Une équipe de chercheurs internationaux a forgé dans Nature en 2009 la notion de « limite planétaire ». Leurs travaux identifiaient les seuils-limite à ne pas franchir pour éviter que « le système-Terre ne bascule dans un état très différent [de l’actuel], probablement bien moins favorable au développement des sociétés humaines ». Vendredi 16 janvier 2015 la même équipe identifie quatre limites déjà franchies ou en cours de dépassement*.
– Sur le front du climat, les auteurs estiment que la concentration atmosphérique de dioxyde de carbone (CO2) ne doit pas dépasser une valeur située quelque part entre 350 parties par million (ppm) et 450 ppm. La teneur moyenne actuelle est d’environ 400 ppm, soit au beau milieu de la ligne rouge. L’objectif des deux degrés de réchauffement, fixé par la communauté internationale comme limite à ne pas dépasser, représenterait déjà des risques significatifs pour les sociétés humaines partout sur Terre.
– Les auteurs estiment que la diversité du vivant peut s’éroder à un rythme de 10 espèces par an sur un capital d’un million, sans impacts majeurs pour les société humaines. Cette limite est largement dépassée par le taux d’érosion actuel, 10 à 100 fois supérieur.
– Le changement rapide d’usage des sols est, lui aussi, globalement hors limite. Les chercheurs estiment ainsi qu’il faudrait conserver 75 % de couvert forestier dans les zones auparavant forestières ; au niveau mondial, le taux moyen actuel est estimé à tout juste un peu plus de 60 %.
– La quatrième limite franchie est la perturbation des cycles de l’azote et du phosphore qui assurent la fertilité des sols agricoles. Ces perturbations sont principalement causées par l’utilisation excessive d’engrais et la mauvaise gestion des effluents des exploitations animales. Les phosphates naturels, qui servent à produire les engrais phosphatés, ont été recensés en 2014 par la Commission européenne comme faisant partie des 20 matières premières critiques, et c’est la seule qui concerne directement les questions de sécurité alimentaire.
Voici ci-dessous un graphique** qui explicite l’obligation pour l’humanité de se situer entre en plancher social et un plafond environnemental. L’économie ne peut qu’être écologique sauf à nous conduire au désastre… Soyons plusieurs millions dans les rues pour l’exiger.
* LE MONDE du 17 janvier 2015, La planète a dépassé certaines de ses limites
** Vivement 2050 ! (Programme pour une économie soutenable et désirable)
éditions les Petits matins, 232 pages, 14 euros
« Quand les djihadistes nous menacent de l’apocalypse, ils ne semblent pas s’apercevoir qu’une autre apocalypse nous menace pour laquelle ils n’ont le plus petit début de réponse. S’il faut défiler en masse, ce devrait être pour affronter la mutation écologique. »
Bruno Latour (LE MONDE du 20 janvier 2015)
« Quand les djihadistes nous menacent de l’apocalypse, ils ne semblent pas s’apercevoir qu’une autre apocalypse nous menace pour laquelle ils n’ont le plus petit début de réponse. S’il faut défiler en masse, ce devrait être pour affronter la mutation écologique. »
Bruno Latour (LE MONDE du 20 janvier 2015)