LeMonde du 16.09.2008 nous met enfin face aux réalités présentes: « Le système financier américain s’efforce d’éviter un cataclysme ». Après moult péripéties liées à la crise des subprimes, c’est maintenant la faillite de Lehman Brothers, née en 1850, qui constitue la plus importante de toute l’histoire financière américaine. Dans un contexte historiquement jamais connu de forte interconnexion à l’échelle internationale, cette banqueroute peut signifier le risque d’un effondrement général.
Le même numéro du Monde analyse justement le livre du jour, « La vérité sur la crise financière ». Son auteur, le spéculateur George Soros, estime que la crise financière qui sévit depuis plus d’un an illustre la perversité des marchés boursiers : la vérité des prix n’existe pas, il n’y a que manipulation. Une bulle formée par des crédits de plus en plus gagés sur du vent ne peut connaître en bout de course qu’une explosion finale.
Ce krach financier n’est pour moi que le début d’une longue succession de crises en chaîne. Il suffit de se rappeler LeMonde du 29.04.2008 (supplément économie) qui intitulait son dossier : « Le XXIe siècle face à un choc d’une nature exceptionnelle ». L’avalanche des mauvaises nouvelles traduit la simultanéité de crises de nature et d’origine différentes et leurs interactions. La crise globale possède des aspects à la fois financiers, monétaires, économiques, alimentaires, énergétiques et écologiques. On commence à se souvenir des pronostics du Club de Rome en 1972 sur les limites de la croissance. Ce qui était à l’époque mon livre de chevet va dorénavant nourrir les cauchemars de tous ces politiques qui ont laissé faire les financiers. Mais certains économistes enfermés dans leurs certitudes se rassurent encore : « Nous n’affrontons pas pour le moment de crise radicale ». Pour le moment…