Le code de la vie transmis par l’ADN tient depuis des milliards d’années en quatre lettres, A, T, C, G. Des scientifiques un tantinet allumés sont parvenus à intégrer dans le génome d’une bactérie, Escherichia coli, une nouvelle paire de bases nucléiques, d5SICS et dNaM, dont la présence a été tolérée par la machinerie de réplication du micro-organisme. Les propositions de nouvelles paires de bases s’était multipliées ces dernières années. Mais leur réplication avait eu lieu seulement in vitro. Avec cette expérience, un organisme façonné par des milliards d’années d’évolution accepte des éléments totalement anthropisés. Il s’agit d’une étape « majeure » pour la xénobiologie, discipline qui ambitionne de mettre au point des formes de vie étrangères à celles connues sur Terre afin d’émanciper le vivant de ses substrats naturels*. LE MONDE papier reste neutre par rapport à cette étrange expérience, des commentateurs sur le monde.fr reflètent notre point de vue biosphèrique :
Julien G. : Pour le moment « on » a rajouté deux lettres … qui ne codent rien. D’ici à ce qu’on apprenne à E. Coli à interpréter ces bases en ARN puis en protéines utilisant des acides aminés inédits, il y a encore du chemin. Pour qu’un codon soit traduit en acide aminé, il faut une enzyme qui puisse interpréter le codon ET utiliser un nouvel acide aminé (sinon on aura juste introduit une nouvelle lettre mais pas de nouveau mots).
Lousticpremier : C’est un peu comme rajouter une 27ème lettre à l’alphabet Est-ce que pour autant les nouveaux mots possibles auront un sens sachant que ce n’est pas l’homme qui décide du sens mais la Nature et ceci depuis des temps immémoriaux ?
Walter Benjamin : Notre espèce se croit très au dessus des cafards, c’est une grave erreur. Ces scientifiques ont perdu la raison, la vie sur terre n’est pas une mécanique, c’est un écosystème très fragile qui a mis des millions d’années à se construire par évolution très lentes, jouer avec les OGM ou encore pire comme ces laboratoires devrait relever de la prison …
André B. : On pensait jusqu’à la fin de la guerre froide que l’humanité périrait dans un holocauste nucléaire. Il est beaucoup plus probable qu’elle périra à la suite d’un accident de laboratoire de ce genre d’apprentis sorciers, ou parce qu’une entreprise irresponsable aura mis sur le marché des gènes synthétiques censés améliorer de 5 % la production des champs de haricots verts.
Jess : Cette nouvelle est extrêmement inquiétante. Rien ne s’oppose plus à ce qu’un jour un chercheur nous produise par erreur une bactérie capable d’éradiquer la race humaine en quelques mois. Oupssss ! Too late…
LE MONDE du 9 mai 2014, Deux nouvelles lettres dans l’alphabet de la vie