Ma première réunion entre écolos m’a laissé un souvenir impérissable. C’était en 1997, je n’y comprenais rien. Une vingtaine de personnes seulement, et je me perdais complètement entre les sous-tendances des différents courants. Un participant bien charitable m’a expliqué en aparté. « Simplifions. Il y a les Verts rouges, les Verts noirs et les Verts verts. A partir de cette trame, chacun brode à sa façon. » Il y avait les marxistes derrière le drapeau rouge, mais qui avaient senti tourner le vent de l’histoire : la victoire du prolétariat ne pourrait pas se faire sur les décombres de la planète. Et puis il y avait les pseudo-anarchistes derrière leur drapeau noir. Pour les votes, les Verts noirs sont très forts : faut toujours s’exprimer contre le consensus qui se dessine. Et moi, et moi, et moi, vous m’avez oublié ? Dès qu’une tête dépasse, faut la couper. Pour ma part, je me sentais Verts vert, écologiste avant tout, fondamentaliste diraient certains. Je n’ai pas mis très longtemps pour me rendre compte que mon orientation était et devait rester minoritaire. Dans un parti politique, et les Verts ne faisaient pas exception, ce qui compte c’est le pouvoir, la recherche du pouvoir, la contestation du pouvoir ou même le pouvoir pour le pouvoir. Humain, trop humain !*
Aujourd’hui en 2014 les Verts noirs ont disparu, l’écologie s’est définitivement institutionnalisée. Les Verts verts restent minoritaires dans le parti devenu « EELV », deux fois écologique en apparence. Car les Verts rouges restent sur les fondamentaux « de gauche » alors qu’une nouvelle tendance est apparue récemment, depuis les présidentielles de 2012 : les Verts roses, inféodés au Parti socialiste pour obtenir un poste ou le conserver. Si cette opposition entre le rouge et le rose a été étouffée lors de la présence de deux écolos institutionnels au gouvernement, le départ de Duflot et Canfin a sonné la recomposition du parti. Comme l’explique un article du MONDE**, il y a désormais les « écologistes réalistes » sous le regard bienveillant du Parti socialiste (Verts roses) et les partisans d’une alternative à gauche (Verts rouge). En clair, Jean-Vincent Placé qui veut toujours devenir ministre de François Hollande et Cécile Duflot qui se positionne déjà à gauche toute avec les frondeurs pour les présidentielles 2017.
L’ensemble de l’article du MONDE n’a pas un mot pour les Verts verts… qui risquent pourtant d’obtenir une majorité relative lors du prochain congrès. La sensibilité écologique s’est diffusée dans l’ensemble de la population française, les citoyens en ont marre de ces querelles d’appareil entre apparatchiks ; l’image de JV.Placé comme d’ailleurs celle de C.Duflot est très mauvaise dans l’opinion publique. Sur Mediapart***, une récente tribune des « Ecologistes atterrés », tous encartés à EELV, se prononce pour une « écologie autonome et loin du politique circus ». Ils veulent « défendre la nature, la faune, la flore et les êtres humains qui en font partie plutôt que des grands projets inutiles et imposés (aéroports, lignes ferroviaires, barrages, centrales nucléaires, etc.) ? » Pour eux « l’essentiel, c’est notre vie en commun sur Terre »… Ils condamnent le pseudo-réalisme de l’alliance avec un parti productiviste signé Valls, ils refusent une écologie gauchisante qui ne peut plus savoir où la gauche se situe. En bref les Verts verts voudraient faire entendre leur voix. Il est plus que temps que le parti écologiste devienne vraiment écologiste, tous les indicateurs de la planète sont au rouge !
* texte de Michel Sourrouille, Ma tentative d’écologiser la politique
** LE MONDE du 19 décembre 2014, Les « écolos réalistes » en grande manoeuvre
De la part de Jean-Joseph
Les « Verts noirs ». au sens anar du terme, y’en a pas à EelV, mais plein dans la mouvance Ecolos, les « Zadistes », les « Totos », descendants du groupe de Tarnac, les « écolos casseurs » qui font le chou gras de nos « camarades roses »… Faudra vivre les luttes avec eux, mieux vaudrait les comprendre…..
Ce retour des anars écolos vient du fait que les « révolutionnaires » radicaux sont incapables d’imposer leur parole et leurs actions…
Puisqu’on parle du loup noir aux yeux rouge sang, y’en a encore qui parlent de « gauchistes », au niveau du mouvement Ecolo, nous sommes habitués dans la lutte à Nddl ou sur toutes les luttes contre les projets inutiles, dans les Territoires en Transition ou à Alternatiba, nous sommes habitués à bosser ensemble dans l’action et nous nous respectons, EelV, PG, Ensemble, Objecteurs ou Décroissants. C’est le « mouvementisme », le fait que nous construisons l’avenir dans le quotidien, ou dans la lutte.
À propos de Jean-Vincent Placé, JVP pour les intimes
Il faut vraiment être à poil en interne du parti, à moins de 15%, et encore avec les fausses cartes, pour en être réduit à voir son avenir politique avec Jean-luc Bennahmias et son Front démocrate qu’on voit mal survivre à 2017, et deux partis imaginaires, CAP 21 de Corinne Lepage qui n’existe que par sa présidente à vie, et Génération écologie dont la dernière action mentionnée sur son site, à la rubrique « Vie du mouvement », est la présence à une cantonale partielle en 2008, et dont le président, Yves Pietransanta, se déclarait « Fréchiste » du vivant de Georges Frèche !!!