-totalité des niches écologiques des autres espèces.
Notre politique est bien celle de la terre brûlée. Pour les trois quarts de l´humanité, la Terre-nourricière ne l´est déjà plus. Nous, Homo demens, vils urbanistes, économistes imbus, agronomes-valets ou politiques impérieux, fourbes et bouffis, nous ne sommes pas sapiens, nous ne le sommes plus. Homo sapiens n’est qu’une sombre brute. »
Michel Tarrier (en résumé)
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