Trop d’humains sur notre planète, un vrai sujet (tabou)

Il y a profusion de livres sur les moyens de se nourrir et paradoxalement une absence extraordinaire d’analyse des risques liés à une évolution démo­graphique incontrôlée. L’Ecologiste est une revue qui paraît depuis l’hiver 2000. Depuis quatorze ans, la problématique démographique n’y a jamais été abordée dans un dossier, si ce n’est sous son aspect agricole : « Comment nourrir l’humanité » (en 2002) ou « l’agroécologie peut-elle nourrir le monde » (en 2013). Seul un article ponctuel de David Nicholson-Lord* portait sur la question malthusienne : « Sommes-nous trop nombreux ? » Il date de 2006, mais il mérite qu’on s’en souvienne. En voici quelques extraits :

 « Tenter de débattre de la croissance de la population humaine est aujourd’hui un exercice périlleux. La droite vous accusera d’autoritarisme et la gauche de racisme, de fascisme ou de néo-malthusianisme. La récente accélération des migrations comme un facteur clé de l’augmentation de la population des pays développés ajoute un ingrédient explosif au débat. Les associations écologistes, à leur éternel discrédit, effrayées par un tel mélange explosif, ont  déserté ce champ de bataille. Le politiquement correct a gagné en importance après la conférence du Caire en 1994 sur la population car l’un des résultats a été l’exclusion systématique de toute considération numérique dans les discours autorisés. L’attention à la  taille de la population était devenue à tort associée à une approche coercitive, comme les politiques de stérilisations forcées de Gandhi en Inde et la politique de l’enfant unique en Chine. Les écologistes ont alors intégré que le mode de vie compte également : Un rapide calcul montre que la population des Etats-Unis par rapport à l’empreinte écologique équivaut à 3,6 milliards d’Indiens ! En d’autres termes, les Etats-Unis causent trois fois plus de dégâts écologiques que l’Inde. Si l’on prend en compte les émissions de gaz à effet de serre par habitant, les résultats sont encore plus parlants : un Américain émet vingt fois plus de dioxyde de carbone qu’un Indien. La solution serait alors l’écologisation de nos modes de vie. Mais les futurs historiens de l’écologie conclurons certainement qu’il s’agit là d’une trahison envers les générations futures. Comment un groupe comme les Amis de la Terre (Grande Bretagne) peut-il lutter pour protéger les espaces naturels de tout projet de développement sans reconnaître l’importance cruciale du nombre de ceux qui veulent une maison, des écoles, des bureaux, des magasins et des équipements de loisir ? La vérité est qu’une vie à zéro impact est une chimère et que le nombre absolu d’habitants compte énormément. Si les 6 milliards d’habitants vivaient avec un mode de vie occidental modeste entièrement basé sur des énergies renouvelables, on aurait encore besoin de 1,8 planètes ! Quel que soit notre impact écologique, il y a tout simplement trop d’habitants aujourd’hui sur la planète. »

La récente parution du livre « Moins nombreux, plus heureux » est une des rares tentatives françaises de poser la question démographique par rapport à l’urgence écologique…

* David Nicholson-Lord est un chercheur de l’Optimum Population Trust, devenu en 2011 population matters (« la démographie, cela a de l’importance »), une des rares associations mondiales qui se préoccupe de l’explosion démographique. Le seul équivalent en France est l’association Démographie responsable.