notre dernier voyage

 

Je n’ai aucune affection particulière pour le supplément du Monde des livres qui se contente trop souvent de quelques romans à présenter. Mais parfois je trouve quelques phrases à méditer (LeMonde du 18.07.2008), ainsi les propos de Tiziano Terzani dans son dernier voyage (un père sur le point de mourir raconte à son fils le grand voyage de la vie) :

 

            « Le passé ? Il n’existe pas, ce sont des mémoires qu’on accumule et qu’on falsifie. Le futur ? Cette boîte remplie d’illusion, une boîte vide. Qui te dit qu’elle se remplira ? (…) La vérité n’est pas dans les faits, mais derrière les faits qui se répètent de manière désespérante. Les journaux ? Je les ai déjà lus il y a trente ans. Le temps n’avance pas, il se répète pas, tout ce qui naît meurt et tout ce qui meurt naît. Je sens ma vie qui s’enfuit, mais elle ne s’enfuit pas, car elle fait partie de la même vie que la vie de ces arbres. C’est une chose merveilleuse que de se disperser dans la vie du cosmos et d’être une partie du grand tout. »

 

Tiziano a le point de vue contraire à tous ceux qui mettent l’homme sur un piédestal, jusqu’à s’imaginer la vie éternelle en tant que ressuscité des morts comme dans les religions du livre. Tiziano rejoint ainsi d’autres penseurs comme Pierre Rabhi : « L’ensemble de la planète est indivisible. Tous les éléments constitutifs de la biosphère sont interactifs. C’est-à-dire que rien de ce qui vit sur la planète ne fonctionne à lui tout seul,  pour lui tout seul. » Tiziano a bien compris que nos atomes continueront de tourbillonner bien après notre mort physique, nous ne sommes qu’une infime composante de la Biosphère, nous sommes déjà nés avec la naissance de l’univers, l’histoire humaine importe peu. Les religions anthropocentriques nous cachent cette réalité, nous sommes nés poussière, nous retournerons poussière. Le sens de notre vie réside dans l’humilité, pas dans la croyance à la suprématie humaine.