« Continuons de construire l’écologie positive et nous parviendrons à 15% », avait lancé en août 2013 le secrétaire national d’EELV Pascal Durand en guise de mot de clôture des Journées d’été. Une tentative de motion « Pour une écologie positive ! » se préparait en octobre 2013 avant le congrès EELV de Caen : « Trop souvent, nous apparaissons encore comme les porteurs d’une écologie inaccessible, triste ou punitive. » Nommée ministre de l’écologie, la socialiste Ségolène Royal prône aujourd’hui une écologie « positive », ou plutôt le refus d’une « écologie punitive » qui se traduirait par des hausses d’impôts*. Que faut-il en penser ?
Pour les positivistes, il s’agirait de construire une écologie qui s’appuie non sur des peurs et des craintes, mais sur une écologie porteuse de promesses durables pour la société, pour les écosystèmes. Faire le choix de l’écologie positive, ce serait investir et responsabiliser plutôt que culpabiliser. Ne pas être inaudible, devenir crédible. Parler d’écologie de manière sexy. Donner envie d’écologie. En fait c’est seulement essayer d’attirer les électeurs ! C’est la recherche du consensus mou, une écologie qui ne peut qu’être délavée, superficielle, à mille lieues de ce qu’exige l’état désespéré dans lequel nous avons mis la planète.
Pour nous, l’écologie dite « positive » ne s’oppose pas une écologie qui serait négative ou punitive, elle s’oppose à une écologie réaliste. Laissons à la droite la bêtise de nous traiter de « prophètes de l’apocalypse ». Le dernier résumé à l’usage des décideurs du GIEC est clair : la stabilité et la sécurité dans le monde sont menacés à moyenne échéance**. La ministre Ségolène Royal va devoir préparer la prochaine conférence à Paris sur le réchauffement climatique. Il faudra que Ségolène explique qu’il faudra émettre moins d’émissions de gaz à effet de serre. Cela veut dire aussi instituer une taxe carbone sur tout ce qui nous permet aujourd’hui de gaspiller l’énergie fossile. Telle est dorénavant la principale mission d’unE ministre de l’écologie… Ségolène, la grande communicante de l’écologie, aura-t-elle le courage de nous dire qu’il faudra moins rouler en voiture individuelle, moins se chauffer, moins consommer, moins manger de viande, ne plus partir en vacances en avion ? Il est bien nécessaire qu’un enfant qui a eu les yeux plus gros que le ventre connaisse la punition que se rattache à ses errements !
* LE MONDE du 6-7 avril 2014, Ni taxe ni impôt, Ségolène Royal prône une écologie « positive »
** LE MONDE du 6-7 avril 2014, La politique du GIEC
Le président de la commission du développement durable de l’Assemblée national’, Jean-Paul Chanteguet (PS), a présenté les conclusions (favorables) du rapport de la mission parlementaire sur l’écotaxe. De Ségolène Royal, ministre de l’écologie et opposante à cette redevance, il dit : « Parler d’écologie punitive, c’est de la démagogie. Ce n’est qu’un slogan qui vise à repousser la prise en opte des enjeux environnementaux et à justifier l’inaction. Le transport router contribue au réchauffement climatique, il est aujourd’hui sous-taxé par rapport au rail. L’écotaxe doit permettre de corriger cette situation. »
(LE MONDE du 15 mai 2014, En opposition à Ségolène royal, la mission parlementaire défend une éco-redevance)
Un poids lourd de l’Assemblée nationale : « Ségolène Royal, c’est une digue, elle est ingérable. »
(LE MONDE du 16 mai 2014, Dans Paris Match la ministre de l’écologie critique plusieurs membres du gouvernement)
Le patron inamovible de la FNSEA, Xavier Beulin, est un ardent défenseur des OGM. Son principal argument, c’est de dénoncer chez ses adversaires (écolos) une prétendue « vision coercitive et punitive » puisque c’est lui qui défend la « modernité » et le « progrès ». Cela ne le gêne pas plus d’être à la fois le leader d’un mouvement syndical et le patron de Sofiprotéol, holding financier fondé par les producteurs d’oléagineux. Il est vrai que, pour lui, « celui qui a deux hectares, trois chèvres et deux moutons n’est pas agriculteur » ! Ce n’est donc pas quelqu’un à qui parler d’écologie positive, il n’en retiendra que le fantasme de punition.
(LE MONDE éco&entreprise du 8 avril 2014)