Le Monde des livres (supplément du vendredi) est assez désespérant, comme d’habitude. Centré sur des romans et des vieux trucs, il n’y a pratiquement rien comme analyse économique ou sociologique, uniquement de la culture au sens classique de « cultivé », c’est-à-dire sachant beaucoup de choses qui n’ont aucune importance. D’ailleurs il n’est pas utile de chercher des écrits en faveur de la Nature, ils sont carrément absents de ce mausolée à la gloire de l’anthropocentrisme satisfait. Cependant, on en trouve parfois (9.05.2008) quelques traces.
Il faut par exemple que Claude Lévi-Strauss entre avec 2000 pages dans la Bibliothèque de la Pléiade » pour pouvoir lire dans Le Monde des livres ces quelques lignes sur la nudité des Bororos : « La nudité des habitants semble protégée par le velours herbu des parois et la frange des palmes » Bien que Lévi-Strauss semble ici regretter cette nudité qui ne lui semble qu’apparente, le célèbre ethnologue a retenu de Jean Jacques Rousseau la fraternité de la nature perdue. Voici quand même deux éléments pour mieux connaître Lévi-Strauss, né le 28 novembre 1908 et toujours vivant :
– L’association « Les Amis de la Terre » déposèrent leurs statuts à la préfecture de Paris le 11 juillet 1970. Le Comité de parrainage comprenait Claude Lévi-Strauss, Jean Dorst, Pierre Gascar, Théodore Monod et Jean Rostand ; il ne s’agissait donc pas d’un club de tourisme ! Cette association prend pour thème les destructions perpétuées par l’homme au détriment de la vie sur la petite planète Terre. On aborde son corollaire, le désordre démographique de l’espèce humaine.
– A la question « Que diriez-vous de l’avenir ?, Claude Lévi-Strauss répondit à 96 ans : « Ne me demandez rien de ce genre. Nous sommes dans un monde auquel je n’appartiens déjà plus. Celui que j’ai aimé avait 1,5 milliard d’habitants. Le monde actuel compte 6 milliards d’humains. Ce n’est plus le mien. Et celui de demain, peuplé de 9 milliards d’hommes et de femmes, même s’il s’agit d’un pic de population, comme on nous l’assure pour nous consoler, m’interdit toute prédiction ».
texte complémentaire :
L’homme que décrit Lévi-Strauss (tel que présenté par le Figaro magazine), n’est pas l’Homme abstrait des droits de l’Homme qui s’arroge le droit de détruire les autres espèces, la Nature, le Monde et se détruire lui-même, mais un homme concret, inscrit dans la quotidienneté de ses coutumes qui sont la saveur de la vie. Dans les dernières lignes de Tristes tropiques, Lévi-Strauss nous incite à interrompre notre labeur de ruche « dans les parfums, plus savants que nos livres, respirés au creux d’un lys ; ou dans le clin d’œil alourdi de patience et de sérénité qu’une entente involontaire permet d’échanger avec un chat ».